19/08/2025
Page d'histoire: LES RELATIONS RDC-ANGOLA.
Patrice Lumumba fait la connaissance d'Holden Roberto à Accra
On peut dire que les relations entre les deux États commencent au mois de décembre 1958, lors de la Conférence des peuples africains organisée à Accra par le président du Ghana Kwamé N'Kruma. En effet, participant à cette Conférence, Patrice Emery Lumumba, président du MNC (Mouvement National Congolais), rencontre plusieurs personnalités africaines, qui vont d'ailleurs faire évoluer sa pensée politique. Sekou Touré (Guinée Conakry), Félix-Roland Moumié (Cameroun), Julius Nyerere (Tanzanie), Kenneth Kaunda (Rhodesie du Nord; Zambie), Joshua Nkomo et Robert Mugabe (Rhodesie du Sud; actuel Zimbabwe). Et pour l'Angola, Patrice Lumumba fait la connaissance d'un certain Joseph Gilmore, qui sera plus connu sous son pseudonyme de Holden Roberto.
Patrice Lumumba soutient le MPLA
Devenu premier ministre du Congo Indépendant en 1960, Patrice Emery Lumumba va apporter son aide aux angolais, leur pays étant encore sous domination portugaise, en leur accordant l'asile politique et un soutien matériel et financier. C'est ainsi que le MPLA (Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola), fondé en 1956 à Luanda, dirigé par le Dr Agostinho Neto est installé à Kinshasa. Le Dr Neto est, par ailleurs, employé comme médecin à l'hôpital de Kitambo.
Holden Roberto quitte le MPLA
En 1961, le MPLA va connaître une scission. Roberto Holden va créer l'UPA (Unions des Populations de l'Angola). Devenu premier ministre après le Conclave de Lovanium en 1961, Cyrille Adoula va tenter en vain de réconcilier le MPLA du Dr Neto et l'UPA de Roberto Holden. La divergence porte essentiellement sur le fait que l'UPA, majoritairement composée des bakongo d'Angola (les bazombo), réclame l'Indépendance des provinces du Nord de l'Angola (provinces habitées par les bakongo).
Le MPLA s'installe à Brazzaville
Le 15 août 1963, un mouvement de contestation politique dépose du pouvoir l'abbé Fulbert Youlou, président du Congo-Brazzaville et installe Alphonse Massamba-Débat comme nouveau président de la République. Étant de tendance socialiste comme le nouveau régime de Massamba-Débat, le Dr Agostinho Neto et ses camarades du MPLA traversent le fleuve et s'installent à Brazzaville où ils sont bien accueillis.
L'UPA devient le FNLA
Notons aussi que, en 1962, en vue d'élargir sa zone de recrutement, l'UPA va se transformer en FNLA (Front National de Libération de l'Angola).
Après son accession au pouvoir en 1965, le nouveau président congolais, Joseph-Desiré Mobutu va poursuivre cette ligne politique et diplomatique, tracée par Patrice Lumumba, de soutien aux opposants angolais installés au Congo.
Jonas Savimbi crée l'UNITA à Kinshasa
De Kinshasa où il est installé avec ses camarades, un cadre du FNLA va partir, en 1965, en formation à l'académie militaire de Nankin, en Chine de Mao Zedong. Ce cadre s'appelle Jonas Malheiro Savimbi. Après sa formation, il revient au Congo et crée une dissidence du FNLA qu'il considère comme un mouvement tribaliste des bakongo, lui-même étant de l'ethnie Ovimbundu du Sud de l'Angola. Il crée en 1966 l'UNITA (Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l"Angola).
Kinshasa parie sur le FNLA, Brazzaville sur le MPLA
De 1965 à 1974, la situation politique et diplomatique reste inchangée dans la région. Le pouvoir socialiste de la République Populaire du Congo, de Massamba-Débat à Marien Ngouabi, apporte son soutien au MPLA d' Agostinho Neto et le pouvoir pro-occidental de la République Démocratique du Congo, des 1er ministres Cyrille Adoula et Moïse Tshombe au président Joseph-Désiré Mobutu, continu de soutenir le FNLA d'Holden Roberto. Quant à l'UNITA, Jonas Savimbi a quitté Kinshasa et s'est installé dans le Sud de l'Angola où il bénéficie du soutien de l'Afrique du Sud.
Le coup d'État de Lisbonne
La donne va changer en 1974. En effet le 25 avril 1974, des militaires portugais font un coup d'État à Lisbonne en renversant le régime du dictateur Salazar. C'est la " Révolution des oeillets ". Fatigués des guerres coloniales que le régime de Salazar mene depuis 1961, les portugais acclament les meneurs du coup d'État qui envisagent d'accorder l'Indépendance à l'Angola. C'est ainsi que le 15 janvier 1975, le Portugal signe les Accords d'Alvor avec les trois mouvements angolais: le MPLA, le FNLA et l'UNITA. Le principe de l'indépendance pour le 11 novembre 1975 est accepté par tous. En attendant, il faut former un gouvernement d'union nationale. Mais la mise en œuvre de ces accords pose problème.
Le gouverneur Coutinho et les Accords de Cosa
Dans l'optique de favoriser le MPLA, le gouverneur général de l'Angola, l'amiral Rosa Coutinho parraine la conclusion des Accords de Cosa du 17 décembre 1974 entre le mouvement d'Agostino Neto et les ex-gendarmes katangais exilés en Angola et qui s'étaient mis au service des autorités coloniales portugaises. Leur organisation s'appelle FLNC (Front de Libération Nationale du Congo). Leur président est le général Nathanaël Mbumba. Le FLNC s'engage à soutenir militairement le MPLA dont la branche armée, les FAPLA (Forces Armées Populaires pour la Libération de l'Angola) n'est pas très consistante.
Le président Mobutu décide d'envoyer des troupes en Angola
A l'approche de la date de l'Indépendance, le MPLA d'Agostino Neto s'installe à Luanda et y chasse les représentants du FNLA. Le président Mobutu, qui mise sur la prise du pouvoir de son allié Holden Roberto et son FNLA, décide d'envoyer des troupes en Angola. L'objectif est de chasser le MPLA de Luanda et d'installer Holden Roberto comme président de la République. Dans cette opération, le président Mobutu bénéficie du soutien des occidentaux, en particulier les États-unis d'Amérique. C'est ainsi qu'on trouve dans cette coalition pro FNLA des militaires zaïrois, des mercenaires occidentaux, des militaires sud-africains, des agents de la CIA et évidemment des militaires angolais d'Holden Roberto. Très rapidement, ces forces vont occuper 4 provinces du Nord-ouest de l'Angola: Zaïre, Uige, Cuanza Norte et Bengo. La coalition se met en route maintenant pour aller libérer la capitale Luanda. Arrivée à Cal, la coalition décide de donner l'assaut de Luanda le 10 novembre 1975, la veille de la proclamation de l'indépendance de l'Angola.
L'UNITA attaque vers le sud de l'Angola
10. L'UNITA de Jonas savimbi décide aussi, avec l'appui de l'armée sud-africaine, d'aller libérer Luanda de l'emprise du MPLA. Mais, cs sont les troupes du FNLA et les militaires zaïrois qui arrivent en premier aux portes de Luanda. L'UNITA est à 200 km de la capitale angolaise, en venant du Sud.
Le MPLA et son leader Agostinho Neto n'ont pas une armée capable de contenir l'offensive des militaires congolais. Combien de temps le régime du MPLA va-t-il tenir avant l'entrée des éléments de la Division Kamanyola dans Luanda ?
A suivre !
Par Thomas Luhaka Losendjola
Passionné d'histoire
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Les photos. 1. Dr Agostinho Neto. 2. Roberto Holden. 3. Jonas savimbi. 4. Maréchal Mobutu Sese Seko.