
30/06/2025
📝 ᴘᴇʀᴛᴇ ᴅᴇ ʟ’ᴀᴄᴛᴇ ᴅᴇ ʟ’ɪɴᴅᴇ́ᴘᴇɴᴅᴀɴᴄᴇ ᴅᴇ ʟᴀ ʀᴅᴄ : ϙᴜᴇʟ ʜᴇ́ʀɪᴛᴀɢᴇ ᴘᴏᴜʀ ᴅᴇᴍᴀɪɴ ?
Depuis le 30 juin 1960, date de son accession à la souveraineté, la République démocratique du Congo (RDC) se trouve dans un étonnant paradoxe : ᴏɴ ɴᴇ ʀᴇᴛʀᴏᴜᴠᴇ ᴛᴏᴜᴊᴏᴜʀs ᴘᴀs ʟ’ᴀᴄᴛᴇ ᴏʀɪɢɪɴᴀʟ ᴅᴇ ʟ’ɪɴᴅᴇ́ᴘᴇɴᴅᴀɴᴄᴇ. Au-delà de la simple disparition matérielle, c’est une question de mémoire nationale qui se pose : quelle marque laisserons-nous aux générations futures ?
ʜɪsᴛᴏʀɪϙᴜᴇ ᴇᴛ ᴇɴᴊᴇᴜx ᴀʀᴄʜɪᴠɪsᴛɪϙᴜᴇs
Le professeur Bob Bobutaka Bateko, Archiviste et Professeur congolais, considère les archives comme “l’âme” et la “boussole” d’une nation. Il lance un cri d’alarme : les archives nationales congolaises souffrent d’un manque chronique de conservation: condition incontournable pour garantir la souveraineté et l’intégrité historique d’un pays.
ʟᴇ ᴍʏsᴛᴇ̀ʀᴇ ᴅᴇ ʟ’ᴀᴄᴛᴇ ᴘᴇʀᴅᴜ
Selon Bob Bobutaka, l’une des anomalies remonte à la signature de l’acte en 1960. En effet, le Premier ministre belge aurait signé à la place de Patrice Lumumba, provoquant un mélange des versions et la disparition subséquente de la copie destinée aux Congolais.
Dans son ouvrage Congo‑Kinshasa et Congo‑Brazzaville… (Edilivre, 2017), il précise que seuls quatre signataires étaient habilités : deux Premiers ministres (Eyskens, Lumumba) et deux ministres des Affaires étrangères (Wigny, Bomboko).
ᴄᴏɴsᴇ́ϙᴜᴇɴᴄᴇs sᴜʀ ʟᴀ ᴍᴇ́ᴍᴏɪʀᴇ ɴᴀᴛɪᴏɴᴀʟᴇ
Delphin Bateko Moyikoli, également expert en archivistique, souligne que la perte de ce document prive le pays de repères historiques cruciaux, tout en fragilisant la transmission d’un héritage clairement authenticable .
Bob Bobutaka rappelle qu’“un pays sans archives bien traitées est semblable à un navire sans boussole”, et qu’après 65 ans la RDC continue d’évoluer sans ses fondations documentaires .
ᴀᴘᴘᴇʟs ᴀ̀ ʀᴇ́ғᴏʀᴍᴇs ᴇᴛ sᴏʟᴜᴛɪᴏɴs sᴛʀᴜᴄᴛᴜʀᴇʟʟᴇs
Pour endiguer cette hémorragie mémorielle, le professeur Bateko propose plusieurs pistes :
• L’informatisation et numérisation légiférées des archives officielles.
• Valorisation du métier d’archiviste, trop souvent marginalisé en RDC.
• Engagement politique fort, afin de restaurer la priorité accordée aux archives nationales dans la gouvernance.
La disparition de l’acte de l’indépendance dépasse le cadre administratif : c’est un épuisement symbolique de l’identité nationale. Comme le résume Bob Bobutaka : « les archives constituent la mémoire d’un pays », et leur absence laisse la RDC sans repère, naviguant à vue .
Restaurer cet acte, ou au moins en reconnaître officiellement la perte et en produire des copies dignes de ce nom, constituerait un premier pas vers la reconstruction d’un récit national cohérent
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