30/03/2025
CRI D'ALARME DU SYNDICAT DES EMPLOYÉS DU SYSTÈME NATIONAL DE FORMATION PROFESSIONNELLE, LE SESNFP DANS UNE LETTRE OUVERTE AU CONSEIL PRÉSIDENTIEL DE TRANSITION....
*SYNDICAT DES EMPLOYÉS DU SYSTÈME NATIONAL DE FORMATION PROFESSIONNELLE (SESNFP)*
*Port-au-Prince, le lundi 24 mars* *2025*
*LETTRE OUVERTE*
*À l’attention des Membres du Conseil Présidentiel de Transitionde la République d’Haïti*
*Objet* : Urgente mise à jour sur la crise de l’INFP
*Honorables membres du Conseil Présidentiel de Transition,*
Haïti est un pays en agonie. Son peuple est las, épuisé d’attendre une aube nouvelle qui tarde à se lever. La jeunesse, cet espoir fragile d’un lendemain meilleur, est sacrifiée sur l’autel de l’indifférence et du laisser-faire. Pendant que l’insécurité physique et alimentaire consument notre nation, une autre forme d’insécurité, insidieuse et tout aussi meurtrière, gangrène un pilier fondamental du redressement national *: le système de formation professionnelle.*
_Le Syndicat des Employés du Système National de Formation Professionnelle (SESNFP)_ vous a maintes fois alertés sur l’état désastreux de *l’Institut National de Formation Professionnelle (INFP),* un organe essentiel, censé être le microprocesseur du marché du travail haïtien, la clé de voûte de l’émancipation économique et sociale de notre jeunesse. Ce qui devait être un bastion du savoir-faire et un moteur d’opportunités s’est mué en un repaire de corruption, d’incompétence et de violations systématiques des droits des employés.
Au sein de l’INFP, la corruption endémique règne en maître. Les abus de pouvoir sont légion, et ceux qui osent dénoncer mettent leur vie en péril. L’insécurité interne y est une réalité quotidienne : employés menacés, pressions exercées sur ceux qui refusent de se plier aux dérives administratives, harcèlement sous toutes ses formes. Les promotions sont illégales et se font sur la base de la militance politique plutôt que sur la compétence, réduisant ainsi à néant toute motivation professionnelle.
Le leadership est inexistant, l’institution livrée aux mains de dirigeants incapables de vision, de rigueur ou de sens du devoir. Ce qui devrait être un lieu d’apprentissage et de transmission des savoirs est aujourd’hui un théâtre de pillage administratif, où les décisions sont dictées non par l’intérêt national mais par des accords occultes, où le népotisme écrase le mérite, où l’arbitraire est devenu la norme.
*Pourquoi ce silence du CPT ?*
Le Système National de Formation Professionnelle aurait dû, dès votre arrivée au pouvoir, figurer parmi vos priorités aux côtés de la sécurité. Pourtant, presque un an après votre installation, _rien n’a changé._
Le SESNFP, animé par un profond sens du devoir et du patriotisme, n’a pas hésité à jouer sa part, à vous transmettre des recommandations claires, à formuler des propositions concrètes et même à vous soumettre le profil d’un candidat compétent pour diriger l’INFP et sortir l’institution de l’ornière.
À notre grand étonnement, malgré les cris de détresse des employés, malgré l’angoisse d’une jeunesse dont l’avenir est pris en otage, _vous n’avez pas bougé._
Malgré tout, nous voulons croire que vous êtes des hommes et des femmes d’État intègres, dotés d’une conscience et d’une vision, capables de résister aux influences néfastes et de prendre *les décisions qu’exige l’urgence nationale.*
C’est pourquoi nous réitérons, encore une fois, notre appel à des actions rapides, concrètes et irréfutables. Nous ne demandons pas une nomination de convenance mais un choix basé sur la compétence, l’intégrité et la volonté de redresser l’INFP. Un choix qui ne doit ni être politique, ni financier, ni amical, mais _un choix dicté par l’intérêt suprême de la nation._
Car gouverner, c’est avoir le courage de briser les chaînes du clientélisme. C’est comprendre qu’il ne peut y avoir de redressement national sans une réforme en profondeur du système de formation professionnelle, qui est l’un des piliers de la sécurité nationale.
Nous savons que l’insécurité est votre priorité, et nous vous en félicitons. Mais nous vous rappelons aussi que l’INFP est devenu un lieu de terreur pour ses propres employés, qui sont menacés, harcelés, parfois même mis en danger de mort pour avoir osé demander mieux.
Ceux qui se battent encore au sein de l’institution le font parce qu’ils croient que *ce pays mérite mieux.* Mais comment croire encore en Haïti lorsqu’un organe censé être un espoir pour la jeunesse devient un enfer où même ses employés n’osent plus mettre les pieds ?
C’est bien cette jeunesse, abandonnée, trahie, qui devient à la fois l’instrument de l’insécurité et sa victime.
*Haïti n’a plus de larmes à verser. Elle se vide de son sang, de ses forces vives, de ses rêves, de ses ressources.* L’heure n’est plus aux intérêts personnels ni aux petits arrangements politiques.
L’heure est venue pour des décisions héroïques, sans précédent, courageuses. Réhabiliter la Formation Technique et Professionnelle (FTP), c’est offrir une dernière chance aux rêves qui s’effacent de renaître.
*Nos yeux sont sur vous.*
Nous attendons une réaction immédiate et décisive. L’histoire retiendra si, face à cette urgence, vous avez choisi l’inaction et la compromission ou si vous avez su incarner l’espoir d’un pays en détresse.
Dans l’attente d’une réponse concrète et digne de la responsabilité qui est la vôtre, nous vous remercions d’ores et déjà de votre engagement et vous saluons patriotiquement.
Pour le SESNFP :
M. Fenson ANTOINE,
Secrétaire général, a.i.
Prof. Jean Marie P. LEVEILLE,
Président
M. Désinor BASTIEN,
Responsable Juridique/Porte-parole
M. Hérold Charles CIVIL, Vice-Président