02/07/2025
Le Point Salé
Un choc culturel ?
Il y a bien des chances que si je dis « Pollyanna », seules mes contemporaines me comprendront, oui, c’est un nom que les moins de septante ans ne peuvent pas connaître. Quelle ne fut pas ma surprise, il y a quelques jours quand j’entendis une jeune femme turque s’écrier : « Ah, comme Pollyanna ! ». Les bras m’en sont tombés « Vous connaissez Pollyanna ? ».
Comme par hasard, deux jours plus t**d, je vois le livre « Pollyanna et le jeu du contentement » dans l’armoire à livres du parking. Probablement laissé là par une dame qui avait dû débarrasser la bibliothèque de sa grand-mère. Je l’ai conseillé à un jeune papa du même pays : « Vous connaissez Pollyanna ? ». « Bien sûr, mais ça ne marche pas toujours ». Sa fille le lira-t-elle ? Je ne suis pas certaine que ce genre de littérature ait du succès ici aujourd’hui.
J’ai appris un peu plus t**d que l’expression « Tu es une Pollyanna » est courante à Istanbul, elle signifie « tu es une irréaliste », une bécasse, en quelque sorte. Pour les jeunes qui n’ont pas lu cette histoire, oh combien édifiante, Pollyanna était une orpheline à qui son père avait dit avant de mourir qu’il y avait toujours un bon côté à tout événement et qu’il fallait le chercher. Je trouve encore que c’est un bon truc pour supporter les aléas de la vie.
Quelques décennies plus t**d, quelques milliers de kilomètres plus loin, tout a changé ; Pollyanna est une héroïne trop naïve, un peu cruche, dommage. Trouver de bons côtés dans la situation mondiale actuelle, ce n’est pas gagné. Mais je n’ai jamais pensé que le truc du papa concernait l’univers tout entier. Pour moi, il était bon pour les déceptions, les frustrations quotidiennes, et ça fonctionne souvent, je l’avoue.
Mais j’ai eu beau, l’autre jour, chercher le bon côté, je ne l’ai pas trouvé. C’était un dimanche matin à Rennaz (pas un dimanche avec accidents de ski), avec une connaissance qui voulait aller aux urgences, à mon avis pour rien.
Ah ! Pollyanna, pendant ces cinq heures d’attente, j’ai pensé à toi, en vain.
Encore une illusion de perdue…
Texte : Une brebis galeuse
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