
13/05/2025
Je m’appelle Sylvie .
Après huit ans de mariage sans enfant, j’ai enfin accouché. Un petit garçon. Un miracle.
Toute la famille était en joie. Les appels, les cadeaux, les visites… et puis, un matin, ma tante Pauline est arrivée du village.
Elle est la sœur de mon père. On ne l’avait pas vue depuis des années. Elle m’a serrée dans ses bras avec force et m’a dit :
“J’ai senti dans mes os que l’enfant était arrivé. Il faut que je le touche, que je le bénisse.”
Au début, j’étais touchée par son attention. Elle chantait des prières bamiléké le matin, versait de l’eau au pied du manguier, parlait au bébé dans une langue .
Mais au fil des jours… mon fils a commencé à changer.
Il ne me regardait plus. Il fixait le plafond, les yeux vides. Et chaque fois que ma tante sortait de la chambre, il se mettait à pleurer, comme si son absence le libérait.
Un jour, elle a demandé à passer la nuit seule avec lui dans ma chambre. Mon instinct m’a hurlé non, mais je n’ai pas osé. Je ne voulais pas paraître impolie.
Cette nuit-là, j’ai fait un rêve.
Je voyais une rivière noire, et ma tante marchait dedans, avec mon bébé dans ses bras. Derrière elle, des femmes en blanc chantaient un cantique étrange, et une voix me murmurait :
“Si tu la laisses partir avec lui, tu ne reverras jamais ton enfant tel qu’il est.”
Je me suis réveillée en sursaut.
Quand j’ai ouvert la porte de ma chambre, j’ai vu ma tante assise au sol, le bébé allongé devant elle, entouré de cendres, de feuilles et de petits ossements. Elle psalmodiait quelque chose.
J’ai crié. Mon mari a accouru. Elle s’est levée et a crié à son tour :
“Je voulais juste lui ouvrir les yeux du monde ! Vous ne comprenez rien ! Il était à moi !”
Nous l’avons mise dehors, immédiatement.
Mais elle est partie en riant. Un rire creux. Un rire qui résonne encore dans ma tête.
Depuis ce jour, mon fils va bien… mais il parle seul. À 3 mois. Il rit sans raison, parfois dans le noir. Et chaque fois que je prononce le nom de Pauline, il se fige… et il sourit.
Je ne sais pas ce qu’elle a fait.
Je sais juste qu’elle n’était pas venue pour moi. Ni pour me féliciter. (Photo illustration)