15/06/2025
𝗟𝗼𝗿𝘀 𝗱𝘂 𝘃𝗲𝗿𝗻𝗶𝘀𝘀𝗮𝗴𝗲 𝗱𝘂 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗩𝗲𝘃𝗲𝘆 𝗔𝗹𝘁𝗲𝗿𝗻𝗮𝘁𝗶𝗳, 𝗾𝘂𝗶 𝘀’𝗲𝘀𝘁 𝗱𝗲́𝗿𝗼𝘂𝗹𝗲́ 𝗲𝗻 𝗮𝘃𝗿𝗶𝗹 𝗱𝗲𝗿𝗻𝗶𝗲𝗿 𝗮𝘂 𝗧𝗵𝗲́𝗮̂𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹'𝗢𝗿𝗶𝗲𝗻𝘁𝗮𝗹-𝗩𝗲𝘃𝗲𝘆, 𝗬𝘃𝗲𝘀 𝗖𝗵𝗿𝗶𝘀𝘁𝗲𝗻 𝗾𝘂𝗶 𝗹’𝗮 𝗽𝗿𝗲́𝗳𝗮𝗰𝗲́, 𝗮 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗲𝘅𝘁𝘂𝗮𝗹𝗶𝘀𝗲́ 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗽𝘂𝗯𝗹𝗶𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗾𝘂𝗶 𝗿𝗲𝗹𝗮𝘁𝗲 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗲́𝗿𝗶𝗼𝗱𝗲-𝗰𝗹𝗲𝗳 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝘃𝗶𝗹𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗩𝗲𝘃𝗲𝘆 𝗱𝗼𝗻𝘁 𝗶𝗹 𝗲́𝘁𝗮𝗶𝘁 𝘀𝘆𝗻𝗱𝗶𝗰 𝗮̀ 𝗹’𝗲́𝗽𝗼𝗾𝘂𝗲.
«Si je suis particulièrement ému ce soir, c’est, me suis-je dit, que j’ai pris 35 ans d’âge depuis l’époque où tous ces faits se sont déroulés et que cela m’incite à penser que tout était mieux avant.
Le 25 novembre 1989, deux semaines après la chute du mur de Berlin, je m’en souviens bien, je suis élu syndic de Vevey, même si cet évènement n’y est pour rien. Mais il a marqué les esprits jusque dans notre petite cité et il a apporté un vent nouveau.
C’est une f***e période qui commence alors pour moi et pour la ville. Pour moi, parce que je mesure cette responsabilité de devoir dorénavant me préoccuper du sort de toutes les Veveysannes et Veveysans après une lutte féroce qui opposait la gauche et la droite. Un peu plus d’une année après mon entrée en service, la situation économique se dégrade dans notre pays et en particulier à Vevey qui connaît une mutation brutale de ses activités économiques. De grandes entreprises veveysannes, les ACMV, Rinsoz-Ormond, Säuberlin, Klausfelder, industries manufacturières, arrêtent leur production ou quittent Vevey. Il s’en suit un chômage plus important encore que lors de la grande crise des années 30. Vevey, ville encore ouvrière, bat le record suisse du taux de chômage à 13%, 1500 chômeurs. C’est la grande déprime. Elu capitaine de beau temps, je me retrouve dans la tempête.
C’est dans ce marasme qu’émergent dans des lieux propices dans des friches artisanales et industrielles, des groupes d’artistes, de créateurs, considérés comme marginaux, les acteurs de ce que l’on appelait la culture alternative ou la contre-culture. La Municipalité qui panse les plaies reconnait et soutient ce mouvement sans toutefois lui donner les moyens de se développer vraiment. Ils n’en n’ont cure et je vis alors en les côtoyant une époque importante de ma vie.
Je dois vous lire ici pour que vous compreniez bien ce qui s’est passé, la déclaration de Bernard Blatter Directeur du Musée Jenisch à l’occasion de l’exposition de 1997, « Libre regard sur la scène artistique veveysanne ». Que des artistes considérés jusqu’ici par la « bourgeoisie cultivée » de marginaux, reçoivent une telle reconnaissance de la part de celui-là même qui la représentait, c’était une petite révolution.
Voici le texte que je vous lis in extenso.
𝙈𝙖𝙞𝙨 𝙦𝙪’𝙖𝙪𝙟𝙤𝙪𝙧𝙙’𝙝𝙪𝙞, 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙥𝙚𝙩𝙞𝙩𝙚 𝙫𝙞𝙡𝙡𝙚 𝙙’𝙚𝙣𝙫𝙞𝙧𝙤𝙣 15’000 𝙝𝙖𝙗𝙞𝙩𝙖𝙣𝙩𝙨, 𝙞𝙡 𝙨𝙤𝙞𝙩 𝙥𝙤𝙨𝙨𝙞𝙗𝙡𝙚 𝙙𝙚 𝙧𝙚𝙣𝙘𝙤𝙣𝙩𝙧𝙚𝙧 𝙖𝙪𝙩𝙖𝙣𝙩 𝙙’𝙚̂𝙩𝙧𝙚𝙨 𝙦𝙪𝙞 𝙥𝙤𝙪𝙧𝙨𝙪𝙞𝙫𝙚𝙣𝙩, 𝙚𝙩 𝙘𝙚 𝙨𝙤𝙪𝙫𝙚𝙣𝙩 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙙𝙚𝙨 𝙘𝙤𝙣𝙙𝙞𝙩𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙙𝙚 𝙜𝙧𝙖𝙣𝙙𝙚 𝙥𝙧𝙚́𝙘𝙖𝙧𝙞𝙩𝙚́ 𝙢𝙖𝙩𝙚́𝙧𝙞𝙚𝙡𝙡𝙚, 𝙪𝙣𝙚 𝙧𝙚𝙘𝙝𝙚𝙧𝙘𝙝𝙚 𝙦𝙪𝙞 𝙩𝙚𝙣𝙙 𝙖̀ 𝙘𝙤𝙢𝙥𝙧𝙚𝙣𝙙𝙧𝙚, 𝙤𝙪 𝙥𝙚𝙪𝙩-𝙚̂𝙩𝙧𝙚 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙚𝙣𝙘𝙤𝙧𝙚 𝙖̀ 𝙥𝙤𝙨𝙚𝙧, 𝙡𝙚𝙨 𝙦𝙪𝙚𝙨𝙩𝙞𝙤𝙣𝙨 𝙚𝙨𝙨𝙚𝙣𝙩𝙞𝙚𝙡𝙡𝙚𝙨, 𝙫𝙤𝙞𝙡𝙖̀ 𝙦𝙪𝙞 𝙥𝙧𝙚̂𝙩𝙚 𝙖̀ 𝙧𝙚́𝙛𝙡𝙚́𝙘𝙝𝙞𝙧,
𝘿𝙖𝙣𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙚́𝙥𝙤𝙦𝙪𝙚 𝙤𝙪̀ 𝙡𝙚𝙨 𝙫𝙖𝙡𝙚𝙪𝙧𝙨 𝙥𝙧𝙤̂𝙣𝙚́𝙚𝙨 𝙣𝙚́𝙜𝙡𝙞𝙜𝙚𝙣𝙩 𝙙𝙚 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙚𝙣 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙡’𝙝𝙤𝙢𝙢𝙚, 𝙘𝙚𝙨 𝙖𝙧𝙩𝙞𝙨𝙩𝙚𝙨 𝙘𝙝𝙤𝙞𝙨𝙞𝙨𝙨𝙚𝙣𝙩 𝙙𝙚 𝙘𝙤𝙣𝙨𝙖𝙘𝙧𝙚𝙧 𝙡𝙚𝙪𝙧 𝙚𝙭𝙞𝙨𝙩𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙖̀ 𝙙𝙚́𝙣𝙤𝙣𝙘𝙚𝙧 𝙘𝙚𝙩𝙩𝙚 𝙖𝙗𝙨𝙪𝙧𝙙𝙞𝙩𝙚́, 𝙚𝙩 𝙩𝙚𝙣𝙙𝙚𝙣𝙩 𝙚𝙣𝙘𝙤𝙧𝙚 𝙖̀ 𝙣𝙤𝙪𝙨 𝙧𝙚́𝙘𝙤𝙣𝙘𝙞𝙡𝙞𝙚𝙧 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝙡𝙚 𝙢𝙤𝙣𝙙𝙚… 𝙑𝙤𝙞𝙡𝙖̀ 𝙙𝙚𝙨 𝙧𝙖𝙞𝙨𝙤𝙣𝙨 𝙙’𝙚𝙨𝙥𝙚́𝙧𝙚𝙧.
Je reviens sur cette époque. Les circonstances politiques sont telles, que je décide petit à petit de m’affranchir des partis politiques et de me rapproche de ces jeunes qui délivrent un autre message que celui de politiciennes et politiciens traditionnels de quelque bord qu’ils soient. Cela m’a permis d’entrer dans un monde que je ne connaissais pas, loin de la politique et de l’économie et cela m’a marqué. Je vous le dis sincèrement, cela a changé ma vie, de bon radical comme on disait à cette époque, je me suis recentré, puis éloigné des doctrines partisanes. Aujourd’hui je suis presque devenu militant ou activiste pour des causes environnementales, sociales, féministes ou humanistes. Je trouve donc un sens aux dernières années de ma vie. Et c’est à vous que je le dois. C’est pourquoi l’émotion me saisit au moment de dire merci à celles et ceux qui m’ont permis cette évolution et dont plusieurs sont parmi nous.
Mes remerciements vont à l’auteur bien sûr pour ses recherches systématiques, pour la malice de son travail, à Curchod, mémoire iconographique de la Riviera, et aux éditeurs yverdonnois, des gens du Nord qui ont accepté de sortir assez loin de leur rayon géographique et culturel.»
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