26/02/2025
Floby officiel de retour de la RCI : « On se bat comme on peut pour que notre musique voyage »
Le 9 février 2025, l’artiste musicien Burkinabè Floby investissait le Palais de la Culture d’Abidjan à la faveur un concert géant. 5 000 âmes ont répondu présent et la messe a été dite selon les organisateurs. Notre reporter est allé à sa rencontre à l’aéroport International de Ouagadougou le 24 février de retour de retour de la Côte d’Ivoire. Le « Baba National » comme on le surnomme est revenu sur son séjour, l’esprit du concert et les péripéties d’un tel projet évènementiel. Entretien exclusif.
Tes fans au Burkina Faso t’attendaient impatiemment. Quel bilan peux-tu nous dresser de ton séjour en terre ivoirienne ?
Merci Hervé David HONLA pour l’intérêt que tu portes à ma modeste personne et surtout à l’ensemble de la Culture Burkinabè. Nous n’aurons jamais de mots pour te remercier. Ce n’est pas la première fois que la Côte d’Ivoire m’accorde un si grand intérêt. Je dirais que c’est une énième fois, car je ne connais pas le nombre fois que je suis venu faire des spectacles. Toujours est-il que mes concerts se passent bien en Cote d’Ivoire. C’est un bilan positif et tout le monde a dû le constater à travers les réseaux sociaux et les différents témoignages.
Qui a organisé ce concert à Abidjan ?
Le concert a été organisé par YES Communication. YES Communication c’est Yodé et Siro. Ce sont les mêmes personnes qui m’avaient invité en 2009 avec Zougnazagmda, Sissao. En 2021, j’avais été une fois de plus invité par la même structure, le succès était total. Cette année encore c’est YES Communication a reconduit le projet et cette fois-ci c’était uniquement moi seul. Pour cette année, l’évènement était exceptionnel car l’enjeu de ce concert était panafricain. J’ai mobilisé presque tout le monde : à la fois les burkinabè et les ivoiriens et mêmes les autres communautés.
Au regard de la situation politique assez sensible qui prévaut entre les deux pays, est-ce que tu as été victime de gestes ou de propos malveillants ou vindicatifs ?
Jamais ! Jamais ! Pendant mon concert j’ai dit : « La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, nous sommes liés par le sang. Tout ce qui concerne le sang est inlavable ! ». J’ai passé vingt (20) jours en Côte d’Ivoire, je n’ai jamais été conspué, ni rejeté encore moins abominé. Jamais ! Dans la rue j’étais interpellé gentiment, on me prenait en photo, je faisais des selfies à tout bout de champ. Il fallait des Body Guard pour m’encadrer car tout le monde voulait me serrer la main. Ce n’est pas seulement les burkinabè, c’est surtout nos amis ivoiriens, maliens, guinéens… qui m’accordaient un grand intérêt. En dehors d’Abidjan, j’ai été à Assinie, Doropo, Kalamon et c’était toujours la même ferveur. Je me suis senti au Burkina Faso, je vous assure ! Même lors des contrôles routiers je n’avais jamais été interpellé. Quand la police s’approchait pour jeter un coup d’œil dans le véhicule, quand elle remarquait que c’était moi, elle me laissait passer avec des mots gentils. J’ai été très bien traité en Côte d’Ivoire.
Une fois atterrit à l’Aéroport International de Ouagadougou, tu t’es dirigé sur la désormais très célèbre RUE DES ETOILES sur Kwamé N’Krumah. Pourquoi tu as tenu à y aller immédiatement ?
On m’a rendu hommage étant vivant. C’est normal que je rende aussi hommage à ceux-là qui ont eu l’idée de m’honorer à ce point. A mon jeune âge, avoir une stèle sur la plus belle avenue de mon pays, c’est émouvant. Me considérer comme celui qui fait partie des Etoiles, c’est plus qu’un honneur. Faire partie de ces monuments d’Afrique, c’est plus fort que moi ! J’en suis profondément heureux. Il fallait bien que je m’arrête un instant. C’est une bénédiction, une reconnaissance pas seulement pour le Burkina Faso, mais pour toute l’Afrique. Même si je meurs demain, le Burkina Faso et l’Afrique se rappelleront de moi. Parmi les 140 personnalités, mon nom y figure ! Vous n’imaginez pas quelle émotion cela me fait. Je profite de votre journal pour remercier l’Académie des Sotigui.
Nous sommes en plein FESPACO. Quel est le sentiment qui t’anime en ce moment en voyant que ton pays est si fréquentable à cette biennale ?
Je voyais les images de cet évènement en Côte d’Ivoire et j’avais hâte d’y venir et de participer. Je suis de retour et je touche et je constate des yeux que Ouagadougou et le Burkina Faso vibrent au rythme du FESPACO. Je suis fier et je remercie l’ensemble des autorités et des acteurs qui sont en train d’œuvrer afin que cette 29è soit un franc succès. Il y a deux ans de cela, c’est moi qui faisais l’ouverture et cette année, tout se passe bien. C’est pour dire le Burkina Faso est un pays résilient qui restera toujours debout.
Je ne pourrais pas finir cet entretien sans aborder cette question : Pourquoi quand tu voyages pour des grands concerts de ce genre, tu ne prends pas avec toi quelques journalistes ?
C’est un débat ! Sur le plan international en toute honnêteté, notre industrie musicale chancèle. Les conditions dans laquelle nous partons jouer hors du Burkina Faso sont lamentables ! Généralement, nous allons pour faire souvent des premières parties parfois et pour la plupart c’est à nos frais. La réalité est difficile mais parfois, on se voile le visage pour dire que tout va pour le mieux. Mais sincèrement c’est difficile. Nous savons qu’en invitant, Hervé HONLA, Marius Diessongo, Tibiafouga Madiega, Jacky El Feno etc. ça peut nous apporter beaucoup. Mais, les conditions sont au-dessus de nos moyens. Sinon payer un billet d’avion à un journaliste pour m’accompagner en Côte d’Ivoire, ce n’est pas une dépense de trop. Mais il n’y a pas de moyens ! On se bat comme on peut pour que notre musique voyage à l’extérieur mais sincèrement, nous n’avons pas de moyens. Nous sommes laissés à nous même ! Personne ne nous aide. Par exemple, le gouvernement pouvait prendre en charge les billets d’avions et l’hébergement de certains journalistes. Ça nous aiderait aussi car parfois nous sommes à court de budget et les cachets de nos spectacles ne peuvent pas tout couvrir. Si je vous dis combien de sous je suis rentré de mon retour de la Côte d’Ivoire, vous n’allez pas me croire. On se bat ! Je remercie Monsieur le Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme qui m’a passé un coup de fil en Côte d’Ivoire pour m’encourager et me donner des conseils. Ça me fait plaisir que l’autorité garde un œil sur ma carrière.
✍🏼LECHAT! Hervé David Honla