04/08/2024
EXCELLENCE ÉTAIT UN TRAFIQUANT INTERNATIONAL D'ARMES ET DE DROGUE
Le 29 janvier 2009, un article choc paraissait dans Abidjan net. Le titre : «Scandale au sommet de l'Etat : Un conseiller de Gbagbo pris avec de la drogue. » Le concerné, Jaber Faouzi de nationalité ivoirienne a immédiatement nié les faits. Dans une interview accordée au même organe de presse, il déclarait le lendemain ne pas savoir de quoi il s'agit et il affirmait n'avoir jamais été arrêté par la police, puis relâché, comme la presse l'annonçait. Et surtout cette cabale, selon lui, le mettait en danger : « J'ai trop peur pour ma sécurité. Et je suis sûr que j'irai plus t**d porter plainte contre X au commandement de la gendarmerie de Cocody et demander une protection. Et même tout à l'heure en venant dans vos locaux, j'ai reçu l'appel de quelqu'un qui me demandait où j'étais. » A la question de savoir s'il était effectivement un conseiller du président Gbagbo, il a répondu : « Je suis un chargé de mission et je travaille sans faire de bruit. Mais en même temps quand je pose des actes courageux, on doit me féliciter et non me détruire. » Cette affaire est demeurée sans suite et M. Faouzi s'est fait discret jusqu'en 2014 ou on a de nouveau entendu parler de lui.
Cette année là, un ivoirien a plaidé coupable devant un tribunal américain pour avoir offert son soutien à des agents infiltrés de la DEA se faisant passer pour des membres de la guérilla colombienne des FARC. Cet homme c'est Jaber Faouzi, 61 ans au moment de son procès, connu à Abidjan dans les milieux d'affaires sous le pseudonyme « Excellence. » Il a reconnu les faits et plaidé coupable devant un tribunal fédéral de New York le 25 juillet 2017 pour complot en vue d'organiser un trafic d'armes et de drogue en soutien aux forces armées révolutionnaires de Colombie, FARC. Et comme les États-Unis considèrent les FARC comme une organisation terroriste, il a également été condamné pour tentative de soutien à un mouvement terroriste. 15 ans de prison, une peine relativement clémente et après avoir purgé sa peine, il sera déporté en Côte d'Ivoire, en janvier 2027. Cette sentence aurait pu être beaucoup plus lourde si le condamné n'avait pas répondu favorablement à l'offre de la DEA et de la CIA de collaborer. En effet, Faouzi, proche du Hezbollah, aurait facilité la libération d'otages occidentaux enlevés au Liban et en Irak. Les deals sont des pratiques courantes dans le système judiciaire américain.
Dans le rapport du procès disponible sur le site Casetext, il est précisé que Jaber Faouzi a rencontré à plusieurs reprises à Abidjan et Accra des agents travaillant pour la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis qui se faisaient passer pour des membres des FARC. Lors de ces réunions, Jaber a présenté des éléments matériels qui seront pour lui à charge prouvant qu'il était impliqué dans du trafic international de cocaïne et d'armes. Il a promis d'aider le groupe de guérilla à obtenir des armes, dont des missiles sol air, à aider à faire passer de la drogue en Afrique via Abidjan et à blanchir de l'argent par la suite. Jaber a été arrêté en avril 2014 par les autorités de la République tchèque agissant à la demande des États-Unis pour sa capture et son extradition. L'homme qui disait en 2009, la main sur le cœur, avoir peur pour sa sécurité, était en réalité celui dont il fallait avoir peur. La DEA qui avait au départ projeté, comme elle le fait quelquefois, de l'élever à Abidjan sans tenir compte de la souveraineté territoriale ivoirienne, avait estimé l'opération risquée, car M. Faouzi, alias « Excellence » , était considéré comme un homme dangereux, et ultra protégé; aussi le capturer loin de ses bases a été l'option choisie.