21/09/2025
REFERENDUM EN GUINEE : UNE FORTE AFFLUENCE DES ELECTEURS
Malgré l’appel au boycott de l’opposition, les Guinéens ont voté en nombre sur le projet de nouvelle Constitution, affirmant leur volonté de sortir de la transition militaire.
Entre ceux qui souhaitent ardemment le retour des civils au pouvoir et d’autres soutenant le chef de la junte, Mamadi Doumbouya, et sa potentielle candidature à une future présidentielle, les Guinéens ont voté en nombre, ce dimanche 21 septembre, sur le projet de nouvelle Constitution, affirmant leur volonté de sortir de la transition militaire.
Conakry était à l’arrêt ce dimanche matin, et les rues quasi désertes. Les quartiers étaient quadrillés par un important dispositif de sécurité, dont des blindés montés de mitrailleuses et des barrages de policiers contrôlant les véhicules.
Espéré depuis des années par la population et la communauté internationale, ce référendum ouvre une séquence électorale clé dans le pays, dirigé par le général Mamadi Doumbouya, 40 ans, depuis qu’il a renversé le président civil élu Alpha Condé en 2021.
Malgré l’appel au boycott de l’opposition – qui accuse la junte de vouloir se maintenir au pouvoir à travers cette nouvelle Constitution –, une certaine affluence a été constatée dans le centre aisé de Conakry, mais aussi dans plusieurs quartiers plus populaires.
« On veut une présidentielle transparente »
Venus en masse dans le quartier de Kaloum, les électeurs s’impatientaient même dans la file d’attente du bureau de vote installé dans l’école Boulbinet. Ahmad Diallo, 23 ans, étudiant, plaisante avec ses amis après avoir voté. « C’est ce que tout le monde attend : avoir la paix, et on veut que la transition se termine », dit ce jeune électeur. Depuis la prise de pouvoir des militaires, « c’est calme, ça se passe bien dans le pays et on aime ça ».
Malgré la présence de forces de sécurité aux abords du bureau de vote et la campagne écrasante pro-oui depuis des semaines, Fodé Fofana, 44 ans ne cache par son constat mitigé. « On veut en finir avec la transition là, c’est pas bon pour la Guinée… On veut une élection présidentielle transparente et avoir un président civil », confie-t-il, avant d’ajouter : « Sur le plan international, les militaires c’est pas bon pour la Guinée. » Regard fatigué, ce patron d’un atelier de réparation d’électroménager indique « ne pas avoir vu d’améliorations significatives » dans son quartier depuis 2021.
En début de matinée, le général Mamadi Doumbouya est venu voter en compagnie de son épouse et d’un de leurs enfants dans l’école Boulbinet. Celui qui fait de rares apparitions en public portait une tenue décontractée. Il a voté sans faire de déclarations, à distance des journalistes tenus à l’écart.
La campagne pour le « oui » au référendum a été ostentatoire à travers le pays, à grand renfort d’affiches à l’effigie du chef de la junte. Celle du « non » a été quasi inaudible, du fait de la chape de plomb qui s’est abattue en Guinée sur les voix dissidentes. Dans ce contexte, l’opposition a appelé les Guinéens à rester chez eux, dénonçant une « mascarade électorale ».
Si elle est adoptée, cette Constitution remplacera la « Charte de la transition », établie par la junte après le coup d’État et qui interdisait notamment à ses membres de se présenter aux élections. Or cette interdiction ne figure plus dans le projet de Constitution, ouvrant la voie à une candidature du général Doumbouya.
Retour à l’ordre constitutionnel
Les autorités ont annoncé des élections présidentielle et législatives en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel avant la fin de cette année, mais n’ont toujours pas avancé de date. Nombre d’électeurs expliquent avoir voulu venir voter en faveur de cette Constitution afin d’avancer sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel, mais sans cacher leurs craintes sur une éventuelle candidature à une présidentielle de Mamadi Doumbouya.
Dans un bureau de vote du quartier défavorisé de Hamdallaye, une responsable syndicale de 72 ans s’exprimant sous couvert d’anonymat confie son tourment : « Je suis venue car j’ai toujours voté, c’est un devoir, et il faut mettre fin à la transition militaire. »
Mais elle qualifie la campagne référendaire de « campagne présidentielle » : « Ça n’a pas été une campagne sur une Constitution, la propagande a été trop forte… Vous avez vu les blindés, les armements, les pick-up : c’est pour une Constitution ça ? Non, c’est pour effrayer les gens. »
Dans le reste du pays, le vote se déroule dans le calme. L’affluence est contrastée selon les régions, et est notamment moins importante à Faranah (centre-est). Quelque 6,7 millions de Guinéens, sur environ 14,5 millions d’habitants, sont appelés aux urnes jusqu’à 18 heures (locales et GMT). Les résultats provisoires officiels sont attendus à partir de mardi soir.
JEUNE AFRIQUE avec AFP
PHOTOS : JEUNE AFRIQUE / TV5MONDE AFRIQUE
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