21/07/2025
Soro Guillaume Kigbafori
𝐋𝐔𝐌𝐄𝐍 𝐒𝐈𝐓
RHDP-CAPCI : LE VRAI-FAUX DIALOGUE VOULU PAR UN POUVOIR SOUCIEUX DE GÉRER SA COMMUNICATION POLITIQUE.
𝙋𝙖𝙧 𝙈𝙞𝙘𝙝𝙚𝙡 𝙕𝙧𝙖𝙣𝙠𝙖𝙮𝙚𝙪 𝘿𝙄𝙊𝙈𝘼𝙉𝘿𝙀
Il fallait s’y attendre. Le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) au pouvoir, fidèle à sa stratégie de la roublardise politique, tend hypocritement une main qui caresse d’un côté, et serre le poing de l’autre. Sa récente rencontre avec la CAPCI (Coalition pour l'Alternance Pacifique en Côte d'Ivoire) s’inscrit dans une longue tradition ivoirienne : celle d’un dialogue tronqué, convoqué non pour résoudre les crises, mais pour neutraliser les adversaires. On nous parle de "dialogue républicain", mais derrière les formules figées, il y a une réalité brutale : le pouvoir ne dialogue pas, il gère sa communication.
Le théâtre du simulacre démocratique.
Qui peut honnêtement croire qu’un régime qui radie les principaux opposants de la liste électorale, verrouille la Commission Électorale Indépendante (CEI), instrumentalise la justice contre ses adversaires et criminalise toute contestation cherche véritablement à construire un dialogue politique sincère ? Cette rencontre RHDP–CAPCI n’est ni un tournant, ni une avancée : c’est une opération de façade, destinée à envoyer un signal de bonne volonté à la communauté internationale, à diviser l’opposition, et à faire oublier la dérive autoritaire qui gangrène les institutions ivoiriennes.
Le piège de la cooptation politique.
Dans cette configuration, le vrai danger pour l’opposition, ce n’est pas le régime, c’est la tentation d’y croire. La cooptation est le levier favori du pouvoir : intégrer quelques visages d’opposants pour neutraliser toute dynamique collective. Créer l’illusion de concertation pour mieux enterrer l’exigence de rupture. Les Ivoiriens ne veulent pas d’un dialogue sans lendemain. Ils veulent des résultats :
- la réintégration des candidats exclus (comme Guillaume Soro, Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam etc.)
- la libération des prisonniers politiques.
- la réforme de la CEI et des garanties constitutionnelles pour 2025.
Tout le reste n’est que diversion.
Une opposition digne et debout.
La CAPCI a une responsabilité historique. Soit elle incarne l’espoir démocratique d’une alternance crédible, soit elle devient l’otage consentante d’un régime en perte de légitimité. Le pouvoir cherche à gagner du temps, à affaiblir les résistances, à diluer les voix fortes dans un faux consensus. L’opposition, elle, doit se tenir unie, ferme et claire. Elle ne doit participer à aucun processus sans contreparties nettes. Elle ne doit plus se contenter d’être "consultée", mais doit imposer ses exigences avec le soutien des bases militantes et de la Société civile.
Ce qui se joue, ce n’est pas un dialogue : c’est la démocratie elle-même.
La Côte d’Ivoire est à un tournant crucial. Le pouvoir a montré qu’il était prêt à tout pour conserver le contrôle : manipuler les lois, instrumentaliser la justice, museler les médias, et semer la division. Mais face à cela, les Ivoiriens, et particulièrement la jeunesse, ont ouvert les yeux. Ils ne veulent plus de façade, de compromis creux ou de réunions feutrées. Ils veulent un vrai débat, des institutions crédibles, une élection transparente pour des choix libres.
Le dialogue n’est pas une faveur, c’est une exigence démocratique. Si le pouvoir veut dialoguer, qu’il commence par respecter ses adversaires. Et si la CAPCI veut incarner l’alternative, qu’elle refuse d’être instrumentalisée. Le dialogue ne peut pas être une mise en scène au profit d’un pouvoir qui piétine les règles. Ce n’est pas à l’opposition de quémander la démocratie, c’est au régime de la garantir.