02/11/2025
MUXI 2025 : UN BAROMETRE POUR LES ÉLÉPHANTS
Le rideau est tombé sur Wuxi 2025, dans la province côtière de Jiangsu en Chine, où s'est déroulée la 27ème édition du championnat du monde de Taekwondo, du 24 au 30 octobre. 991 athlètes dont 7 ivoiriens (hommes et dames), issus de 180 fédérations ou associations membres, 2 équipes neutres et 1 équipe de réfugiés y ont pris part. Au lendemain de ce championnat du monde qui a battu tous les records d'affluence, quel regard peut-on porter sur la prestation des ivoiriens qui s'en tirent avec une médaille d'argent, synonyme d'une place de vice-champion et une 13è place honorable ?
D'entrée de jeu et avant de porter un regard critique sur la prestation de nos athlètes, il est à mentionner que les éléphants n'ont pas été ridicules. A bien analyser les combats, à froid, il est évident que nos pachydermes ont donné le meilleur d'eux-mêmes, nonobstant des obstacles techniques(équipements de compétition), psychologiques pour certains et découverte de compétitions d'envergure mondiale pour d'autres. Un facteur aussi important qui joue pour les nôtres, raison pour laquelle l'on n'a pas à rougir des résultats, c'est que la majorité des athlètes qui ont vaincu les ivoiriens au 2è tour, ont été sacrés champions du monde de leurs catégories. Entre déceptions, confirmations et révélations, l'espoir demeure pour autant puisque Muxi 2025 a offert à la Côte d’Ivoire une vitrine internationale pleine d’enseignements.
L' équipe nationale, conduite par l’expérimentée Ruth Gbagbi (-67kg), était composée, chez les dames, de Nouria Amena Roscane Djé (-62 kg), Ruth Gbagbi (-67 kg), double médaillée olympique, Kimi Laurène Ossin (-73 kg), l’étoile montante du taekwondo ivoirien, et Astan Katherine Féghé Bathily (+73 kg); quand chez les hommes figuraient Issa Diakité (-63 kg), Ariel Ephraïm Yao Abongni (-74 kg) et Médéric Emmanuel Désiré A. Angaman (-87 kg). Elle a été coachée par L'entraîneur principal Thierry Koné, assisté de Amy Doumbia avec l'apport de Me Latté Lawson, choisi par Ruth.
CONFIRMATION
Ossin Laurène, par la médaille d’argent qu'elle a remportée, s'est offert la place de vice-championne du monde à 17 ans et pour sa première participation au mondial des seniors. Une brillante performance qui confirme tout le bien que l'on pense du Taekwondo ivoirien sur la scène mondiale. Notons que la vice-championne du monde a conservé son encadrement technique qui la suit depuis le debut de sa carrière. Un atout important qui permet à l'athlète de surmonter les obstacles tant psychologiques, tactiques que techniques.
POINTS A RELATIVISER
L'un des espoirs de l'équipe ivoirienne à ce championnat du monde est bien Ruth Gbagbi. Grande icône du Taekwondo ivoirien, l'athlète la plus titrée de Côte d'Ivoire, a été éliminée, dès le 2è tour, tout comme plusieurs autres représentants de la Côte d’Ivoire. Cette élimination continue de susciter des interrogations, non sur la forme de l'athlète, à 31 ans, mais bien plutôt sur son mental. La double championne du monde et double médaillée olympiques est-elle rongée par des problèmes personnels au point que cela puisse atténuer ses performances ? Ruth est-elle victime du changement intempestif d'entraineurs ?
Soulignons que ces éliminations n'altèrent en rien la qualité intrinsèque des athlètes, tombés les armes à la main. Car, c'est un mérite d'avoir été sorti par celui qui est devenu champion du monde de la catégorie.
Cependant, il est à noter que les adversaires des ivoiriens auraient été prenables si les nôtres avaient su profiter des failles, des limites, des erreurs techniques et tactiques commises.
Notons également que la prestation des ivoiriens est appréciable au regard du niveau très élevé de la compétition.
ENSEIGNEMENTS ET PERSPECTIVES
Au sortir de Muxi 2025, il ressort que les performances individuelles et collectives démontrent que la Côte d’Ivoire a les moyens de rivaliser avec les grandes nations. mais que le chemin vers la régularité sur le podium passe par une préparation technique et mentale renforcée, ainsi que des échanges internationaux plus fréquents.
De quoi constituer une somme d' expériences qui valorise nos athlètes et inspire les jeunes générations à s’engager dans le Taekwondo, tout en offrant à la fédération des axes clairs pour améliorer la formation, le suivi et la stratégie de compétition.
En somme, Muxi 2025, malgré quelques doutes, espoirs et déceptions, a été un baromètre important pour jauger la qualité du travail effectué en interne. Confirmant les talents que la Côte d’Ivoire possède, sous le management du président Jean Marc YACÉ. Un vivier de solide et capable de briller sur la scène mondiale. Une aubaine pour la fédération qui doit désormais capitaliser sur ces enseignements en vue de préparer des missions encore plus ambitieuses, et viser les médailles aux prochains rendez-vous internationaux. Car, Los Angeles 2028, c'est maintenant.
Pamphile Kablancan
Pdt Co-Com FITKD.