19/07/2025
Kalilou Coulibaly recadre sèchement le député européen Michael Gahler qui s'est invité dans le débat politique ivoirien sans en maîtriser les contours et la situation réelle du terrain.
Contribution
Michael Gahler, euro député, rangez vos 8 millions € : la démocratie ivoirienne n’est pas à vendre !
Michael Gahler, député européen en quête de nobles causes à géométrie variable, s’est récemment offert un coup d’éclat : exiger des mesures contre la Côte d’Ivoire pour avoir respecté ses propres lois électorales.
Ironie cruelle d’un homme qui, en 2010, chantait les vertus des textes taillés sur mesure par le régime de Yadema au Togo, au nom de la « stabilité institutionnelle ».
A Lomé, l’argument servait à justifier l’injustifiable. A Abidjan, la légalité devient soudain un crime de lèse-majesté diplomatique.
Une démocratie sans béquille, ça dérange Michael Gahler
Ce n’est donc pas la légitimité qu’interroge Michael Gahler, mais l’indépendance.
Pourtant la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara n’a rien quémandé. Elle a bâti, seule, une architecture électorale solide, issue d’un dialogue politique inclusif.
La Côte d’Ivoire a pris en main son destin électoral en mobilisant, sur fonds propres, un budget de 130 millions d’euros pour organiser ses élections. Un processus souverain, encadré par ses institutions, sans faire appel à des observateurs sous contrat ni à des mécènes fatigués de leur propre morale.
C’est bien là le véritable crime aux yeux de certains comme Michael Gahler : une démocratie qui ne se loue pas, qui ne quémande pas. Une démocratie qui s’assume, libre et inachetable.
Deux récits, un même déni de cohérence
Mais Michael Gahler n’est pas à une contradiction près. Ce qui était tolérable à Lomé devient inacceptable à Abidjan. Hier, en 2010, il applaudissait des scrutins verrouillés au nom de la paix.
Aujourd’hui, en 2025, il s’insurge contre l’application d’une loi électorale ivoirienne qui exige simplement que tout candidat soit électeur. Le droit, dans sa bouche, se transforme selon l’adresse du destinataire. Son indignation n’est pas morale, elle est géopolitique.
Le devoir avant le droit : la leçon oubliée
La crédibilité de sa posture s’effondre dans cette gymnastique rhétorique. Car défendre les droits humains suppose d’abord de respecter les règles qui les encadrent. Dans toute République, le droit ne vaut que par le devoir qui le précède.
Or ceux que Gahler prétend protéger aujourd’hui, sont justement ceux qui ont trahi leur devoir : celui de participer loyalement au processus, de respecter les institutions, de s’inscrire dans la République plutôt que de l’accuser quand elle les rattrape.
Une posture critique à géométrie néocoloniale.
Une vraie posture critique exigerait nuance, rigueur, et discernement.
Elle impliquerait de distinguer entre la forme et l’usage, entre l’instrumentalisation et l’institution.
Mais chez Michael Gahler, la critique semble calibrée à l’export, prête à l’emploi dès qu’un pays africain ose affirmer sa souveraineté sans se faire bénir par Bruxelles ou Strasbourg.
La Côte d’Ivoire : debout, libre et sans facture
Ce n’est pas la démocratie ivoirienne qu’il défend, c’est la tutelle qu’il regrette. A travers cette tutelle , il y a l’idée que certains peuples ne peuvent être libres sans permission.
Mais la Côte d’Ivoire a fait son choix.
Elle votera debout, sans crainte ni caution.
Sans tutelle.
Sans tremblement.
Sans télécommande.
Surtout, sans les 8 millions d’euros agités comme une corde de rappel.
Sous Alassane Ouattara , la démocratie ne se négocie plus.
Elle se vit.
Se finance.
S’impose comme chez vous.
Elle reste debout, libre, sans facture à rembourser .
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur.