08/05/2025
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Léon XIV : Le choc du silence, la force d’un choix
Au moment où j’écris ces mots, je suis en route pour Bibey. J’ai interrompu mon rythme quotidien – pour vivre ce moment historique. Ce n’était pas un événement que l’on pouvait ignorer. Rome a retenu son souffle. Le monde également. Puis, à 18h07, la fumée blanche. Le choc : un nom inattendu. Un visage inconnu du grand public. Une élection éclair. Un choix radical : Léon XIV.
C’est l’histoire d’un homme que rien ne prédestinait à la plus haute charge de l’Église, sinon sa fidélité inébranlable, son humilité et sa constance dans l’ombre. Le cardinal Robert Francis Prevost, 69 ans, d’origine américaine, religieux augustin, ancien missionnaire au Pérou, n’était pas dans les listes des papabili. Et pourtant, au quatrième tour, les cardinaux l’ont élu. Un choix qui révèle la profondeur cachée sous une discrétion bien plus significative que l’éclat des noms plus médiatisés.
Jusqu’à aujourd’hui, il présidait le Dicastère pour les évêques, l’un des postes les plus stratégiques et exigeants de la Curie romaine. C’est là qu’il façonnait, avec patience et rigueur, les futurs pasteurs du monde entier. Homme de terrain, homme de dossiers, homme d’Église. Une autorité tranquille, peu médiatique, mais d’une respectabilité profonde dans les cercles romains.
Ce conclave a été fulgurant. Deux jours seulement, quatre tours de scrutin. Un rythme qui rappelle l’élection de Benoît XVI en 2005 ou de Pie XII en 1939. Si rapide soit-il, il n’est pas le plus court de l’histoire, certains papes ayant été élus en quelques heures, comme Jules II en 1503. Cependant, cette élection se distingue par sa clarté, son consensus rapide et l’ampleur du discernement qui a conduit les cardinaux à un choix mûri et spirituel.
Le premier geste de Léon XIV en tant que pape a été un silence. Son premier mot : « Paix ». Pas de programme, pas de révolution annoncée. Au contraire, une direction limpide : une Église comme refuge, médiatrice de paix, levain dans la pâte du monde. Il a tendu la main aux peuples en guerre, aux pauvres, aux exclus, aux cœurs fatigués. Une parole forte, mais mesurée, qui ne cherche pas l’effervescence, mais l’authenticité.
Léon XIV. Un nom puissant. Un clin d’œil assumé à Léon XIII, le pape de la doctrine sociale de l’Église. Un choix qui résonne profondément dans un monde traversé par les inégalités, les tensions identitaires et les dérives autoritaires. Ce nom sonne comme une boussole, une direction claire dans des temps où l’Église doit se redéfinir. Ce pontificat pourrait bien marquer le retour aux fondamentaux : l’Évangile comme boussole, le peuple comme horizon, la vérité comme service.
En Léon XIV, l’Église semble avoir trouvé bien plus qu’un chef. Elle a trouvé un pasteur enraciné, un homme qui écoute plus qu’il ne parle, un pontife qui incarne la paix dans un monde fracturé. Il n’est pas un homme de stratégie, mais de profondeur.
Le choc de ce soir, c’est celui de la discrétion qui l’emporte. De la profondeur sur l’apparence. De la paix sur la stratégie. En lui, une promesse. Une promesse que, même dans le silence, la paix peut triompher. En cette année jubilaire, c’est plus qu’un symbole : c’est une véritable espérance renouvelée.
✍🏽 : Ayissi Lambert
📸 : Vatican News