
06/08/2025
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Le Grand Pare-feu Chinois : un modèle stratégique pour l'Afrique numérique ?
✨ Introduction
Du haut de mon modeste parcours d'ingénieur africain, j'ai vu naître et mourir de nombreuses entreprises prometteuses portées par de jeunes rêveurs : réseaux sociaux, solutions de paiement, moteurs de recherche… Des idées innovantes, originales, qui pourtant n'ont pas survécu à la compétition écrasante des géants mondiaux. Trop souvent, les rêves se brisent contre un mur déjà dressé : celui de Google, Meta, Microsoft, Amazon, etc.
Je me suis toujours demandé : comment espérer concurrencer ces mastodontes sur mon propre territoire, dans mon pays, ma région, mon continent ?
Récemment, j'ai étudié le modèle chinois et sa stratégie de protection de son espace numérique : le célèbre "Grand Pare-feu de Chine" (Great Firewall).
Cet article est une invitation à la réflexion, un voyage vers une idée ambitieuse : et si l'Afrique s'en inspirait pour bâtir son propre univers numérique ?
🔒 Le Grand Pare-feu : un levier de souveraineté numérique
Souvent décrit par les Occidentaux comme un outil de censure, le Grand Pare-feu chinois est surtout une épine dorsale stratégique. Il permet à la Chine de :
• Bloquer les services étrangers (Google, Facebook, Twitter…)
• Contrôler l'accès à l'information
• Favoriser les solutions locales
• Projeter ses champions numériques (Baidu, Alibaba, Tencent, Huawei)
• Protéger les jeunes contre les contenus toxiques
Bilan : la Chine a conservé ses données, bâti ses propres plateformes et imposé ses normes, aujourd'hui elle quasiment le grand géant numérique au monde. Un modèle qui interpelle.
🌎 Une leçon pour l'Afrique : construire notre propre écosystème
L'Afrique souffre d'une présence hégémonique de services venus d'ailleurs. Dès leur naissance, nos startups affrontent des géants mondiaux, dans un combat inégal.
Voici les enseignements que l'Afrique pourrait tirer du modèle chinois :
1. Favoriser les alternatives locales
2. Protéger les citoyens contre les contenus destructeurs
3. Contrôler et héberger les données sur le sol africain
4. Faire émerger des champions africains du numérique
🔐 Comment pouvons-nous mettre en place un pare-feu numérique souverain ?
✅ 1. Définir une vision continentale de la souveraineté numérique
Avant tout, les pays doivent s’accorder politiquement sur le pourquoi :
👉🏾 Protéger les citoyens, favoriser les acteurs locaux, maîtriser les données, renforcer la sécurité.
Cela passe par :
• Des blocs régionaux (CEDEAO, CEMAC, SADC…) qui portent une charte numérique commune. Car au niveau de l’Union Africaine ce sera plus difficile, en terme d’entente et long a mettre en place.
• L’identification claire des services critiques à réguler (réseaux sociaux, moteurs de recherche, hébergements, messageries…).
🏛️ 2. Créer des autorités de régulation numérique puissantes
Chaque bloc régional doit :
• Créer un organisme de cyber souveraineté (ex. : Agence Nationale de Souveraineté Numérique).
• Recruter des experts tech, juridiques, linguistiques et éducatifs.
• Établir des protocoles de filtrage, d’analyse de trafic, et de régulation des flux de données.
🔌 3. Maîtriser les points d’échange Internet (IXP)
💡 En Afrique, beaucoup du trafic Internet passe encore par l’Europe ou les USA.
Les blocs régionaux doivent :
• Développer ou renforcer des IXP régionaux (Il s’agit d’une infrastructure physique où plusieurs fournisseurs d’accès à Internet (FAI), hébergeurs, et services en ligne échangent directement du trafic entre eux, sans passer par des intermédiaires étrangers).
• Centraliser et sécuriser les points d’entrée Internet du territoire.
• Construire un backbone panafricain (il s’agit d’un réseau très haut débit qui relie entre eux les réseaux plus petits, locaux, régionaux, nationaux) pour que le trafic africain reste en Afrique.
📶 4. Déployer une couche logicielle de filtrage et de priorisation
Inspirée du "Great Firewall" mais adaptée (moins répressive mais plus stratégique) :
• Mise en place des pare-feu régionaux intelligents basé sur :
o DNS filtering
o Deep Packet Inspection (DPI)
o Liste blanche/noire de services autorisés/interdits
• Possibilité de :
o Limiter temporairement les plateformes étrangères lors de crise.
o Prioriser le trafic vers les services locaux (réduction des coûts, amélioration des débits). Afin de donner un avantage concurrentiel aux entreprises locales.
🏗️ 5. Stimuler l’écosystème local avant de bloquer
Le pare-feu ne doit pas être punitif dès le départ, mais protecteur et stratégique :
• Subventionner les plateformes locales : cloud, vidéo, réseaux sociaux, messagerie, marketplace…
• Obliger l’usage de services africains dans les écoles, administrations, services publics.
• Inciter les développeurs à créer des alternatives régionales solides.
⚠️ Ce n’est que lorsque l’écosystème local est prêt qu’un filtrage plus strict peut être envisagé.
🛡️ 6. Adopter une réglementation claire & pédagogique
• Proposer une loi sur la souveraineté numérique, définissant :
o Les droits des utilisateurs.
o Les obligations des plateformes étrangères (comme héberger les données localement).
o Les conditions d’accès à l’infrastructure africaine.
🤝 7. Créer une alliance technologique panafricaine avec les différents pôles régionaux
Inspirée de l’Union Européenne avec le RGPD, l’Afrique peut :
• Créer un Marché Unique du Numérique Africain.
• Échanger des technologies open-source.
• Partager des centres de données régionaux.
• Co-développer des outils souverains comme :
o AfriOS (système d’exploitation pour écoles, services publics)
o AfriCloud (cloud souverain)
o AfriDNS (système de nom de domaine contrôlé localement)
🧠 8. Éduquer les citoyens
Sans le peuple, pas de souveraineté numérique durable.
• Campagnes nationales de sensibilisation : données personnelles, désinformation, souveraineté…
• Formation massive de jeunes aux métiers du numérique.
• Introduction de modules sur le numérique africain dans les programmes scolaires.
Avec une IA, j’ai laissé circuler mon imagination. Imaginez une Afrique avec des géants Africains qui nous proposes ces genres de services :
🧠 Intelligence Artificielle (IA)
• UbongoAI (ubongo = cerveau, swahili) : plateforme d'IA africaine pour chatbot, génération de texte, voix et traduction.
• Moya (esprit en zoulou) : IA conversationnelle multilingue formée sur les langues, accents, et contextes africains.
💬 Messageries instantanées
• BantuChat : application de messagerie cryptée intégrée avec des services bancaires, gouvernementaux et communautaires.
• Mbote (salut en lingala) : messagerie multilingue avec traduction automatique des langues africaines.
🧑🏾💻 Chatbots & assistants virtuels
• KoraBot (Kora = instrument traditionnel) : assistant virtuel pour les services publics, santé, éducation.
• Aïcha : chatbot domestique vocal pour maison connectée africaine.
🌐 Moteurs de recherche
• Seka (chercher, swahili) : moteur de recherche intelligent optimisé pour les langues africaines.
• Tumu (connaissance en kikongo) : moteur éducatif axé sur le contenu culturel et scolaire africain.
👥 Réseaux sociaux
• AfriNet : réseau social panafricain basé sur les valeurs communautaires.
• Téko (société en akan) : réseau de partage culturel et familial, multilingue.
• Kwetu (chez nous, en swahili) : réseau centré sur les communautés rurales, diasporas et traditions.
📞 Services d’appels / VoIP
• ZenoCall (zeno = mot inspiré du bantou) : plateforme d’appels audio/vidéo à bas coût, optimisée pour l’Afrique.
• AfriTalk : téléphonie internet chiffrée pour les zones à faible couverture.
☁️ Cloud et hébergement
• NimbaCloud (inspiré du mont Nimba) : cloud souverain pour les entreprises et administrations africaines.
• SaharaDrive : stockage de fichiers chiffré, hébergé en Afrique.
• UbuntuServe : infrastructure cloud basée sur l’open source et la coopération régionale.
💳 Paiement et services financiers
• TungaPay (argent en haoussa) : système de paiement mobile et inter-pays africain.
• EkoMoney (eko = marché en yoruba) : application bancaire inclusive pour zones rurales.
• DaruWallet (daru = monnaie en peulh) : portefeuille numérique lié aux banques locales.
🚕 Transport et mobilité
• WakaApp (waka = marcher/voyager en pidgin) : commande de taxi, moto, bus à la demande.
• TrotroGo (trotro = minibus au Ghana) : plateforme de covoiturage urbain et interurbain.
• SeneCab : appli de VTC et logistique légère.
🛍️ E-commerce & livraison
• SokoAfrik (soko = marché en swahili) : marketplace pour artisans, agriculteurs et commerçants africains.
• DunduMarket (dundu = vivre en wolof) : e-commerce de produits locaux livrés dans toute l’Afrique.
• ZandoGo : plateforme logistique de livraison express entre villes africaines.
🧠 Éducation & e-learning
• MaanaSkills (maana = sens, swahili) : plateforme de formation certifiée en métiers techniques.
• UbongoLearn : vidéos éducatives pour enfants, traductions en langues locales.
• TamTamSchool : plateforme de soutien scolaire communautaire via audio et mini-cours.
🏥 Santé numérique
• AfyaCare (santé en swahili) : carnet de santé numérique partagé entre cliniques et hôpitaux.
• DokitaApp : téléconsultation + orientation médicale.
• Yaaye+ (maman en wolof) : santé maternelle, grossesse, nutrition et vaccination.
📰 Médias & actualités
• VukaNews (réveil en zoulou) : portail d’actualités locales, vérifiées et multilingues.
• Kpakpato (commérage en argot ivoirien) : média populaire de proximité et débats publics.
• TamTamMedia : plateforme de journalisme communautaire (audio, texte, vidéos).
🧾 Services gouvernementaux & e-citoyenneté
• JanguGov (viens, en luganda) : portail national d’administration en ligne.
• WaziVote (transparent en swahili) : système de vote électronique, consultations citoyennes, budget participatif.
• BaobabID : carte d’identité numérique et authentification unique pour tous les services en ligne.
🎮 Jeux vidéo & culture
• NguvuPlay (nguvi = force, swahili) : plateforme de jeux vidéo inspirés des cultures africaines.
• OrikiVerse (oriki = louanges yoruba) : métavers culturel et éducatif africain.
🎭 Arts, culture et patrimoine
• KilimaStory (kilima = montagne en swahili) : bibliothèque numérique des histoires orales africaines.
• AfriLingua : traducteur vocal multilingue pour les langues africaines.
• DjéliHub (djéli = griot mandingue) : plateforme pour conteurs, chanteurs et artistes africains.
Le Grand Pare-feu chinois n’est pas un outil à copier tel quel, mais il est une inspiration stratégique pour l’Afrique. Il prouve qu’un pays (ou un continent) peut prendre son destin numérique en main, protéger ses citoyens, et favoriser ses propres industries.
L’Afrique ne peut pas éternellement dépendre de technologies importées, de plateformes conçues ailleurs et de règles décidées par d’autres. Si un matin Facebook ou WhatsApp bloque l’Afrique, que se passera-t-il ? Il est temps de poser les bases d’un Internet africain, au service de nos valeurs, de nos langues, de nos économies et de notre jeunesse.
Ici s’arrête notre petit voyage, maintenant, la parole est votre : qu’est-ce que vous en pensez ? n’est-il pas possible de mettre en place tout cela, d’un point de vue technique et politique ? Ai-je trop rêvé ?
Ing. Yann TAMBA, Data and Security Analyst