05/11/2025
Dépôts publics, microfinance, énergie… où va réellement l’argent ?
La semaine dernière, un dossier a secoué la place financière de Yaoundé.
La Caisse des Dépôts et Consignations du Cameroun (CDEC) a sommé Afriland First Bank, première banque du pays, de transférer 166 milliards FCFA correspondant à des dépôts publics et consignations judiciaires (source : Investir au Cameroun, 3 novembre 2025).
Derrière ce chiffre, c’est tout un débat qui s’ouvre sur la transparence, la régulation et la souveraineté financière au sein de la CEMAC.
Régulation contre souveraineté
Pour la CDEC, ces fonds relèvent du domaine public et doivent être centralisés sous l’autorité nationale, conformément à la loi camerounaise n°2008/003 du 14 avril 2008 relative aux dépôts, consignations et séquestres judiciaires.
Pour la COBAC, régulateur communautaire basé à Libreville, ces montants sont des dépôts de clientèle soumis à sa supervision, au nom de la discipline régionale.
Cette affaire illustre un tiraillement croissant :
d’un côté, les États veulent contrôler leurs ressources stratégiques ;
de l’autre, les institutions régionales défendent l’unicité du cadre prudentiel pour préserver la stabilité du système bancaire.
Un équilibre fragile, alors même que la dette intérieure du Cameroun a augmenté de plus de 15 % à fin septembre 2025, selon les données du Ministère des Finances et de la Direction générale du Trésor.
Une pression croissante sur le système financier
Ces tensions institutionnelles surviennent dans un contexte de resserrement monétaire.
La BEAC maintient depuis juillet 2024 un taux directeur de 5,25 %, l’un des plus élevés de la dernière décennie, pour contenir l’inflation régionale.
Ce resserrement renchérit le coût du crédit et freine la trésorerie des entreprises.
Pendant ce temps, les banques et microfinances doivent conjuguer rentabilité et rigueur prudentielle :
2 061 milliards FCFA d’actifs pour les établissements de microfinance,
650 milliards FCFA pour les établissements de paiement (+30 %),
et 1,73 milliard d’opérations électroniques réalisées en 2024.
(Source : Rapport annuel COBAC 2024 sur la situation du secteur bancaire et de la microfinance dans la CEMAC.)
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