
15/09/2025
Le choix du gain Facile
Quand le gouverneur mettait en garde le nouveau préfet du Wouri
Au moment de prendre le commandement de la ville de Douala, Mvogo Sylyac Marie avait été prévenu de la nécessité de faire « le choix de l’éthique républicaine et de l’intérêt général » pour éviter les pièges tendus par des administrés qui brandissent des espèces sonnantes et trébuchantes pour assouvir leurs ambitions démesurées.
Place de la Besseke, devenue place du Ngondo, le 06 février 2024. Le gouverneur de la Région du Littoral installe Mvogo Sylyac Marie au poste de préfet du département du Wouri, en remplacement de Benjamin Mboutou. Le nouveau préfet hérite de l’unité administrative la plus sensible du Cameroun. Douala est en effet un chaudron en perpétuelle ébullition, au cœur duquel la mosaïque des cultures et des idées donne parfois du tournis aux administrateurs civils appelés à le manager
Au moment de prendre le commandement, Mvogo Sylyac Marie a été suffisamment prévenu par le gouverneur de la Région du Littoral. Samuel Ivaha Diboua lui a déroulé une feuille de route qui met en exergue les attentes du gouvernement de la République, en même temps qu’elle lui fournit quelques astuces pour éviter les pièges tendus par des administrés animés par le désir d’associer les autorités administratives aux multiples projets mafieux dont la capitale économique a, seule, les secrets.
Le péché de Benjamin Mboutou
Mises en garde, recommandations et conseils ; le gouverneur de la région en a servi au nouveau préfet. Mais il y a un conseil qui a particulièrement retenu l’attention du nombreux public massé à la place du Ngondo : « Je vous recommande fermement de privilégier l’intérêt général qui est la raison d’être de l’Etat que vous représentez et n’est nullement l’agrégation des intérêts particuliers… Si par un fâcheux concours de circonstance, vous faites le choix du gain facile, vous serez peut-être riche, mais il sera fort probable que vous ne soyiez plus préfet.», a martelé Samuel Ivaha Diboua.
Chacun y est allé de son interprétation de ces propos justes qui ne s’accommodent pas de la langue de bois. Pour les habitants de Douala 2 présents à la place du Ngondo, il s’est agi d’une claque administrée au préfet sortant. A tort ou à raison, les gens de New-Bell pensent qu’il ne peut en être autrement. Et pour cause, l’image que laisse Benjamin Mboutou aux newbellois est marquée du sceau de la cupidité. Et c’est dans la gestion du domaine privé de l’Etat, sur lesquelles les populations de New-Bell sont installées depuis des lustres, que l’ex préfet du Wouri aurait péché.
Quelques semaines avant sa mise en retraite, les habitants de New-Bell ont découvert avec stupéfaction que la vente de gré à gré du domaine privé de l’Etat, objet des titres fonciers 3844/W,3927/W, 3950/W et 4192/W, s’était transformée en une vente aux enchères qui ne dit pas son nom, foulant aux pieds le droit de préemption accordé par l’Etat aux occupants légitimes.
A ce propos, l’honorable Emmanuel Pongoh et sa majesté Edouga, chef de 3ème degré du quartier Babylone, n’ont eu que leurs yeux pour pleurer lorsque rendus auprès des services du cadastre, ils découvriront que les terres sur lesquelles sont bâties leurs résidences sont sur le point d’appartenir à de nouveaux acquéreurs.
Benjamin Mboutou a-t-il été débarqué pour désamorcer la bombe sociale qui couvait à New-Bell ? Rien n’est moins sûr. Mais pour les newbellois, le pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, dont a fait allusion le gouverneur dans son discours d’installation, ne pouvait ne pas tenir compte des cris de détresse qu’ils ont commencé à lancer relativement à la vente de gré à gré du domaine privé de l’Etat à Douala 2.
Réforme de la procédure du gré à gré
Le départ de Benjamin Mboutou avait donc été perçu comme une délivrance de l’étau des prédateurs fonciers qui avaient trouvé à la préfecture du Wouri de solides appuis pour faire main basse sur des terres que les occupants légitimes ont du mal à acquérir du fait d’une procédure trop coûteuse qui fait le bonheur des fonctionnaires.
Dans la feuille de route présentée à Mvogo Sylyac Marie, il n’était pas explicitement fait mention de la réforme de la procédure de vente de gré à gré du domaine privé de l’Etat à New-Bell. Mais le nouveau préfet n’a pas t**dé à découvrir cette manne très juteuse. Les prédateurs fonciers n’ont pas hésité à lui faire découvrir leurs appétits pour le foncier. Le gouverneur de la Région du Littoral l’avait pourtant prévenu. Samuel Ivaha Diboua n’est pas passé par quatre chemins pour lui dire qu’il sera soumis à la tentation de « faire le choix du gain facile» au lieu de faire « le choix de l’éthique républicaine et de l’intérêt général ».
C’est pourtant cet intérêt général qui sous-tend la décision de l’Etat du Cameroun de céder ses terres de New-Bell à ceux qui les ont toujours occupées. C’est un acte social et républicain qu’aucun intérêt particulier ou égoïste ne saurait galvauder.
LA VOIX DE NEW-BELL