29/10/2025
🔴 👉🏿 𝗙𝗢'𝗢 𝗦𝗼𝗸𝗼𝘂𝗱𝗷𝗼𝘂 𝗖𝗵𝗲𝗻𝗱𝗷𝗼𝘂 𝗜𝗜 : "𝗘𝘅𝗽𝗿𝗶𝗺𝗲𝗿 𝘃𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗰𝗼𝗹𝗲̀𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗺𝗮𝗻𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗽𝗮𝗰𝗶𝗳𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗲𝘁 𝗼𝗿𝗱𝗼𝗻𝗻𝗲́𝗲 𝗺𝗲 𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗽𝗼𝗿𝘁𝗲𝘂𝗿 "
Pauvre Cameroun !!!!
Ce pays pour lequel j’ai tout donné depuis 1955… Je pleure, les larmes descendent dans mon ventre, car j’estime qu’il mérite mieux.
Ces dernières heures, j’ai l’impression que mon pays est entré dans une phase tumultueuse de son histoire, et c’est très déplorable.
Tout d’abord, je voudrais m’incliner devant la mémoire de ces Camerounais qui sont en train de perdre leurs vies dans cette situation regrettable et qu’on pouvait éviter, alors qu’ils ne demandaient qu’à être protégés, encadrés, éduqués pour être utiles au Cameroun de demain. Des morts de plus, des morts de trop, dont je souhaite qu’elles ne soient pas des morts inutiles.
À ces jeunes gens qui sont descendus dans les rues, et dont je peux comprendre le degré de colère malgré quelques dérives, je condamne fermement toute forme de violence, d’où qu’elle vienne. S’attaquer aux biens publics ou privés, piller les biens d’autrui dénature le sens de votre combat noble, jette un sérieux discrédit sur vos revendications légitimes, et c’est inacceptable. Brûler des écoles en pleine année académique est criminel, car cela fait plus de mal aux enfants inscrits dans cet établissement qu’au propriétaire. Incendier des palais de justice, c’est ouvrir des portes à l’injustice que nous dénonçons. Exprimer votre colère de manière pacifique et ordonnée me semble plus porteur.
À vous qui tenez encore les manettes de la gouvernance de ce pays, je vous invite à un minimum d’humilité, de respect vis-à-vis de ce peuple dont vous avez la charge. Regardez jusqu’où votre arrogance, votre mépris, votre zèle ont conduit tout un pays. Le peuple se sent trahi, abusé et abandonné, et le résultat est ce ras-le-bol manifesté depuis 72 h. Mettez de côté votre orgueil et ayez une oreille attentive aux cris, aux pleurs du peuple qui ne demande qu’un meilleur vivre et la vérité.
La situation que traverse notre pays depuis quelques jours nous pousse, si l’on a encore un peu d’amour pour ce pays, à marquer un temps d’arrêt, à nous poser les bonnes questions sur la situation et l’avenir de ce pays que les pères fondateurs nous ont légué. Le contrat social est questionnable, et tout laisse à croire qu’il règne désormais un climat de méfiance entre le peuple et ses dirigeants.
Je pense qu’il est plus qu’urgent que les Camerounais se parlent, se pardonnent, se tolèrent, se réconcilient et mettent en place les conditions d’une paix durable. Cela n’est possible que si l’on se regarde dans les yeux, que l’on se dise les vérités pour apaiser les cœurs et établir la justice pour tous.
Ce que j’ai vu et entendu ces 72 dernières heures me chagrine et n’est pas de nature à rassurer, mais me convainc que beaucoup de plaies restent ouvertes, et nous devons courageusement les nettoyer, les soigner pour qu’elles se cicatrisent avant de transmettre cet héritage aux générations futures. Il nous appartient, ce pays ; nous devons le protéger, et chacun se doit de jouer sa partition.
J’ai suivi avant-hier les juges suprêmes déclarer un vainqueur de l’élection présidentielle. J’ose croire qu’au-delà de tout, chacun est seul devant sa conscience. Depuis lors, une psychose traverse tout le pays. Le peuple envoie un message à ses dirigeants, et il faut le décrypter. Le malaise est profond, et il faut l’aborder sans haine ni rancune si nous aimons ce pays. Je pleure, car ce n’est pas ce pays-ci que nous vivons aujourd’hui que nous avons rêvé en 1955. Il incombe à celui qui a encore le pouvoir de créer les conditions pour ramener la vraie paix dans ce pays, de rétablir un climat de confiance entre le peuple et les dirigeants, car le doute semble s’installer et le peuple ne croit plus à rien. À contrario, il en portera la responsabilité devant l’Histoire d’avoir laissé cette situation s’empirer.
La guerre du NOSO nous édifie à suffisance sur les conséquences de l’arrogance, du mensonge, du mépris, de la condescendance : le Cameroun ne peut plus se permettre un nouveau front, car il n’y a aucun honneur à avoir une victoire sur son peuple en exerçant la force, la répression et les arrestations.
Chacun peut bien se faire l’illusion de se cacher derrière son petit doigt pour échapper à la justice des hommes, mais ce qui est certain, personne n’échappera à la justice divine et répondra seul de ses actes.
Que les dieux de nos ancêtres veillent sur le Cameroun, apaisent le cœur de chacun et donnent de mettre le Cameroun au-dessus de vos intérêts égoïstes.
Foo Sokoudjou Mpoda
Ce 29 octobre 2025