25/06/2025
Grand reportage – Festival Taikanra : Quand la culture rallume la flamme de l’unité à Mont Illi
Par : AMAT FAKI correspondant Sahel 237 TV
Longtemps marquée par les blessures de l’insécurité, la région frontalière de Mont Illi, entre le Tchad et le Cameroun, retrouve enfin les couleurs de la fête et de la fraternité.
Ce mardi après-midi, à l’espace Talino Manu, le rideau s’est levé sur la première édition du Festival Taikanra, une initiative culturelle porteuse d’un message fort : rallumer les liens communautaires par la célébration des identités partagées.
Pendant des années, la menace sécuritaire avait réduit au silence les activités festives dans cette zone frontalière, pourtant riche d’un patrimoine culturel ancestral. Entre déplacements forcés, peur du lendemain et repli sur soi, les communautés avaient peu à peu perdu ces espaces d'expression collective.
Mais aujourd’hui, le Festival Taikanra sonne comme un retour à la vie, à la confiance et à l'espoir. Il symbolise la résilience des peuples de Mont Illi, unis par l’histoire, les traditions et une culture qui transcende les frontières politiques.
> « Nous voulons montrer que malgré les difficultés, notre culture est toujours là. Elle est vivante. Et elle nous unit », confie un organisateur du festival.
Le festival, prévu dès 14h30, a réuni autour de ses scènes les communautés tchadiennes et camerounaises, mêlant danses traditionnelles, chants, contes, expositions artisanales et dégustations culinaires typiques de Mont Illi.
Ici, il n’y a ni nation, ni barrière : seulement des peuples frères.
Cette cohabitation pacifique s’exprime naturellement à travers les tenues colorées, les langues partagées et les rites communs. Taikanra devient ainsi un creuset d’harmonisation culturelle, et surtout, un antidote aux divisions nourries par les années d’instabilité.
La présence remarquée de Madame la Ministre, Dr Ramatou Mahamat Houtouin, Secrétaire Générale du Gouvernement tchadien, a donné une dimension solennelle à l’événement. Drapée dans un habit traditionnel, à côté de l’écrivain et penseur Wang Doré, elle a incarné la fierté et la volonté politique de valoriser les racines locales.
« Cette photo, ce geste, en dit plus qu’un long discours. Dr Ramatou nous rappelle que l’identité culturelle n’est pas un ornement, c’est une colonne vertébrale », déclare une participante émue.
Elle a également lancé un vibrant appel à la jeunesse, l’invitant à embrasser leur culture comme levier d’avenir, non comme relique du passé. Pour elle, transmettre et défendre l’héritage de Mont Illi, c’est aussi construire un socle commun pour la paix durable.
Au-delà des spectacles, le Festival Taikanra se veut un outil de reconstruction sociale, un signal fort envoyé aux jeunes : la culture est un chemin vers la cohésion, le vivre-ensemble et l'autonomie.
Dans une région encore marquée par des tensions résiduelles, ce genre d’initiative a valeur de thérapie collective.
Les organisateurs espèrent en faire un rendez-vous annuel, autour duquel les fils et filles de la région — d’ici et de la diaspora — pourront se retrouver pour dire, en musique et en couleurs, que la paix reste possible quand les cultures s’embrassent.