18/11/2024
Assise sur mon lit, j’oscille entre peur, confusion et désespoir devant ce test de grossesse dont le résultat ne laisse aucun doute.
Je suis bel et bien enceinte et complètement perdue aussi.
Depuis qu’Arold et moi avons rompu et je ne suis plus qu’une coquille vide. J’avais basé tous mes projets d’avenir autour de notre couple. Et tous mes espoirs se sont effondrés comme un château de cartes.
Pour éviter de me morfondre, j’ai essayé de m’occuper au maximum ces trois dernières semaines.
J’ai enchaîné les randonnées, renouvelé ma garde-robe et je me suis donnée corps et âme au travail essayant d’ignorer tant bien que mal les signes annonciateurs de cette grossesse.
Pourtant, dès que je suis seule, une tristesse dévastatrice m’envahit. Le prénom d’Arold, la vue d’un de ses cadeaux ou une simple scène d’amour dans un film, suffisent à me plonger dans le désespoir.
Malheureusement, mes parents ne font rien pour changer la donne. En fait, depuis que nous ne sommes plus ensemble, Arold n’a jamais été aussi populaire dans ma famille.
- Ange !
Le cri de ma mère me ramène à la réalité. Je range rapidement le test pour et je la rejoins dans notre grande cuisine.
- Waoh mama ! Tu es vite rentrée ! lui crie-je avec un sourire de façade.
- Oui oui ma fille ! Et on ne peut pas dire que ton père m’ait vraiment aidé. Tu ne devineras jamais ce qu’il m’a fait en là-bas.
Je lève les yeux au ciel et je demande doucement :
- Qu’est-ce qu’il a encore fait ?
Alors que nous dépouillons ses sacs garnis de viande, de poissons et de légumes en tout genre, je l’écoute raconter sa dernière mésaventure maritale.
Sachant qu’il ne sert à rien de lui parler lorsqu’elle est dans cet état, je me contente d’écouter ses sempiternelles plaintes. Plus de vingt ans de mariage et le discours restait le même.
Avant je ne comprenais pas pourquoi ils persistaient autant jusqu’à ce que je prenne conscience des réels enjeux du mariage.
Mes parents sont tous les deux nés de familles très pauvres et personne ne misait sur eux. Ma mère devenue enceinte très jeune, m’a souvent dit avoir été humiliée à cause de cette grossesse hors mariage.
Et même si mon père l’a épousée quelques mois après ma naissance, elle s’est toujours employée à me mettre en garde contre les grossesses hors mariage.
Toute leur vie, mes parents ont tout mis en œuvre pour que mes frères et moi ne manquions de rien. Ma mère en enchaînant les petits commerces, mon papa en travaillant comme un forcené pour un salaire de misère.
La vie n’avait pas été facile. Nous vivions dans un petit appartement, mes frères et moi partageant la même chambre pendant des années.
Mais à force de détermination, mon père avait grimpé les échelons. Lui qui pensait passer toute sa vie en location avait pu acheter un terrain sur lequel repose aujourd’hui une grande et belle maison.
Lui qui avait marché pendant des années, disposait de sa propre voiture. Lui qui n’avait même pas eu le BACC pouvait s’enorgueillir d’avoir mis au monde deux ingénieurs.
- Tu m’écoutes même ?
- Oui oui, dis-je à ma mère en simulant une concentration extrême.
- Quand je pense encore à l’humiliation que ce « black Satan » nous a fait subir. Dit-elle en découpant la viande.
Je soupire en levant les yeux au ciel. Sans trop comprendre comment des plaintes au sujet de son mari, ont pris la forme d’insultes envers Arold, je m’efforce de faire bonne figure.
Je découpe patiemment la viande m’efforçant d’ignorer la douleur qui broie mon cœur chaque fois qu’elle évoque mon ex-fiancé.
- Moi je te dis, Dieu va fortement punir ce gars. Un feignant comme ça !
- Mama, s’il te plaît, je n’ai pas besoin de t’entendre parler de lui. Tu ne peux pas passer à autre chose ?
- Non, je ne peux pas. Tu te rends compte de ce qu’il a fait ?
Manquer de respect à toute une famille ! Mais c’est pas croyable ça.
Parfois j’ai l’impression que cette rupture lui fait plus mal qu’à moi.
Je me dois de rester forte devant elle pour ne pas attiser sa douleur mais difficile de ne pas fondre en larme.
Ne voyant pas la désolation qui s’installe dans mes yeux, elle poursuit :
- Et j’avais bien vu ça venir. Ses yeux-là ne m’inspiraient pas. Il avait un regard mauvais. C’est pour ça que je le conseillais toujours.
Plus elle parle, plus je sens mon cœur se serrer comme s’il était pris dans un étau.
- Je vais faire p**i. Lui dis-je.
Je me lève calmement pour qu’elle ne soupçonne surtout pas le chaos qui règne dans mon être. Je vais m’enfermer aux toilettes et là je me mets à pleurer de toutes mes forces. J’ai mal, très mal.
Je pense à notre histoire, aux bons moments que nous avons passés ensemble. Si seulement, je ne l’avais pas trompé.
Si seulement, je ne m’étais pas laissée aveuglée par l’argent.
Si seulement, j’avais su l’écouter. Je ne l’aurais pas perdu.
Certains jours, il m’arrive de me demander s’il m’a réellement aimé.
Au fond, ne jouait-il pas la comédie, juste pour se faire accepter, prendre tout ce qu’il pouvait prendre et partir.
C’est exactement, ce qu’il avait fait. Il avait tout pris. Je me sentais dépouillée de ma vie, de mon avenir et de tout espoir.
Au travail, je ne suis plus qu’un robot sans joie. Les travaux sont de plus en plus difficiles et je n’ai plus aucune motivation. Je ne vais vraiment pas bien, mais à qui me confier ? Seule Michelle peut m’écouter. Mais j’ai l’impression que ça fait des jours que je pleure dans sa messagerie.
Et voilà qu’une nouvelle inconnue venait de s’ajouter à l’équation de ma vie. Comment vais-je pouvoir annoncer à mes parents que je suis enceinte ? Et à Carter ? Seigneur, quand vais-je enfin me remettre de cette souffrance ? Je n’en peux plus.
J’essaie de me résigner de me dire que les épreuves font partie de la vie, mais la douleur reste intacte. J’étouffe, je suffoque. J’ai envie de crier.
Au bout de 15 minutes, je parviens enfin à me calmer. Je me lève tant bien que mal, j’essuie mes larmes, je me rince le visage et je vais m’allonger dans ma chambre. Ma mère n’a qu’à se débrouiller.
Dring.
Mon cœur fait un bond à la vue du nom qui s’affiche sur l’écran de mon iphone 14 pro.
Dr Paul : Bonjour Ange. Comment tu vas ?
Il a pensé à moi ? Seigneur ! Comment fait-il pour être aussi humble ? Moi qui ne suis personne, je venais de recevoir un message d’une des personnes que j’admire le plus dans ce monde.
Oubliant que je viens de pleurer toutes les larmes de mon corps, je réponds simplement :
Moi : Je vais bien, merci Doc. Toi aussi, je l’espère.
Dr. Paul : Et ton projet ?
Moi : En standby.
Dr. Paul : Pourquoi ? Tu as un problème particulier qui t’empêche d’avancer ?
Nous ne nous connaissons pas vraiment, mais pour une raison que j’ignore, je ressens le besoin de me confier à lui. J’ai besoin de me libérer. De crier ma douleur au monde entier. Alors je me défoule dans le message.
Moi : J’ai récemment traversé des difficultés personnelles. Ce qui a nui à ma productivité et ralenti la progression de mon activité.
Dr. Paul : De quelles difficultés personnelles s’agit-il si ce n’est pas indiscret ?
Moi : Mon fiancé et moi nous sommes séparés après plus de 5 ans de relation et un toqué-porte.
**************************
Ceci est un extrait du chapitre 12 de "RESTAUREE", le roman que le Seigneur m'a inspiré. Clique sur le lien en commentaire et découvre la suite. 😉