16/12/2025
🛑 Avec Paul Biya, nul ne sait ni le jour, ni l’heure…
En 1996, Philippe Menye Me Mve est gouverneur de la province de l’Ouest. Arrivé à Bafoussam en 1992 au plus fort des soubresauts politiques nés du retour au multipartisme, il a tenu la région avec une certaine autorité.
Un soir de juillet 1996, le gouverneur Menye Me Mve regagne sa résidence de Bafoussam après sa routine de footing. Il découvre un message du milliardaire Fotso Victor sur son répondeur. Il rappelle et son interlocuteur lui apprend que Martin Belinga Eboutou, alors directeur du Protocole d’État à la présidence de la République, souhaite lui parler de toute urgence.
Menye Me Mve appelle Belinga Eboutou. Lequel lui demande de se rendre prestement à Yaoundé parce que le président Paul Biya veut le recevoir. Le gouverneur, sans savoir l’objet de cette convocation présidentielle, prend immédiatement la route de la capitale.
Le président Paul Biya le reçoit dans son bureau. Il commence par féliciter son hôte pour « la qualité de son travail » dans la province rebelle de l’Ouest au cours de ces années dites de « braises ». Et il l’informe dans la foulée, de son intention de faire de lui le prochain ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense.
Philippe Menye Me Mve est heureux, mais n’exulte pas devant le patron. Il contient sa joie. Paul Biya promet également qu’il percevra un peu d’argent pour lui permettre de « recevoir les gens » une fois que l’annonce de sa promotion sera faite. Le futur ministre de la Défense se confond en salamalecs et remerciements avant de prendre congé du président de la République.
Alors que le gouverneur est déjà sur le pas de la porte, Paul Biya le rappelle et lui souffle un conseil ultime pour la route : « Surtout, ne dites à personne ».
Cette recommandation présidentielle ne tombera pas dans les oreilles d’un sourd. Menye Me Mve n’a pas l’âme d’une pie. Il ne se confiera à personne. Ni à aucun journaliste, ni à ses amis, ni à ses collègues de la préfectorale et pas même à sa femme. « Surtout pas à elle! », me confiera-t-il. Il restera muet comme une tombe. Même Fotso victor n’en saura rien, jusqu’au 19 septembre 1996 lorsque le décret est finalement lu à la radio. Il ne restera qu’un an au poste…
Moralité de l’histoire : le président Paul Biya n’a pas changé. Avec lui et en parfait monarque, « maître des horloges », nul ne sait ni le jour, ni l’heure. Ni qui sera nommé, ni qui sera déchu. Tout autre discours faussement prémonitoire sur un prétendu gouvernement à venir n’est que pure fantasmagorie.
La trentaine de gouvernements formés par le président Paul Biya en 43 ans de règne fourmille d’histoires de personnalités consultées qui n’ont finalement pas été nommées, pour avoir eu la langue un peu trop pendue.
Qui oserait donc, connaissant l’homme, répandre sur tous les toits qu’il a été consulté pour un futur poste au gouvernement?
Jean-Bruno Tagne
LA CRÈME DE L'INFO
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