11/09/2025
🔴INTRODUCTION À LA LITTÉRATURE
🎯Introduction
L’homme a créé les arts pour imiter la nature ambiante. Et les artistes qui ont tout l’air d’être inspirés par les dieux, s’exécutent dans l’élan d’un don naturel à produire de multiples manières des œuvres d’imagination qui séduisent les sens (la vue, le toucher, l’ouïe…). C’est le cas de l’architecture (forme des édifices), de la sculpture (forme des objets), de la peinture (harmonisation des couleurs), de la musique (harmonisation des sons),… et de la littérature. Cette dernière citée est une œuvre artistique qui harmonise le langage (oral ou écrit) à côté d’autres peintes, chantées, travaillées… Pour en circonscrire les fondements ou toute la spécificité, de façon sommaire, il est possible d’articuler les propos autour de trois axes principaux : les courants, les genres et les principales fonctions littéraires.
🎯I. LES COURANTS LITTÉRAIRES
1. Définition
Il s’agit d’un mouvement de pensée commune qui s’inscrit dans une même époque et regroupant des écrivains qui partagent le même idéal d’écriture ou la même source d’inspiration ou encore, en un mot, les mêmes motivations esthétique et thématique. Toutefois, il y a lieu de préciser une nuance en passant : un courant littéraire réunit des écrivains tandis qu’un mouvement artistique, lui, rassemble des artistes divers (peintres, musiciens, écrivains,…)
2. Quelques exemples
Au fil des siècles, plusieurs courants littéraires se sont ainsi succédé. C’est le cas du classicisme, du romantisme, du réalisme, du symbolisme, de la négritude… À bien observer, dans l’échelle du temps, leur évolution (naissance, apogée, déclin), nous avons l’impression que ces courants littéraires entretiennent des relations de complémentarité, d’opposition, de cause à effet, de retour en arrière… pour imprimer à l’histoire des idées sa cadence en rapport avec la vie de tous les jours.
3. Une particularité
Chaque courant littéraire est fille de son époque. Par ailleurs, on remarque de troublantes relations entre eux ; c’est le cas par exemple entre le classicisme et le romantisme (opposition), le réalisme et le surréalisme (complémentarité), entre le parnasse et le symbolisme (continuité), la renaissance et la négro-renaissance (ressemblance)…
🎯II.LES GENRES LITTÉRAIRES
On appelle « genre littéraire » une forme d’écriture propre. Celle-ci ne peut vraiment s’exécuter que dans un de ces trois cadres : le texte prosaïque, poétique ou théâtral.
1. La prose
Cette forme d’écriture linéaire qui a la propension de raconter une histoire par la voix de narrateur date de longtemps ; son auteur (un prosateur) peut y représenter une idée ; mais, le plus souvent, il met en scène des personnages qui évoluent dans un cadre spatio-temporel bien défini et exécutent des actions narrées de diverses façons.
a. Sous-genres
Des sous-genres de la prose existent cependant.
- le roman : il s’agit d’un texte qui s’exécute selon un schéma narratif rondement accompli. Il est si prisé que voient le jour des types de romans comme épistolaires, philosophiques, autobiographiques, historiques, d’analyse, d’aventures, policiers, de sciences-fictions même.
- l’épopée : c’est un récit qui restitue les actions légendaires, glorieuses d’un héros national : Soundjata ou l’épopée mandingue de Djibril T. Niane. Néanmoins, ce personnage principal peut tout aussi être ressuscité pour ses actions sanguinaires, voire très odieuses.
- le conte : il s’agit du récit de faits, d’aventures imaginaires, d’une histoire qui sort de l’ordinaire certes mais contenant une intention souvent didactique : Les contes d’Amadou Koumba de Birago Diop.
- la nouvelle : c’est un récit remarquable par sa longueur car se déroulant dans une petite tranche de vie dans le temps et l’espace : Le gueux de Guy de Maupassant.
- l’essai : c’est une œuvre de réflexion (philosophique, historique, littéraire…) portant sur les sujets les plus divers et exposée de manière personnelle, voire subjective, par l’essayiste (polémiste ou partisan). C’est le cas des Essais de Michel de Montaigne.
b. Spécificités esthétiques
Pour son écriture, le genre majeur appelé « roman » emploie volontiers plusieurs canaux tels que le schéma narratif constitué de cinq éléments se succédant traditionnellement selon cette suite logique : situation initiale – élément perturbateur – péripéties – retour de l’équilibre – situation finale. En outre, on remarque souvent l’usage d’autres ressources esthétiques assez suggestives telles que les figures de style (métaphore, euphémisme, assonance, ironie, hyperbole,…) les types de discours (direct, indirect, indirect libre) ou encore la focalisation (externe, interne ou zéro), la tonalité du récit (pathétique, tragique, comique…), le tout allant jusqu’à plonger le lecteur de roman dans une impression de réalité, un univers tellement vraisemblable qu’il croirait l’histoire réelle, envisageable, vivante, presque palpable, prémonitoire même parfois, rien que par la magie d’une écriture bien maîtrisée.
2. La poésie
Forme d’écriture versifiée, la poésie aussi date de longtemps. Certains même s’amusent (à tort ou à raison) à l’éloigner encore plus longtemps dans l’époque, allant même jusqu’à l’associer pas seulement à une origine mythologique mais bien au-delà, c’est-à-dire aux textes sacrés (Thora – Bible – Coran) car la forme est assez identique à plusieurs titres. Son auteur (le poète) use des vers pour décrire souvent un état d’âme (les sentiments dont le cœur est le siège) ou un état d’esprit (la pensée dont la source est l'esprit), à travers une vision.
a. Sous-genres
Il existe plusieurs types de poèmes, à l’instar de l’ode, du sonnet, de la ballade, du rondeau, du madrigal, du pantoum… Ceux-ci sont ainsi désignés, soit pour leurs structures qui obéissent à certaines règles de présentation des énoncés versifiés, soit parce que leur thématique est propre à un contexte historique, sentimentale, biographique, géographique,… justifiant chez leurs auteurs l’usage d’un tel type de poème plutôt que d’un autre.
b. Spécificités
Il existe bien des techniques d’écriture propres à la poésie, à l’image du vers, de la strophe, de l’enjambement, des rimes..., et toutes ont cette particularité suggestive de donner des ailes à l’imagination du lecteur qui en boit les paroles avec avidité. Du coup, les mots revêtent un caractère quasi polysémique.
3. Le théâtre
Forme d’écriture dialoguée, le théâtre existait bien avant qu’il soit mis par écrit puisqu’il est plus destiné à être représenté sur scène qu’à être seulement lu ; néanmoins, son âge d’or date du XVIIème siècle et son auteur (le dramaturge) n’a jamais cessé de joindre l’utile à l’agréable. Il existe même des dramaturges à la fois acteurs et metteurs en scène. Pour tout dire, il s’agit d’un puissant moyen de communication qui s’offre à un plus large public.
a. Sous-genres
Il existe trois genres dramatiques majeurs, à savoir la tragédie (c’est le cas de Phèdre de Jean Racine), la comédie (c’est à l’image de Tartuffe de Molière) et la tragicomédie (comme le prouve Le Cid de Pierre Corneille). Néanmoins, d’autres genres considérés comme ou mineurs méritent aussi d’être évoqués en passant : la farce, le vaudeville, le drame, l’opéra, le sketch,…
b. Spécificités
Il s’agit d’un double discours puisque l’un se passe entre acteurs et, l’autre, entre ces derniers et les spectateurs. Au XVIIème siècle, beaucoup de règles furent codifiées par l’Académie française pour veiller sur ce genre qui attirait aussi bien les foules que les personnes respectables et de haut rang. C’est le cas de la règle des trois unités, à côté de celle de la vraisemblance, de la bienséance ou encore du non mélange des genres. C’est seulement à partir du XIXème siècle, sous la bannière des romantiques épris de libéralisme, que ces règles ont été bousculées, donnant ainsi naissance au drame dont la date d’apothéose fut signée le 25 février 1830 lors de la représentation de la célèbre pièce théâtrale de Hugo intitulée Hernani. Depuis lors, d’autres formes théâtrales continuent de voir le jour, entre théâtre de l’Absurde ou encore même le Nouveau théâtre, un théâtre dans le théâtre.
🎯III. LES PRINCIPALES FONCTIONS DE LA LITTÉRATURE
Au cours de son histoire, de son évolution, dans le temps et dans l’espace, l’écriture littéraire a assumé plusieurs fonctions, selon l’objectif que se fixe l’écrivain. Puisqu’il sera difficile d’en faire une liste exhaustive, nous n’en retiendrons que les plus en vue, sans oublier qu’une même œuvre artistique littéraire, comme c’est souvent le cas, peut avoir plusieurs orientations. Pour y arriver, il est possible d’articuler cette réflexion autour de deux macrostructures : l’auteur qui écrit (le destinateur) et le lecteur qui le lit (le destinataire).
1. L’auteur qui écrit :
L’auteur qui écrit dévoile en même temps plusieurs aspects de son identité. Les plus remarquables sont de deux ordres :
a. L’expression du moi
Le Gange est ce célèbre fleuve d’Inde réputé pour ses vertus purificatrices et libératrices de l’âme des défunts. Justement, il existe bien des écrivains qui vouent volontiers à l’écriture ce pouvoir à la limite « thalassothérapeute ». Si les médecins du corps y parviennent grâce à des médicaments dont l’usage est déterminé selon une posologie clairement exprimée, les écrivains aussi éloignent leurs maux personnels mais par une écriture qui anéantit la douleur le plus souvent due aux sentiments voués à un être cher devenu inaccessible pour diverses raisons. En poésie par exemple, lorsqu’on avait demandé à Alphonse de Lamartine à quoi lui servait son art, il avait répondu : « ce n’était pas un art mais un soulagement de mon cœur ». Que dire de Léopold Sédar Senghor, ce poète de la négritude confiné entre la froideur de la neige à Paris qui contraste avec le soleil ardent du Sine et l’apocalyptique deuxième guerre mondiale complètement opposée à la berceuse sérénité de Joal l’ombreuse ? La poésie de Chants d’ombre tempère quelque peu sa nostalgie du royaume d’enfance. Pour ce qui s’agit du roman, l’autobiographie est la plus prisée pour atteindre cet objectif ; dans Les Confessions et dès le préambule, Jean-Jacques Rousseau s’en targue ainsi : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi seul ». Au théâtre, c’est la poésie dramatique – celle du XVIIème siècle surtout – qui est à l’honneur. Lire les atermoiements de Phèdre (Phèdre de Racine), les stances de Rodrigue (Le Cid de Corneille), les lamentations de Camille (Horace de Corneille) ou encore les supplications de Andromaque (Andromaque de Racine), c’est y retrouver cette même coloration lyrique qui émeut jusqu’au plus haut point. Ainsi, au fil des siècles, certains humanistes, l’écrasante majorité des romantiques du XIXème siècle, des symbolistes, des surréalistes aussi, se sont donné pour tâche de se servir de la littérature comme d’un bassin gangétique !
b. Le talent créateur
Si la littérature fait partie intégrante de la liste des arts, c’est parce que, comme les autres, il produit le même effet : procurer du plaisir par la voie des sens. Pour y parvenir, des écrivains savent exploiter toutes les ressources de la langue si généreuse, si subtile et tellement suggestive. Ce travail sur la forme nécessite de l’attention mais aussi d’un labeur rarement satisfaisant aux yeux de l’auteur. Lorsqu’on cherche les courants littéraires qui ont donné autant de crédit à ce culte du beau, admettons d’emblée que tous soignent le style mais à des degrés différents. Par ailleurs difficile de ne pas se souvenir des auteurs classiques à l’instar de Boileau qui prévenais les écrivains en général, le poète en particulier, en ces termes :
« Sans la langue en un mot, l’auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain ».
Nous décernerons également une mention spéciale aux parnassiens. Voici des poètes qui ont dépouillé le contenu de leurs écrits de toute portée utilitaire, étant convaincu que la seul utilité d’une œuvre d’art, c’est sa beauté. C’est pourquoi Gautier affirmait de façon péremptoire : « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid ». Nous n’oublions pas non plus un autre aspect de ce talent de l’écrivain orienté vers son style : c’est lorsque celui-ci s’oppose à celui des prédécesseurs ; c’est le cas de ce rapport d’opposition qui existe entre romantiques et classiques puisque les premiers jugeaient les règles des seconds fort contraignantes ; c’est également sous ce rapport que se définissent les surréalistes qui ont balayé d’un revers de main toutes les exigences esthétiques antérieures, au nom d’une littérature réfractaire, révolutionnaire, voire libératrice.
2. Le lecteur qui lit :
Ce lecteur qui reçoit la production écrite artistique de l’écrivain tire également beaucoup de bénéfice d’une œuvre lue. Nous n’en retiendront que deux principalement.
a. L’enseignement et le divertissement.
Le lecteur tire beaucoup d’enseignements des œuvres artistiques. Qu'un récit soit réel ou fictif, il n'existe aucun moment de lecture qui ne soit bénéfique à celui qui s'y adonne. On est comme téléporté car on voyage sans bouger du siège où l'on est assis. Ou on y assimile la maîtrise de la langue (orthographe, grammaire, conjugaison, vocabulaire...), ou on s'instruit par les sciences humaines (histoire, biologie, zoologie...) ou on apprend une culture nouvelle (coutume, habillement, croyance...), ou on en tire une leçon de morale (le bien contre le mal). A côté de cet aspect didactique, il y a celui ludique. Au hasard, prenons l'exemple du roman Le Tour du monde en 80 jours ; Jules Verne imagine un personnage nommé Phileas Fogg qui voulait gagner le pari fou de faire le tour de la terre en moins de trois mois alors que les moyens de locomotion actuelle fonctionnaient encore cahin-caha. Tout y passe et le lecteur éprouve non seulement ce plaisir diffus que son loisir lui offre mais aussi il voyage à coté du héros et de son valet, découvre des villes, visite des monuments, apprend énormément.
b. L’engagement
On dit d’un écrivain qu’il est engagé lorsqu’il se sert de sa plume comme d’une arme (pour attaquer, contester, dénoncer) ou d’un bouclier (pour défendre, secourir, se solidariser) afin de lutter contre un mal qui affecte une communauté. Ses écrits peuvent servir d’alerte, à instruire le monde sur des horreurs inhumaines vécues par des défavorisés, à susciter plus de considération, de solidarité concrète des plus favorisés par le sort, à inciter les autorités à changer les lois, l’essentiel étant d’arriver à rééquilibrer la justice. Quel que soit le prix à payer (censure, torture, exil, assassinat,…), quand bien même le risque serait-il énorme, surtout lorsque l’engagement est politique, qu’il soit poète, romancier ou dramaturge, cet écrivain ne craint pas les représailles car il aura placé sa mission salvatrice bien au-dessus de tout contrôle judiciaire ou coercitif. C’est le cas d’Agrippa d’Aubigné avec Les Tragiques (1616) pour faire taire les armes qui déchiraient la France, Voltaire avec Candide (1759) pour déplorer les horreurs de l’esclavage physique et mental, Victor Hugo avec Les Châtiments (1852) pour s’insurger contre le despotisme de Napoléon Bonaparte, René Maran avec Batouala (1921) pour s’offusquer des abus de la colonisation, Aimé Césaire avec La Tragédie du roi Christophe (1963) pour reprocher aux Noirs leur fainéantise doublée de leur traitrise…
🎯Conclusion
Voici en quelques mots l’essentiel de ce qu’il convient de retenir avant d’aborder des questions liées à la littérature. Au second cycle, selon le système éducatif sénégalais en vigueur, les études de textes, les exercices littéraires ou encore les ressources de la langue artistiques sont beaucoup plus revisités que les fondamentaux de la langue au premier cycle, tels que la grammaire, l’orthographe ou la conjugaison .