28/02/2025
BLM International
Par Sosthene Fouda Sociologue !
Lorsque Ouandié avait dit non à Senghor !
Dès lors, on avait compris qu'il venait ainsi de signer son arrêt de mort. Et s'en est suivi l'acharnement de la France pour sa liquidation.
Septembre 1953, le député du Sénégal, Léopold Sedar Senghor débarque au Cameroun. Cet agrégé des lettres, a été missionné par ses maîtres français pour expliquer aux camerounais galvanisés par la propagande indépendantiste de l'UPC que seule une alliance avec la France dans une "certaine autonomie" est la solution viable pour le Cameroun.
Chaperonné par le Délégué du Haut Commissaire nommé Louis Paul Aujoulat qui ne le quitte pas des yeux et cornaqué par le Président Paul Soppo Priso qui l'introduit à la salle des fêtes d'akwa, l'initiative séduction du missi dominici, est avantagé par son lyrisme imagé et la f***e sarabande de sa logorrhée. Captivée, la foule tombe complètement à pâmoison. Les colons se frottent les mains. Les pieds nickelés de l'UPC qui empêchent de tourner en rond avec leur affaire d'indépendance et de réunification ont enfin trouvé du répondant intellectuel. L'affaire semble marcher comme une lettre à la poste.
Soudain, une voix grave portée par un géant noir blotti au fond de la salle, trouble l'atmosphère onirique. Ernest Ouandié, prend la parole pendant 5 minutes. Les blancs pensent que le petit instituteur se fera manger par l'agregé. Erreur monumentale, Ernest Ouandié qui a été idéologiquement bien formé, est méthodique dans son raisonnement.
Pour lui, "si au Sénégal la théorie de Senghor peut marcher, l'inanité de ses propos en ce qui concerne le Cameroun saute aux yeux. Le Cameroun n'est pas une colonie française comme le Sénégal mais un territoire sous tutelle confié à la France par les Nations Unies pour le conduire à l'indépendance. Il n'est pas question d'une quelconque association avec quiconque. Encore moins, avec la France qui multiplie les chicanes sur le chemin de l'autodétermination des camerounais".
Tonnerre d'applaudissements dans la salle.
Perdant de sa superbe, Senghor lance en guise de réponse à Ouandié que le Cameroun ne sera pas indépendant avant 20 ans. Faux, lui rétorque Ouandié, qui lui dit que le Cameroun va mobiliser toutes les forces de ses fils et filles pour son autodétermination, quelque soit le prix à payer, fût il le sacrifice suprême.