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La plume à histoires, Yaoundé (2025)

08/09/2025

𝐋𝐄𝐒 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐌𝐈𝐍𝐀𝐓𝐀

𝑬́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 8: 𝑳’𝒉𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒅𝒆𝒓𝒓𝒊𝒆̀𝒓𝒆 𝒍𝒆 𝒑𝒐𝒓𝒕𝒂𝒊𝒍

Le lendemain, il pleut.

Une pluie fine, mais continue.
Le genre de pluie qui fait taire les bruits du quartier.
Le genre de pluie qui te laisse seule avec tes pensées.

Aminata n’est pas sortie.
Elle a fermé le salon pour la journée.
Pas parce qu’elle est malade.
Mais parce qu’aujourd’hui, 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒔𝒂𝒊𝒕 𝒒𝒖’𝒊𝒍 𝒗𝒂 𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓.

Et elle doit être prête.
Pas physiquement. 𝑬́𝒎𝒐𝒕𝒊𝒐𝒏𝒏𝒆𝒍𝒍𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕.

Ibrahim est à l’école.
Elle a préparé du riz tôt le matin, balayé la cour, nettoyé la pièce deux fois.
Mais ce n’est pas pour l’accueillir.
C’est pour 𝒔’𝒐𝒄𝒄𝒖𝒑𝒆𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒎𝒂𝒊𝒏𝒔, 𝒑𝒆𝒏𝒅𝒂𝒏𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒄œ𝒖𝒓 𝒕𝒓𝒆𝒎𝒃𝒍𝒆.

À 11h38, on toque au portail.

Pas la porte.
Le portail.

Il a compris qu’il ne devait plus s’imposer.
Alors il attend 𝒅𝒆𝒉𝒐𝒓𝒔, sous la pluie.
Elle jette un œil discret entre les rideaux.

𝑰𝒍 𝒆𝒔𝒕 𝒍𝒂̀.
Chemise propre. Coupe fraîche. Un parapluie mal tenu.
Mais surtout… le regard d’un homme 𝒒𝒖𝒊 𝒔𝒂𝒊𝒕 𝒒𝒖’𝒊𝒍 𝒏’𝒆𝒔𝒕 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒄𝒉𝒆𝒛 𝒍𝒖𝒊.

Elle sort. Lentement.
Le bruit de ses sandales sur le sol mouillé la ramène à la réalité.

— Tu as cinq minutes, dit-elle.

Pas un mot de plus.

Il hoche la tête.

— Je veux voir Ibrahim.

— Il est à l’école.

Silence.

— Je veux lui parler.
— Tu as eu cinq ans pour le faire.

Il baisse les yeux.

— Je sais que j’ai fui.
Mais depuis que je suis parti, je pense à lui. À vous. Tous les jours.

— Et tu crois que ça change quoi ?

— Je suis pas venu avec des excuses.
Je suis venu avec 𝒅𝒆𝒔 𝒅𝒆́𝒄𝒊𝒔𝒊𝒐𝒏𝒔.

Elle le regarde, méfiante.

— Je veux m’occuper de vous.
Pas pour me racheter.
Mais parce que je ne peux plus fuir.

Il tend une enveloppe.
Elle ne la prend pas.

— Je n’ai pas besoin de ton argent.

— Ce n’est pas pour acheter ton pardon.
C’est pour 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒄𝒊𝒑𝒆𝒓.
C’est ce que j’aurais dû faire depuis longtemps.

Aminata le fixe.

Puis elle demande :

— Et si je refuse ?

— Je reviendrai demain. Et après-demain. Et encore.
Pas pour te harceler.
Mais parce qu’Ibrahim a besoin de savoir que 𝒋𝒆 𝒏𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒖𝒏 𝒇𝒂𝒏𝒕𝒐̂𝒎𝒆.

Il fait une pause.

— Et toi, tu as besoin de voir si 𝒋𝒆 𝒅𝒊𝒔 𝒆𝒏𝒇𝒊𝒏 𝒍𝒂 𝒗𝒆́𝒓𝒊𝒕𝒆́.

Elle reste là, debout sous la pluie, sans bouger.
Mais son cœur bat 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒔𝒊 𝒐𝒏 𝒍’𝒂𝒑𝒑𝒆𝒍𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒓 𝒔𝒐𝒏 𝒗𝒓𝒂𝒊 𝒏𝒐𝒎.

Il range l’enveloppe, tourne le dos… et part.
Sans insister.

C’est peut-être ça, le vrai changement.

Et Aminata, les bras croisés sous la pluie, murmure :

— Cette fois… je vais t’observer.

Pas avec le cœur.
Avec 𝒍𝒆𝒔 𝒚𝒆𝒖𝒙.

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Qu’aurais-tu fais à la place d’Aminata ? De son « conjoint » ?

08/09/2025

𝐋𝐄𝐒 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐌𝐈𝐍𝐀𝐓𝐀

𝑬́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 7: 𝒍𝒆𝒔 𝒎𝒂𝒊𝒏𝒔 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒎𝒂𝒏

Il n’est pas revenu le lendemain, ni le surlendemain.

Mais Aminata sent encore 𝒔𝒂 𝒑𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒏𝒄𝒆 autour.
Comme une poussière fine qui ne s’efface pas au premier balayage.

Depuis cette nuit-là, elle ne dort plus vraiment.
Elle ferme les yeux… et revoit sa silhouette, ses mots, son "𝒑𝒂𝒓𝒅𝒐𝒏" glissé entre deux silences.

Elle s’en veut.
Pas de lui avoir parlé.
Mais de s’être sentie 𝒇𝒂𝒊𝒃𝒍𝒆 en entendant sa voix.

Ce soir, Ibrahim dort déjà.
Et Aminata, assise sur le bord du lit, 𝒓𝒆𝒑𝒂𝒔𝒔𝒆 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒔𝒂 𝒕𝒆̂𝒕𝒆 ce qu’elle aurait dû lui dire.
Ce qu’elle aurait voulu 𝒍𝒖𝒊 𝒄𝒓𝒊𝒆𝒓, ce qu’elle a
𝒂𝒗𝒂𝒍𝒆́.

Puis, sans prévenir, 𝒖𝒏𝒆 𝒗𝒊𝒆𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒆𝒖𝒓 remonte.

Celle qu’elle connaît bien.
Celle qui porte un autre visage.
Celui de 𝒔𝒂 𝒑𝒓𝒐𝒑𝒓𝒆 𝒎𝒆̀𝒓𝒆.

Elle se revoit, à 12 ans.

Pieds nus dans la cour.
Les larmes aux yeux parce qu’elle venait de découvrir que son père avait 𝒖𝒏𝒆 𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆 𝒇𝒆𝒎𝒎𝒆.
Un autre foyer.

Sa mère, cette nuit-là, ne lui avait pas parlé.
Elle s’était juste approchée.
Et lui avait pris les mains.

Des mains dures, abîmées, 𝒄𝒉𝒂𝒖𝒅𝒆𝒔.

Aminata s’était sentie protégée… un instant.
Avant que sa mère ne dise, la voix basse :

— Ma fille, les hommes, parfois, c’est comme les saisons.
Ils reviennent. Mais jamais pareils.

Elle n’avait pas compris sur le moment.
Aujourd’hui, elle comprend 𝒕𝒓𝒐𝒑 𝒃𝒊𝒆𝒏.

22𝘩15.

Une minute de plus que ce fameux soir.
Et voilà qu’on frappe 𝒆𝒏𝒄𝒐𝒓𝒆.

Un seul coup, cette fois.
Mais elle sait que c’est 𝒍𝒖𝒊.

Elle n’ouvre pas.
Elle ne se lève même pas.
Elle attend.

Et à travers la porte, il parle.

— Aminata… je suis toujours là.
Pas pour m’imposer. Pas pour fuir.
Je dors chez un ami, pas loin.
Je comprends que tu sois en colère.
Mais je vais pas disparaître cette fois.

Silence.

Puis :

— Laisse-moi juste te voir demain. Cinq minutes.
Je pars si tu ne veux plus.
Mais laisse-moi… au moins voir Ibrahim.

Le prénom de son fils lui fait 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒎𝒂𝒍 𝒒𝒖𝒆 𝒕𝒐𝒖𝒕 𝒍𝒆 𝒓𝒆𝒔𝒕𝒆.

Elle sait que ce n’est pas un simple “𝒃𝒐𝒏𝒋𝒐𝒖𝒓” qu’il cherche.
C’est 𝒖𝒏 𝒓𝒆𝒕𝒐𝒖𝒓.

Mais elle n’est pas prête.
Pas encore.

Elle reste muette.

Et lui… finit par partir.

Mais il l’a dit lui-même :

𝒊𝒍 𝒏𝒆 𝒅𝒊𝒔𝒑𝒂𝒓𝒂𝒊̂𝒕𝒓𝒂 𝒑𝒂𝒔.

Et maintenant, Aminata le sait :

Le vrai combat ne sera pas entre elle et lui.

Mais entre ce qu’elle 𝒓𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕 𝒆𝒏𝒄𝒐𝒓𝒆…
Et ce qu’elle 𝒓𝒆𝒇𝒖𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝒓𝒆𝒗𝒊𝒗𝒓𝒆.

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07/09/2025

𝐋𝐄𝐒 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐌𝐈𝐍𝐀𝐓𝐀

𝑬́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 6: 𝑳𝒂 𝒗𝒐𝒊𝒔𝒊𝒏𝒆 𝒅’𝒆𝒏 𝒇𝒂𝒄𝒆

Le matin est lourd.
Pas à cause du soleil.
À cause de ce qu’Aminata n’a pas dit.
Et de 𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒂 𝒓𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊 𝒉𝒊𝒆𝒓 𝒔𝒐𝒊𝒓, quand il a murmuré “𝒑𝒂𝒓𝒅𝒐𝒏”.

Elle n’en a parlé à personne.
Mais depuis, quelque chose bouge en elle.
Une colère, un doute, une faille.

Vers 9h, elle sort balayer la devanture.
Ibrahim est déjà parti à l’école, son petit sac sur le dos.

C’est là que la vieille 𝑻𝒂𝒏𝒕𝒊𝒆 𝑹𝒐𝒔𝒆, sa voisine d’en face, l’appelle doucement :

— Ami… viens boire un peu de thé.

Elle hésite, puis accepte.
Tantie Rose est curieuse, oui, mais jamais méchante.
Et ce matin, Aminata a besoin de quelqu’un… 𝒒𝒖𝒊 𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒋𝒖𝒈𝒆𝒓.

Elles s’installent sous le manguier, sur des tabourets en plastique.

— Tu n’as pas l’air bien ces jours-ci, ma fille, dit Tantie Rose.
— Je dors peu.
— C’est ton ventre ?
— Pas seulement.

Un silence. Puis Aminata lâche, comme un fil qui craque :

— Il est revenu.

La tasse de thé reste suspendue.

— Qui ça ?
— Le père d’Ibrahim.
Il est venu hier. À 22h passées.

Tantie Rose ne dit rien. Elle attend.
Elle sait que les vrais mots viennent après les silences.

— Il m’a dit pardon, souffle Aminata.

— Et toi ? Tu veux le pardonner ?

Aminata baisse les yeux.
Elle ne sait pas.

Alors, doucement, Tantie Rose pose sa main sur la sienne et dit :

— Ne laisse jamais un "𝒑𝒂𝒓𝒅𝒐𝒏" effacer une blessure qui n’a jamais été soignée.
Pardonner, ce n’est pas 𝒐𝒖𝒃𝒍𝒊𝒆𝒓.
C’est décider… si tu veux 𝒓𝒆𝒗𝒊𝒗𝒓𝒆 𝒍𝒂 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒆𝒖𝒓, ou non.

Aminata sent les larmes monter.
Mais elle les retient.

— Et si l’enfant a besoin de lui ?
— Commence par lui demander s’il a vraiment besoin de VOUS.

Elle reste figée.

Car elle sait que la vraie question, ce n’est pas :
𝑬𝒔𝒕-𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒊𝒍 𝒆𝒔𝒕 𝒓𝒆𝒗𝒆𝒏𝒖 ?
Mais plutôt :
𝑬𝒔𝒕-𝒄𝒆 𝒒𝒖’𝒊𝒍 𝒆𝒔𝒕 𝒑𝒓𝒆̂𝒕 𝒂̀ 𝒓𝒆𝒔𝒕𝒆𝒓… 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒅𝒆 𝒗𝒓𝒂𝒊 ?

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07/09/2025

𝐋𝐄𝐒 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐌𝐈𝐍𝐀𝐓𝐀

𝑬́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 5: 𝑳𝒆 𝒓𝒆𝒕𝒐𝒖𝒓 𝒅𝒆 22𝒉14

Il est 22h14 quand on frappe à la porte.

Trois petits coups secs.

Aminata ne dort pas.
Elle est couchée, mais son esprit tourne.
Depuis des jours, elle ne trouve pas le sommeil.
Entre le dispensaire, les questions d’Ibrahim, et ce ventre qui commence à se faire sentir…
Elle n’est plus tranquille.

Elle se lève.
Pas par curiosité.
Mais par instinct.

Elle ouvre doucement.
Et là, elle le voit. 𝑳𝒖𝒊

Chemise froissée, sac en bandoulière, regard fuyant.
Toujours le même.

— Tu m’ouvres pas ? dit-il, comme si ça allait de soi.

Elle le fixe.
Le silence est long.
Même les grillons se sont arrêtés.

Il fait un pas. Elle ne bouge pas.

— Je suis revenu, Ami.

Elle sourit.
Pas un sourire de joie.
Un sourire sec. Un de ceux qu’on fait quand on ne sait pas s’il faut 𝒑𝒍𝒆𝒖𝒓𝒆𝒓 𝒐𝒖 𝒄𝒍𝒂𝒒𝒖𝒆𝒓 𝒍𝒂 𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆.

— Pourquoi maintenant ? demande-t-elle.

Il baisse les yeux.

— J’ai appris… pour le bébé.

Elle fronce les sourcils.
Personne ne sait. Elle n’a rien dit.

— Qui t’a dit ça ?

Il ne répond pas.
Il fixe juste le sol.

— Tu m’espionnes ?
— Non. Je t’aime.

Elle rit.
Un petit rire triste.

— Tu es parti comme un voleur. Tu laisses une note et tu reviens avec des mots ?

Il tente de la prendre par la main. Elle recule.

— Je suis fatiguée, dit-elle.
Très fatiguée.

Et elle referme la porte.
Doucement.

Mais derrière, elle entend un mot. Un seul.
Chuchoté. Peut-être sans le vouloir.

— 𝙋𝒂𝙧𝒅𝙤𝒏.

Elle reste là, la main sur la poignée, immobile.
Ce mot-là, elle l’attendait.
Mais 𝒑𝒂𝒔 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒄̧𝒂.
Pas maintenant.
Pas à 22h14.

—

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06/09/2025

𝐋𝐄𝐒 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐌𝐈𝐍𝐀𝐓𝐀

𝑬́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 4 : 𝑳𝒆 𝒈𝒂𝒓𝒄𝒐𝒏 𝒂̀ 𝒍𝒂 𝒄𝒉𝒆𝒎𝒊𝒔𝒆 𝒃𝒍𝒆𝒖𝒆

— Maman, pourquoi je n’ai pas de papa comme les autres ?

Aminata fige.
Elle ne tourne même pas la tête.

Ibrahim est là, debout dans son petit uniforme scolaire trop grand pour lui.
La fameuse chemise bleue, lavée cent fois, qui pend un peu sur ses épaules maigres.
Il tient son seau d’eau d’une main, sa chaussure droite dans l’autre.

Elle ne s’attendait pas à cette question. Pas aujourd’hui.

— Qui t’a dit ça ? demande-t-elle, sans lever les yeux.

— Personne.
Mais à l’école, Youssouf, il dit que son papa l’amène parfois.
Et même qu’il l’aide à faire ses devoirs.
Moi… j’ai que toi.

Aminata sent sa gorge se nouer.
Elle ne sait pas quoi répondre.
Elle pense à 𝒍’𝒂𝒖𝒕𝒓𝒆, celui qui s’est enfui sans même se retourner.

Mais comment dire ça à un enfant de 6 ans ?

— Ton papa… il vit loin maintenant, murmure-t-elle.

— Il va revenir ?

Silence.

Ibrahim attend.
Il cherche une promesse dans les yeux de sa mère.
Mais il n’y en a pas.

Aminata s’approche.
Elle s’agenouille.
Elle essuie une trace de poussière sur la joue de son fils.

— Tu sais, parfois, les gens partent.
Pas parce qu’on ne les aime pas… mais parce qu’ils ont peur.

— Peur de quoi ?

— De ce qu’ils ressentent.
De leurs responsabilités.
Ou de leur passé.

Ibrahim ne comprend pas vraiment.
Mais il hoche la tête.

— Moi, j’ai pas peur, dit-il.
Même si tu cries ou que tu me frappes. Je reste.

Aminata éclate en sanglots.

Pas parce qu’il a dit quelque chose de mal.
Mais parce qu’il vient de lui offrir 𝒍𝒂 𝒔𝒆𝒖𝒍𝒆 𝒄𝒉𝒐𝒔𝒆 𝒒𝒖’𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒏’𝒂 𝒋𝒂𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒗𝒓𝒂𝒊𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒓𝒆𝒄̧𝒖𝒆 :
Une présence qui ne s’enfuit pas.

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06/09/2025

𝐋𝐄𝐒 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐄𝐒 𝐃’𝐀𝐌𝐈𝐍𝐀𝐓𝐀

𝑬́𝑷𝑰𝑺𝑶𝑫𝑬 3 : 𝑼𝑵 𝑷𝑹𝑬́𝑵𝑶𝑴 𝑫𝑨𝑵𝑺 𝑳𝑨 𝑮𝑶𝑹𝑮𝑬

Ce soir-là, Aminata rentre plus tôt.
Mais elle ne rentre pas vraiment. Elle s’arrête devant la porte.
Longtemps.

Son fils, Ibrahim, dort déjà.
Il a mangé les restes de riz au feu, bu de l’eau tiède dans une bouteille vide de soda,
et s’est endormi en tenant son petit cahier sur le ventre.

Aminata l’observe.
Elle l’aime d’un amour qui serre la poitrine.
Mais ce soir, elle sent une boule dans la gorge.
Ce n’est pas à cause d’Ibrahim.

C’est à cause de 𝒍𝒖𝒊.

Ce prénom qu’elle refuse de prononcer.
Ce prénom qui lui brûle les lèvres dès qu’elle y pense.

Il y a un an, ils riaient encore sur la même natte.
Il disait qu’il n’avait rien à lui offrir sauf sa présence.
Elle répondait que c’était suffisant.

C’était faux.
Mais elle voulait y croire.

Puis un jour, il est venu avec un sourire bizarre.
Trop calme. Trop poli.
Il a pris son sac.
Et il a dit :

— Je vais revenir, je te jure.

Il n’a jamais précisé où il allait.
Ni pourquoi il partait si soudainement.
Il a juste laissé une note sous l’oreiller.

𝑷𝒂𝒓𝒅𝒐𝒏𝒏𝒆-𝒎𝒐𝒊 𝒅𝒆 𝒏𝒆 𝒑𝒂𝒔 𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒂𝒔𝒔𝒆𝒛 𝒇𝒐𝒓𝒕 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒓𝒆𝒔𝒕𝒆𝒓.

Depuis ce jour, Aminata n’a jamais dit son prénom à voix haute.
Même pas en rêve.

Mais maintenant qu’elle porte ce deuxième enfant…
Elle sent qu’elle ne pourra plus faire semblant.
Il va falloir 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆𝒓 𝒅𝒆 𝒍𝒖𝒊 à brahim.
À l’autre, qui pousse doucement sous son ventre.

Mais comment parler d’un homme 𝒒𝒖𝒊 𝒏’𝒂 𝒋𝒂𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒔𝒖 𝒓𝒆𝒔𝒕𝒆𝒓 ?
Commet nommer un fantôme ?

Et surtout, si jamais il revenait…
Est-ce qu’elle aurait la force de 𝒍𝒆 𝒄𝒉𝒂𝒔𝒔𝒆𝒓 ?
Ou de 𝒍’𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆𝒓 ?

Ce soir, Aminata ferme les yeux.
Et dans sa gorge, un prénom remonte.
Mais il reste coincé. Comme un souvenir qu’on veut oublier, mais qui refuse de mourir.

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06/09/2025

LES SILENCES D’AMINATA

ÉPISODE 2 : LE SAC EN PLASTIQUE NOIR

Aminata n’a presque pas parlé ce matin.
Même à la petite fille qu’elle coiffe, elle n’a lancé que des sourires pressés.

Il est 13h02 quand elle ferme discrètement le salon.
Elle met un pagne par-dessus sa robe, attache son foulard, prend un petit sac noir,
et sort à pied.

Elle marche vite.
Pas à cause du soleil.
À cause de ce qu’elle va faire.

Elle arrive au dispensaire. C’est calme.
Une vieille télé grésille au fond du couloir.
Une femme enceinte dort sur une chaise.

L’infirmière la reconnaît tout de suite.

— Tu es revenue ?
Aminata hoche la tête.

Elle est conduite dans une pièce plus petite. Plus sombre.

— Tu es sûre de toi, Aminata ?
Elle ne répond pas.
Elle tend simplement le petit sac noir.
Dedans : un pagne propre, un savon, un morceau de pain.

Elle n’a pas besoin de parler.
Dans ce quartier, ce genre de sac, on sait ce que ça veut dire.

L’infirmière soupire.
Elle prend les affaires, puis note quelque chose sur un papier.

— Tu peux t’asseoir un moment, le temps que la salle soit prête.

Mais Aminata reste debout.

Elle regarde la porte.
Son cœur bat si fort qu’elle n’entend plus la télé au loin.

Elle pense à son fils.
À ce qu’il lui a dit ce matin, en jouant avec une boîte vide :

— Maman, si j’avais un petit frère, je partagerais mes biscuits.

Elle a senti quelque chose la traverser.
Un truc entre la honte et l’amour.

Ses mains tremblent.
Mais ce n’est pas la peur.

C’est ce qu’elle s’apprête à faire.
Ce qu’elle a déjà trop souvent vu d’autres faire.
Et qu’elle avait juré de ne jamais faire.

— Aminata ?
C’est l’infirmière.

Elle est debout, à l’entrée de la pièce du fond.

— C’est bon. Tu peux entrer.

Aminata avance.
Un pas, deux pas.

Puis elle s’arrête.

Et soudain, elle dit :

— Je... je reviens.

Elle tourne les talons, sort du dispensaire,
et se met à marcher sans se retourner.

Mais ce qu’elle porte en elle, elle ne l’a pas laissé là-bas.

Elle l’a gardé.
Encore une fois.

Et elle ne sait toujours pas pourquoi.

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06/09/2025

LES SILENCES D’AMINATA

ÉPISODE 1 : CE QUE SES MAINS TAISENT

Aminata est coiffeuse.
Mais sa vraie vie commence quand le rideau du salon se ferme.

Il est 19h47.
Les dernières mèches sont posées.
Les chaises rangées.
Les rires envolés.

Aminata baisse le rideau métallique de son petit salon, au coin du carrefour Cité-Rouge.
Trois mètres carrés de tresses, de confidences, de musique douce et d’odeurs de crème capillaire.

Tout le quartier l’aime.
"Ami la douce", comme on l’appelle.
Toujours polie. Toujours souriante.
Mais PERSONNE ne sait qu’elle dort à même le sol, derrière le comptoir, sur une natte usée.

Et personne ne sait non plus que cette nuit encore,
elle n’a PAS FERMÉ L’ŒIL.

Aujourd’hui, elle a failli s’évanouir en tressant une cliente.
Elle a fait semblant d’avoir mal au dos.
Mais ce n’était pas le dos.
C’était... *L’ANNONCE*.
Celle du mardi matin.

Un papier plié six fois. Rangé au fond de son sac.
Entre un paquet de mouchoirs et une vieille photo de son fils.

Sur ce papier, une seule phrase :
*"Test positif. Félicitations."*

Aminata n’a pas souri.

Elle s’est levée.
A remercié.
Puis elle est sortie en silence.

Dans le salon vide, elle s’assoit.
Elle fixe le miroir fendu accroché au mur.
Et pendant quelques secondes, elle se regarde vraiment.

Puis elle pose les mains sur son ventre.

Et murmure :

— *Cette fois… on ira jusqu’au bout.*

Il n’y a personne pour entendre.

Ou peut-être que si.

DEMAIN, elle doit retourner au dispensaire.
Pas pour un suivi, mais pour UNE DÉCISION.

Aminata n’a encore rien dit à personne.
Pas même à LUI.

Que va-t-elle faire ❓

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05/09/2025

Voici la description de notre première série /histoire

Les silences d’Aminata – Présentation de la série

Aminata est coiffeuse dans un quartier populaire. Tout le monde la connaît. Tout le monde l’aime.
Mais personne ne sait ce qu’elle cache.

Derrière son sourire calme, il y a des nuits blanches, des choix impossibles, des blessures anciennes…
Et surtout, un secret qu’elle n’a encore dit à personne.

*“Les silences d’Aminata”*, c’est l’histoire d’une femme ordinaire confrontée à des décisions extraordinaires.
Une série poignante, ancrée dans le réel, inspirée de vies africaines, où chaque épisode dévoile un peu plus ce qu’Aminata ne dit à personne… pas même à elle-même.

Des confidences. Des larmes. Des silences qui en disent long.
*Bienvenue dans son monde.*

05/09/2025

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