24/08/2025
🫵🏿 POURQUOI L’ÉQUIPE NATIONALE LOCALE DU SÉNÉGAL VAUT 0 € ?
En consultant la plateforme de suivi et de valorisation des joueurs Transfermarkt (référence mondiale dans ce domaine), un constat frappe : l’équipe nationale locale du Sénégal est actuellement estimée à 0 €. Autrement dit, aucun footballeur membre de l'actuelle équipe nationale locale qualifiée en demi-finale du Championnat d'Afrique des Nations n’a de valeur marchande officiellement établie.
Nous nous offusquons chaque fois qu’un sud-américain, parfois moins talentueux ou moins performant, coûte plus cher qu’un footballeur sénégalais plus doué ou plus performant. Mais nous ne nous interrogeons pas sur les raisons de cet écart.
Avant de nous comparer aux sud-américains, regardons, même au niveau continental, comment nous sommes encore en re**rd en termes de valorisation locale, en observant ce que font les dirigeants fédéraux d’autres pays.
Ceux qui ont dirigé notre football fédéral ces dernières années n’ont jamais élaboré de stratégie pour réduire l’écart dans la valorisation. Cette situation contraste avec de nombreuses nations africaines. Par exemple, l’Afrique du Sud, éliminée dès la phase de groupes, dispose d’une sélection locale dont la valeur totale des joueurs est estimée à 6,3 millions d’euros.
Pourquoi un tel écart ? La réponse est simple : le Sénégal n’a pas de système de tracking ni de suivi des performances des footballeurs locaux. Ces dernières décennies ont été marquées par une gestion qui n’a jamais véritablement cherché à aligner le championnat local sur les standards minimaux du football professionnel de haut niveau.
Pour remédier à cette situation, plusieurs mesures sont envisageables :
• Impliquer les quatrièmes arbitres et commissaires de matchs dans le suivi des statistiques en leur fournissant des tablettes pour enregistrer en temps réel buts, cartons, passes décisives, corners et autres actions pertinentes. Ces données alimenteraient une plateforme de notation fédérale à créer.
• Créer une plateforme numérique propre à la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) pour centraliser et tracker les données des joueurs, en collaboration avec certains organismes et agences de l’État.
• Associer des institutions comme l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, le Data Center National, la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP), et l’Agence de l’Informatique de l’État (ADIE)/Sénégal Numérique S.A. pour garantir la fiabilité, la protection et la valorisation des données.
Mettre en place ces dispositifs de suivi permettrait non seulement d’augmenter la visibilité et la valeur des joueurs locaux sur le marché international, mais aussi de professionnaliser et moderniser durablement le football sénégalais.
L’État a la responsabilité d’accompagner et de soutenir les initiatives liées au suivi et à l’analyse des données dans le sport, en particulier dans le football, car elles constituent un levier stratégique pour la performance et la compétitivité. Cela doit passer par une synergie entre des institutions clés telles que l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, le Data Center National, la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP) et l’Agence de l’Informatique de l’État (ADIE)/Sénégal Numérique S.A., afin de garantir une collecte, une protection et une valorisation optimale des données sportives.
Un tel engagement s’inscrit pleinement dans la vision gouvernementale du New Deal Technologique, brandie depuis l’arrivée au pouvoir des autorités actuelles. Pourtant, force est de constater qu’à travers la démarche de la ministre en charge du secteur, dont la politique reste floue depuis plus d’un an et demi, le sport demeure relégué à la périphérie, alors qu’il devrait constituer un axe central du développement économique, social et technologique du pays.
Au-delà du simple fait de noter les corners, buts et autres actions, ces données pourraient permettre à l’État de connaître la valeur réelle du football local, sa rentabilité et ses retombées financières. Ainsi, les décisions étatiques seraient facilitées, car les indicateurs seraient basés sur des chiffres factuels, fiables, accessibles et démocratisés.
Courage à ceux qui viennent d’arriver dans les hautes sphères de nos instances de football national (FSF, Ligue Pro, Ligue Amateur...) et qui comptent changer les choses avec sincérité, désintéressément et patriotisme. Le chemin sera toujours difficile, mais il faut vraiment réduire cet écart, voire cette anomalie.