
07/09/2025
Fierté et ferveur au Club éthiopien de Djibouti à l’approche de l’inauguration du GERD
DJIBOUTI, 7 septembre 2025 (ADI) - Au Club éthiopien, ce dimanche après-midi, la salle est pleine. Entre les murs blancs où flottent des ballons gonflables vert-jaune-rouge, la communauté éthiopienne s’est donné rendez-vous. Dans deux jours, à Addis-Abeba, sera inauguré le Grand barrage de la Renaissance (GERD). A Djibouti, on anticipe l’événement comme une victoire partagée.
Dereje, 41 ans, a le regard pétillant. Employé dans une entreprise de transit, il raconte avoir contribué « selon ses moyens », à la collecte nationale lancée il y a plus de dix ans pour financer le barrage. « Je voulais être acteur de ce rêve. Même ici, loin du pays, je me suis senti utile. » Pour lui, le GERD est d’abord une affaire de dignité. « Nous avons bâti cela seuls, sans prêt étranger. »
A ses côtés, Natty, 32 ans, vêtue d'un habit traditionnel ethiopien, voit dans ce barrage « une promesse de modernité ». « Ce projet va transformer nos vies », dit-elle avec enthousiasme.
Dans un coin de la salle, Chumet, 36 ans, cadre dans une organisation non gouvernementale, évoque le souvenir des coupures d’électricité qui rythmaient son enfance. Pour elle, le GERD marque un tournant pour son pays. « Trop longtemps, l’Ethiopie a été associé à la famine. Aujourd’hui, nous montrons que nous pouvons être une nation d’énergie », dit-elle, le regard calme.
Au milieu des chants patriotiques et des tasses de café noir, chacun mesure la portée symbolique du projet. « Ce barrage va changer la vie de nos familles, donner de l’électricité à nos villages et des emplois à nos jeunes », s’enthousiasme Kebede Abera, Chef de mission adjoint de l'Ambassade de la République fédérale démocratique d'Éthiopie à Djibouti. Les applaudissements ponctuent son propos, comme pour conjurer la distance.
Construit sur le Nil Bleu, à Guba, dans la région de Benishangul-Gumuz, le GERD dispose d’une capacité de stockage de 74 milliards de m³, faisant de lui la plus grande centrale hydroélectrique du continent africain.
Ce projet, financé exclusivement par les Ethiopiens, est présenté par le gouvernement comme un symbole d’indépendance nationale et de modernisation. L’électricité produite doit permettre d’élargir l’accès à l’énergie dans le pays et de stimuler l’industrialisation, tout en générant des revenus via l’exportation d’électricité vers les pays voisins.
Mardi, quand Abiy Ahmed donnera le coup d’envoi officiel de l’inauguration en marge du Sommet africain sur le climat, les regards du continent se tourneront vers Addis-Abeba. Au Club éthiopien de Djibouti, on promet déjà de suivre chaque instant, avec la même ferveur que si l’on y était.