
18/06/2025
« C’est absurde, comment est-ce possible ? » m’a-t-elle dit, déconcertée.
Mes Salam à toutes et à tous,
La semaine dernière, j’ai reçu en consultation une jeune fille qui a vécu un parcours médical pour le moins déroutant. Elle m’a raconté,les nombreuses péripéties qu’elle a traversées à cause de démangeaisons persistantes.
Tout a commencé par une série de consultations chez des médecins généralistes du secteur privé. Le diagnostic ?
« Ce sont des allergies », lui affirmait-on. On lui prescrivait des traitements qui soulageaient temporairement les symptômes, mais rien de durable.
Puis, elle consulte un spécialiste qui, cette fois, évoque une mycose plus précisément une candidose cutanée ("Cambare bido"). Elle suit alors le traitement avec sérieux. Et miracle : les démangeaisons disparaissent, les taches aussi. Tout semble enfin rentré dans l’ordre.
Mais quelques semaines plus t**d, les symptômes reviennent. Identiques, insistants. Elle reprend le traitement prescrit auparavant, pensant obtenir le même soulagement. En vain. Cette fois, rien ne change. Désemparée, elle vient me voir.
— « Docteur, j’ai suivi la même ordonnance, exactement la même, mais ça ne fonctionne plus. Qu’est-ce qui se passe ? Je commence à croire que c’est le mauvais œil… Je suis même allée voir un cheikh, mais sans résultat… », me confie-t-elle, entre inquiétude et lassitude.
Cette patiente , appelons-la Aïcha ,Elle est âgée de 33 ans. Une belle femme, au regard expressif. Lors de l’examen physique, un détail m’a immédiatement interpellé : la couleur de sa peau n'était pas uniforme à certains endroits, Autre constat : elle est en surpoids, ce qui n’est pas sans conséquence sur sa santé globale.
Je l’interroge alors sur ses antécédents familiaux, sur son hygiène de vie, et surtout sur les produits qu’elle applique sur sa peau. Ce qu’elle me révèle me laisse un instant sans voix.
— « J’utilise du , le produit éthiopien… et aussi du », me dit-elle sans détour.
🧫⚗️Ce dernier nom résonne étrangement à mes oreilles. Je fais quelques recherches, je recoupe les informations : oui, ce produit existe. Il est d’origine somalienne, vendu en toute liberté, et surtout... sans aucune documentation claire sur sa composition. Un cocktail inconnu. Un mélange d’ingrédients aux effets imprévisibles. En vente libre, accessible à toutes celles qui, comme Aïcha, cherchent désespérément à correspondre à des standards de beauté imposés et dangereux.
😱À ce moment précis, le tableau clinique prend un tout autre sens. Ces démangeaisons à répétition, ces rechutes inexpliquées, cette mycose récalcitrante... et maintenant, ces altérations cutanées.
👀Tout devient plus clair, et pourtant, plus grave.
📍Je prends le temps de lui expliquer calmement la situation. Il s’agit d’une mycose cutanée assez diffuse, favorisée par l’utilisation prolongée de produits contenant des corticoïdes puissants et non contrôlés.
📌Ces produits, en affaiblissant la barrière naturelle de la peau, la rendent beaucoup plus vulnérable aux infections, en particulier aux affections fongiques. Mais les conséquences ne s’arrêtent pas là.
🩻🧬J’attire son attention sur les risques plus graves associés à une exposition prolongée aux corticoïdes. En plus des problèmes dermatologiques fréquents, ces substances peuvent entraîner des complications bien plus sérieuses :
➡️Des troubles métaboliques, comme le diabète, peuvent survenir après une utilisation chronique.
➡️Un risque accru de cancers cutanés, en lien avec la fragilisation de la peau.🦀🦀🦀
➡️Et, plus inquiétant encore, une insuffisance surrénalienne, une pathologie grave due à la suppression du fonctionnement normal des glandes surrénales, responsables de la production de cortisol, une hormone essentielle à l’équilibre de l’organisme.
Elle me répond alors, un peu agacée :
— « Ma mère se dépigmente depuis longtemps, tout comme mes tantes, et elles n’ont jamais eu de problèmes de santé… Donc c’est absurde que ce soit moi qui écoppe de tout ça ! »
Pour y voir plus clair, je décide de réaliser un petit bilan sanguin dans notre centre. Et devinez quoi ? Le résultat tombe : elle est diabétique.
Par souci de confirmation, le bilan est refait dans un autre laboratoire. Même constat.
Certes, elle présente une prédisposition familiale au diabète, ce qui explique en partie l’apparition de la maladie. Mais il ne faut surtout pas minimiser l’impact des produits dépigmentants à base de corticoïdes auxquels elle a été exposée pendant des années. Ce sont des facteurs aggravants non négligeables, qui ont très probablement contribué à la survenue précoce de son diabète.
🌹🫵🏽💌 Mes dames ,
🎨 Chaque nuance de peau est une richesse, pas une erreur de fabrication !
Peu importe que vous soyez caramel, ébène, moka, miel ou chocolat . Vous êtes une œuvre d’art, pas un chantier à éclaircir.
✨ Chérissez votre identité, portez-la avec fierté... et arrêtez de vouloir ressembler à un filtre Instagram !
Votre peau raconte votre histoire, pas celle des standards imposés. Soyez vous-même, en mieux : authentique, éclatante, et naturellement inimitable.
Dr.Ibtissam Galeb Mahmoud