12/10/2025
Héritage & FAJO 2025 : Djibouti au cœur de la mémoire et de la gouvernance numérique africaine
La rentrée politique a peine passée que déjà se profile à l’horizon deux événements majeurs dont l'un a porté continentale qui se tiendront dans notre pays Djibouti à la mi octobre 2025. Ces 2 événements respectivement dénommé « Héritage » et première édition du « Forum Africain des Journaux Officiels (FAJO) » soulignent mieux que des mots l’ambition continentale de notre pays. Derrière leur apparente diversité ( une rétrospective historique d’un côté, un forum sur la gouvernance juridique et numérique de l’autre ) se dessine une cohérence profonde : l’affirmation d’un pays qui entend de plus en plus à conjuguer la mémoire de son passé avec une vision stratégique pour son avenir.
Héritage : Un devoir de mémoire
L’exposition « Héritage » qui ouvrira ses portes le 15 octobre 2025 et jusqu’au 15 novembre 2025 propose bien plus qu’une accumulation d’archives et d’objets. Elle se veut une plongée dans les strates de l’histoire djiboutienne, depuis les routes caravanières et les sultanats musulmans médiévaux jusqu’a la colonisation et les luttes douloureuses du XXᵉ siècle. Les documents exposés ( traités, décrets, témoignages oraux ) rappellent la brutalité de la domination coloniale, l’oppression, les fractures sociales engendrées, mais aussi la résilience des populations et le combat pour la liberté .
Dans une époque où, de plus en plus, les jeunes et moins jeunes générations sont happées par l’immédiateté numérique, le risque est grand de voir nos enfants se couper de leur histoire et de notre mémoire collective. L’exposition « Héritage » est un souffle d’histoire, de notre histoire dans le tourbillon de nos mondes. Elle ne se veut pas simplement un miroir de notre passé : mais elle se veut et se vit aussi comme un outil pédagogique, inter generationnel , de transmission de notre histoire . Le MENFOP , pleinement associé à cette initiative, permettra a tous les enfants de la République, dans les villes mais aussi en milieu rural de participer pleinement à cette exposition et traduit, egalement la volonté qui est sienne d’ancrer durablement notremémoire, notre passé dans l’esprit de nos enfants et dans les programmes éducatifs. L’enjeu n’est pas seulement muséal, il est citoyen et vise arenforcer notre conscience nationale
Cette démarche revêt une portée universelle. Elle rejoint les réflexions menées ailleurs en Afrique sur la nécessité de revisiter et de réhabiliter l’histoire nationale à travers des expositions, des musées, des archives vivantes. C’est une manière de contrer l’oubli, mais aussi de donner du sens, un sens aux trajectoires actuelles des États africains.
FAJO : de l’archive juridique à la souveraineté numérique
Si Héritage interroge le passé, le FAJO, lui, se tourne résolument vers l’avenir. À première vue, il s’agit d’un forum sur la gouvernance juridique , sur les outils de la dématérialisation des journaux officiels et sur la modernisation de l’accès au droit. Mais derrière ce cadre se jouent également des enjeux de première importance : la maîtrise des données publiques, la souveraineté numérique, et la construction d’un espace juridique africain cohérent.
Dans un continent où la dépendance technologique reste criante, Djibouti propose d’ouvrir une voie. L’expérience du e-Journal Officiel en témoigne : ce qui pourrait hier apparaître comme un simple outil administratif est devenu un aujourd’hui un trésor pour les historiens, pour les chercheurs, les étudiants, les administrations, les professionnels du droit, la société civile;. Fort de son experience et de son expertise, la République de DJIBOUTI entend à travers ce forum, premier du genre en Afrique proposer une voie basée sur (i) les échanges d’expérience , (ii) le partage des compétences et(iii) la coopération Sud Sud afin de construire une Afrique plus forte.
Le FAJO 2025 rassemblera des ministres de la Justice, secrétaires généraux des gouvernements, juristes, mais aussi représentants de la société civile, de l’Union africaine, de la Banque Africaine . Cette diversité illustre que la gouvernance juridique n’est plus l’affaire exclusive dun cercle restreint d’experts : elle touche à la transparence, à l’inclusion citoyenne, à la sécurisation des données publiques. Dans un contexte où la numérisation du droit est souvent dépendante de serveurs et d’infrastructures extérieures, le forum ouvre un débat crucial : comment bâtir une mémoire juridique africaine partagée, sécurisée et souveraine ?
La souveraineté comme fil conducteur
En réalité, Héritage et le FAJO racontent une même histoire. La première est tournée vers le passé, la seconde vers l’avenir, qui reposent sur une logique identique : la SOUVERAINETÉ . La souveraineté politique, conquise par les luttes de l’indépendance, La souveraineté numérique et la souveraineté juridique, toujours reste à construire face aux défis technologiques et géopolitiques contemporains.
La juxtaposition des deux événements n’est pas une coïncidence. Elle révèle une stratégie : Djibouti se positionne à la fois comme gardien de la mémoire nationale et comme catalyseur d’innovations africaines. Autrement dit, il affirme que l’indépendance ne se réduit pas à une date ( 27 juin 1977 ) mais qu’elle est un processus continu, qui doit se réinventer dans les domaines où la dépendance extérieure menace encore.
Longtemps perçu uniquement comme un carrefour géographique ( point de passage entre la mer Rouge et l’océan Indien, base militaire et plateforme logistique ) Djibouti tente désormais de devenir un carrefour normatif. Il ne s’agit plus seulement de transporter des marchandises ou de sécuriser des routes maritimes, mais de faire circuler des idées, des standards, des modèles de gouvernance.
L’ambition est claire : démontrer qu’un petit État peut, par sa position stratégique et son volontarisme politique, jouer un rôle moteur à l’échelle régionale, voire continentale. Après avoir été vitrine de la coopération militaire et logistique, Djibouti se veut désormais une vitrine de la coopération juridique et numérique africaine.
La convergence d’Héritage et du FAJO dit raconte aussi une autre histoire, plus grande : l’Afrique est à un moment charnière de son développement et de son histoire . Elle doit, d’un côté, préserver et valoriser ses mémoires, souvent fragmentées ou confisquées par l’histoire coloniale et elle doit, en même temps sinventer, développer ses propres outils et trouver sa voie pour affronter les défis du XXIᵉ siècle; qu’il s’agisse de (i) souveraineté numérique, (ii) protection des données ou (iii) construction d’institutions inclusives.
Djibouti, par ces deux initiatives, propose une articulation : se souvenir pour mieux construire. Et rappeler qu’un peuple qui maîtrise son histoire est un peuple qui maîtrise son destin. « Un peuple sans mémoire et un peuple sans avenir » se plait a rappeler SE IOG President de la République qui incessamment nous rappelle a notre devoir de mémoire
Ce que Djibouti met en avant à travers Héritage et le FAJO, c’est une vérité fondamentale : la souveraineté est multiforme. Elle est politique, et fut conquise de haute lutte. Elle est aujourd’hui numérique et juridique, et doit être pensée individuellement et collectivement. Le succès de ces deux événements ne se mesurera pas seulement à leur organisation, mais à leur capacité à inscrire durablement une dynamique : celle d’une Afrique consciente de son passé et souveraine dans son avenir.
Djibouti, en somme, illustre que la souveraineté n’est pas une posture, mais un processus permanent, nourri à la fois par la mémoire et par l’innovation.