17/09/2025
*Baccalauréat 2024-2025 : 227 écoles du département de l’Ouest affichent 0% de réussite*
Écrit par Jonathan Gédéon
Les résultats du baccalauréat 2024-2025 dans le département de l’Ouest révèlent une situation préoccupante. Avec un taux de réussite global de 40,68%, ces chiffres cachent une réalité plus complexe qu’il n’y paraît. Derrière cette moyenne se trouve une vérité troublante : 227 écoles n’ont eu aucun élève admis, tandis que 51 établissements ont réussi l’exploit d’atteindre 100% de réussite.
Cette différence énorme entre les écoles pose une question importante : Ce taux de 40,68% reflète-t-il vraiment la situation des écoles du département ? Pour bien comprendre, il faut regarder de plus près ce qui s’est passé.
Au total, 1 628 écoles ont inscrit leurs élèves aux examens. Sur 41 537 élèves inscrits, 39 195 ont effectivement participé aux épreuves. Cela signifie que 2 342 élèves étaient absents le jour des examens. Cette absence massive s’explique facilement par l’insécurité qui règne dans la région de Port-au-Prince. Beaucoup d’élèves ont dû quitter leur école et se déplacer vers d’autres départements du pays. L’exemple du Lycée National de La Saline illustre parfaitement cette tragédie. Cette école n’a inscrit qu’un seul élève aux examens. Malheureusement, ce seul candidat a échoué.
Fort heureusement, le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) avait permis aux élèves déplacés de passer leurs examens dans d’autres départements. On espère donc que ces 2 342 absents ont pu passer leurs épreuves ailleurs.
Parmi les 39 195 élèves qui ont participé aux examens, 15 945 ont été admis. C’est ce qui donne le taux de réussite de 40,68%. Mais attention ! Ce chiffre peut être trompeur. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une moyenne, et les moyennes ont un défaut bien connu : elles sont influencées par les résultats extrêmes.
Pour mieux comprendre, rappelons d’abord ce qu’est une moyenne. Imaginez que vous voulez connaître la taille moyenne de vos amis. Vous additionnez toutes leurs tailles, puis vous divisez l’addition par le nombre d’amis. C’est exactement ce qu’on fait ici avec les taux de réussite des écoles.
Mais il existe deux autres façons de mesurer le centre d’un groupe de chiffres. D’abord, il y a le mode, qui est simplement le chiffre qui apparaît le plus souvent. Ensuite, il y a la médiane, qui est le chiffre du milieu quand on range tous les chiffres dans l’ordre.
Dans ce cas présent, la médiane nous donne une information plus juste que la moyenne. Comment la calcule-t-on ? C’est simple. On range d’abord tous les taux de réussite des 1 628 écoles du plus petit au plus grand. Ensuite, on cherche le chiffre du milieu. Comme nous avons 1 628 écoles (un nombre pair), on divise la quantité par deux, ce qui nous donne 814. La médiane sera la moyenne entre le taux de la 814e école et celui de la 815e école.
Le résultat est surprenant : la médiane est de 32%. Cela veut dire que la moitié des écoles ont eu moins de 32% de réussite, et l’autre moitié plus de 32%. C’est très différent des 40,68% annoncés !
Cette différence s’explique facilement. Les 51 écoles qui ont eu 100% de réussite tirent la moyenne vers le haut. C’est comme si dans votre groupe d’amis, vous aviez quelqu’un de très grand : cela ferait monter la taille moyenne de tout le groupe, même si la plupart de vos amis sont de petite taille.
Regardons les chiffres de plus près. Seulement 38 écoles ont eu exactement 40% de réussite, soit le taux global. Par contre, 621 écoles ont fait mieux que 40% ; tandis que 969 écoles ont fait moins bien. Cela montre bien que la plupart des écoles sont en-dessous de la moyenne annoncée.
La situation devient encore plus claire quand on examine d’autres chiffres. Seulement 504 écoles, soit moins d’une sur trois, ont atteint 50% de réussite ou plus. À l’autre extrême, 298 écoles ont eu moins de 10% de réussite. Ces chiffres montrent à quel point les performances sont inégales.
L’exemple de Montrouis confirme cette analyse. Cette commune a eu seulement 21,32% de réussite, bien en-dessous de la moyenne départementale. Cela prouve que certaines zones géographiques sont particulièrement touchées par ces mauvais résultats.
Les lycées publics, eux, continuent de souffrir des problèmes qu’on connaît tous : grèves des professeurs, classes trop chargées, manque d’encadrement. Résultat : seulement six lycées ont réussi à dépasser 50% de réussite. Le meilleur, le Lycée Marie Jeanne, a atteint 76,62%. Suivent le Lycée Charles Belair de l’Arcahaie avec 62,69%, le Lycée du Cent Cinquantenaire avec 59,62%, le Lycée Jean-Jacques Dessalines avec 54%, le Lycée Jacques 1er avec 51,75% et le Lycée Alexandre Pétion avec exactement 50%.
Que nous apprend cette analyse ? D’abord, qu’il faut être prudent avec les moyennes, surtout quand les situations sont très différentes d’un endroit à l’autre. Ensuite, que la médiane nous donne souvent une image plus fidèle de la réalité. Enfin, que derrière le chiffre de 40,68%, se cache une crise éducative profonde qui touche particulièrement certaines écoles et certaines régions.
Ces résultats nous obligent à repenser notre façon d’analyser les performances scolaires. Au lieu de se contenter d’une moyenne générale, il faut regarder les détails pour comprendre où sont les vrais problèmes et agir en conséquence.
