28/07/2025
« Ki nawer el melh ! »
Par Hamid Dahmani
Notre terroir est fantastique dans sa définition patrimoniale et dans sa sagesse culturelle. Le proverbe peut être une morale langagière populaire avec une citation minérale salée. Dans cette idée, le sel a mis son grain pour cultiver sa morale. Le sel de table est une substance alimentaire essentielle dont on ne peut se passer dans notre nourriture. Ainsi, plusieurs expressions font référence à « Melh eddar », le « sel de la maison » qui reste sacré. Beaucoup de gens ne savent pas que le sel fleurit dans les marais salants. La fleur de sel coûte chère parce qu’elle est produite en petite quantité pour sa qualité supérieure. Et à ce titre, chez nous, il y a un proverbe populaire dont le sens péjoratif sert à titiller les menteurs et qui dit : « Ki nawer el melh ! », quand le sel fleurira, une expression lancée en réponse aux fausses promesses. A chaque fois que des pauvres malheureux sont confrontés à des situations bureaucratiques tordues, ils ont toujours dans la bouche cette réflexion : « Quand allez-vous résoudre notre problème ? Quand le sel fleurira ? » Une réaction aux engagements tenus par les candidats qui aspirent à un siège politique mais qui oublient vite leurs promesses dès qu’ils sont élus.
Il est vrai qu’ici au bled, on n’a jamais vu « le sel fleurir dans les marais ». Et pourtant, c’est vrai, le sel fleurit ailleurs pour le bonheur des peuples qui se respectent. À l’inverse et ailleurs, là où il y a des marais salants, le sel fleurit tout le long de l’année pour produire une fleur indispensable, qui donne toute sa saveur à la bonne cuisine. Chez nous, on connait, « Oued el Maleh », « El Malha », « Ain el Melh », mais nous n’avons jamais entendu parler de « N’war el melh » (la fleur de sel) car nos représentants ont toujours cultivé des promesses au conditionnel : « Si on est élu, on fera ceci et on fera cela pour vous rendre la vie plus facile lorsque nous seront aux commandes ». Mais, en réalité, tout le monde sait que sont des promesses en l’air.
On reste toutefois optimiste car, peut-être, le jour viendra où « n’war el melh » apparaitra chez-nous, et avec lui les disparités et les injustices s’effaceront à travers une meilleure gouvernance. Mais cela n’arrivera jamais quand on connait très bien nos interlocuteurs. Le pays possède d’énormes gisements de sel à ciel ouvert dans le sud, mais ils n’ont rien à voir avec les marais salants qui produisent la fameuse fleur de sel. La langue de bois à toujours fructifié le langage prometteur sans plus. En vérité « N’war el melh » ne verra jamais le jour ici sur le terrain ni dans la tête de ces « sauniers » et ce n’est qu’une supercherie pour perdurer dans le mensonge. Lorsque les plus optimistes promettent mont et merveilles aux attentes populaires, les plus pessimistes leurs répondent « Ki nawer el melh ! »
Peut-être que « bekri », il y avait une floraison du sel ici dans le pays, est c’est pour cela qu’on a inventé ce dicton contradictoire.
Cette expression nous rappelle l’autre proverbe avec la même sentence : « Quand les poules auront des dents ». « Ki nawer el melh », c’est aussi cette expression amusante qui met au défi les perfides devant le fait accompli. « Ki nawer elmelh », tout s’arrangera pour nous et on pourra mettre notre grain de sel dans nos salines pour les faire fleurir pour la bonne cause.
H. D.
https://lechelif.dz/2025/07/27/ki-nawer-el-melh/