Editions Frantz Fanon

Editions Frantz Fanon Frantz Fanon est avant tout l'histoire d'une rencontre entre deux passions: celle de créer et celle

Beaucoup d’écrivains, de Léon Tostoi à Christian Bobin, en passant par André Malraux, Jean-Paul Sartre et Philip Roth, o...
13/07/2025

Beaucoup d’écrivains, de Léon Tostoi à Christian Bobin, en passant par André Malraux, Jean-Paul Sartre et Philip Roth, ont interrogé l’art dans son essence et son rôle dans la société. C’est à cette tâche si belle et si exigeante que s’attelle Djamel Laceb, écrivain, dans un son magnifique ouvrage L’Art et la manière (Avril 2025) qu’il vient de publier aux éditions Frantz Fanon. À l’occasion de cet heureux événement, il nous donne quelques pistes pour une meilleure appréhension de sa démarche intellectuelle.

Beaucoup d’écrivains, de Léon Tostoi à Christian Bobin, en passant par André Malraux, Jean-Paul Sartre et Philip Roth, ont interrogé l’art dans son essence et son rôle dans la société. C’est à cette tâche si belle et si exigeante que s’attelle Djamel Laceb, écrivain, dans un son m...

Auteur et docteur en histoire, Alain Ruscio a consacré l’essentiel de ses travaux à l’histoire coloniale. Présentant son...
13/07/2025

Auteur et docteur en histoire, Alain Ruscio a consacré l’essentiel de ses travaux à l’histoire coloniale. Présentant son ouvrage "La première guerre d'Algérie: Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852", l'historien nous nous apporte ici un éclairage sur une période méconnue, deux décennies d’affrontements d’une intensité et d’une violence extrêmes. C'était lors d'une conférence organisée par l'Association les Amis d'Averoes à Toulouse le 7 juin 2025.

Les Ami-e-s d'Averroès ont eu le plaisir de recevoir Alain Ruscio lors des Soirées d'Averroès de Juin 2025. Auteur et docteur en histoire, Alain Ruscio a con...

Une si longue nuit de Lounes Ghezali (1) : La malédiction du non-ditArticle de M. Tabouche BoualemIncipit :S'il vous arr...
05/07/2025

Une si longue nuit de Lounes Ghezali (1) : La malédiction du non-dit

Article de M. Tabouche Boualem

Incipit :
S'il vous arrive un jour d'entendre parler de mon histoire, racontez-la à votre tour. N'hésitez pas, dites à tout-va ces sombres événements de ma vie pour que ne demeure plus une seule énigme dans les mémoires. Partagez-les pour faire oublier tout ce qu'ils charrient de ressentiment et de peine. La malédiction emprunte la voie du silence et de la peur.
Présentation :
Derrière chaque mot prononcé, derrière chaque vérité révélée, il y a un pas vers la délivrance. Ce n’est pas seulement une histoire personnelle que vous porterez ainsi, c’est aussi un geste de réparation. Car ce récit, aussi douloureux soit-il, peut guérir. Il peut empêcher le ressentiment de s’installer, il peut alléger les peines et rendre justice à ce que le silence a longtemps étouffé.
Critique :
Une si longue nuit est un roman sombre et poignant qui explore, avec une rare intensité, les abîmes de la mémoire et la persistance du traumatisme chez un homme brisé. À travers le personnage d'Akli, le lecteur est plongé dans l’univers intérieur d’un être ravagé par une douleur intime, insaisissable et omniprésente. Cette souffrance, que le temps n’apaise pas, ressurgit inlassablement, réactivée par les souvenirs, les lieux, les visages, mais aussi par ceux qui ont, de près ou de loin, contribué à sa genèse. Akli ne peut pas oublier. Ce n’est pas qu’il choisit de se souvenir : c’est plutôt que l’oubli lui est radicalement impossible. Sa vie entière est ainsi vouée à une forme de rumination douloureuse, comme un fil qu’on retord indéfiniment, une quête vaine de compréhension et de consolation.
Le point de bascule de cette existence tourmentée trouve son origine dans un événement tragique : l’assassinat du père d’Akli, tué dans des circonstances ignobles, conséquence directe d’un conflit autour d’une parcelle de terre convoitée, ce « jardin du ciel » que sa famille possédait et qu’on leur a injustement arraché. Ce lieu, chargé de mémoire et de symboles, devient alors le théâtre d’un crime odieux, d’une injustice fondatrice qui scellera à jamais le destin du héros. Ce drame originel, d’une violence inouïe, marque la rupture irrémédiable entre Akli et le monde. À partir de là, sa trajectoire semble figée, comme prise dans l’engrenage d’un destin implacable contre lequel aucune force ne peut véritablement lutter.
L’écriture de Ghezali restitue avec justesse cette descente aux enfers. Malgré les tentatives d’Akli pour se reconstruire, pour reprendre le dessus sur sa douleur et sur les cicatrices de son passé, il reste inexorablement prisonnier d’un cercle de souffrance, constamment rattrapé par l’ombre du meurtre, par l’écho d’un père disparu trop tôt. Sa mémoire le trahit autant qu’elle le définit. Même lorsqu’il pense avoir tourné la page, une réminiscence, un détail ou une parole suffit à le ramener au point de départ, dans un mouvement circulaire et fatal. C’est ainsi qu’il devient, au fil du récit, le spectateur désarmé de sa propre vie, incapable d’interrompre la marche de son malheur. Son existence, minée par une mémoire trop vive, s’apparente à un long chemin de croix.
À travers le prisme de ce destin brisé, Lounès Ghezali dresse également un tableau sans concession des mentalités villageoises, en particulier dans le village fictif d’Aguemoun. Ce microcosme, régi par des logiques claniques et des rivalités ancestrales, n’est pas sans rappeler l’univers des Chemins qui montent de Mouloud Feraoun. Mais la comparaison s’arrête là. Car si les deux auteurs partagent une même volonté de sonder l’âme kabyle à travers ses conflits sociaux et ses dilemmes moraux, le style de Ghezali se distingue par sa singularité assumée. Là où Feraoun privilégiait une écriture sobre et introspective, Ghezali opte pour une prose riche, vibrante, presque musicale.
En effet, l’une des grandes forces du roman réside dans la qualité littéraire de son écriture. Le style de Ghezali se caractérise par une grande maîtrise lexicale et une attention constante à la musicalité de la phrase. Du premier au dernier chapitre, le lecteur est porté par un rythme d’une remarquable constance, une cadence poétique qui confère au texte une densité émotionnelle et esthétique indéniable. À aucun moment, l’auteur ne cède à la facilité ni à la dispersion. Il n’y a chez lui ni digression gratuite, ni relâchement stylistique. Chaque mot est pesé, chaque image savamment construite, comme si l’auteur voulait, par la forme même de son récit, rendre justice à la profondeur tragique de son personnage.
Une si longue nuit est donc bien plus qu’un roman sur le deuil ou la vengeance. C’est un texte profondément humain, traversé par les grandes questions de la mémoire, de la justice, de la transmission et du destin. À travers la figure d’Akli, Lounès Ghezali interroge la possibilité même de survivre à l’irréparable, et parvient, avec une rare justesse, à faire de l’écriture le seul espace possible de résistance et de résilience.
(1) Ghezali, Lounès, Une si longue nuit, Alger, Editions Frantz Fanon, 2024, 1000 DA / 15 €

« La crise du FLN de l’été 1962-Indépendance nationale et enjeux de pouvoir(s) » de l’historien Amar Mohand-Amer est un ...
04/07/2025

« La crise du FLN de l’été 1962-Indépendance nationale et enjeux de pouvoir(s) » de l’historien Amar Mohand-Amer est un livre important et nécessaire. D’une part, il parle, en s’appuyant sur des témoignages inédits et des archives jusque-là inexplorées, d’une période charnière de l’histoire politique du pays. D’autre part, il est écrit par un historien de la nouvelle génération qui interroge une séquence historique dont il n’est pas contemporain et qu’il a le privilège d’observer avec audace, lucidité, rigueur et distance. Dans cet entretien, l’auteur parle d’abord de ses motivations pour se lancer dans une entreprise aussi périlleuse puisqu’il est appelé à croiser le fer avec les lobbys de la mémoire qui entretiennent toutes sortes de mythes sur cette période. Ensuite, répondant à des questions sur des points précis, il distingue la mémoire du travail de l’historien et nous invite à ne pas scénariser l’histoire à posteriori et à prendre les faits tels qu’ils se sont produits et non pas tels que nous aurions voulu qu’ils se soient produits. La guerre des wilayas, le groupe d’Oujda, souvent confoncdu avec le groupe de Tlemcen qui, lui, est le résultat d’un consensus entre l’ensemble des acteurs de la Révolution, les DAFs, etc., sont autant de sujet qu’il évoque dans cet entretien et qu’il nous propose de découvrir plus en détails dans son livre.

« La crise du FLN de l’été 1962-Indépendance nationale et enjeux de pouvoir(s) » de l’historien Amar Mohand-Amer est un livre important et nécessaire. D’une part, il parle, en s’appuyant sur des témoignages inédits et des archives jusque-là inexplorées, d’une période charnière ...

LE MAGHREB DES LIVRES : LES 28 ET 29 JUIN À L'HÔTEL DE VILLE (PARIS)Nous avons le plaisir de vous informer que nous sero...
27/06/2025

LE MAGHREB DES LIVRES : LES 28 ET 29 JUIN À L'HÔTEL DE VILLE (PARIS)

Nous avons le plaisir de vous informer que nous serons présents au Maghreb des livres qui se tient le 28 et 29 juin à l'hôtel de ville de Paris avec une sélection de plus de 50 titres dont les nouveautés. Deux de nos auteurs y sont invités pour présenter leurs ouvrages : Myassa Messaoudi pour parler "Honneur à crédit", un roman sur la décennie noir, la condition des femmes et l'exil ; Benaouda Lebdai pour par de "Écritures féminines algériennes en quête de liberté". Nous vous attendrons nombreux.

Dans un rapport publié par l’UNESCO sur le secteur du livre en Afrique sous le titre « L’industrie du LIVRE en AFRIQUE »...
25/06/2025

Dans un rapport publié par l’UNESCO sur le secteur du livre en Afrique sous le titre « L’industrie du LIVRE en AFRIQUE » et, plus précisément dans le chapitre consacré à l’Algérie, il n’est pas inutile de se demander si le document est basé sur une étude sérieuse ou il s’agit d’une fiction. En effet, contrairement aux statistiques officielles qui affichent une croissance soutenue avec 1 715 maisons d'édition recensées en 2023, la réalité du secteur du livre algérien révèle une tout autre vérité. Car, en vérité, il existe moins de 20 maisons d’édition actives en Algérie, toutes les autres étant des écrans de fumées crées par des proches des cercles dirigeants pour capter les aides publiques à des fins sans nul rapport avec le livre. De plus, le contrôle politique et la censure systématique transforment ce qui devrait être un espace de liberté intellectuelle en un terrain miné pour les éditeurs et auteurs.

Dans un rapport publié par l’UNESCO sur le secteur du livre en Afrique sous le titre « L’industrie du LIVRE en AFRIQUE » et, plus précisément dans le chapitre consacré à l’Algérie, il n’est pas inutile de se demander si le document est basé sur une étude sérieuse ou il s’agit d....

25/06/2025

Invité par Radio Azul.International lors de sa tournée promotionnelle au Canada, l'écrivain et poète Kamel Bencheikh parle de son dernier livre "L'islamisme ou la crucifixion de l'Occident". Écoutons-le.

Nous avons le plaisir de vous informer que nous serons présents au Maghreb des livres qui se tient le 28 et 29 juin à l'...
21/06/2025

Nous avons le plaisir de vous informer que nous serons présents au Maghreb des livres qui se tient le 28 et 29 juin à l'hôtel de ville de Paris avec une sélection de plus de 50 titres dont les nouveautés. Deux de nos auteurs y sont invités pour présenter leurs ouvrages : Myassa Messaoudi pour parler "Honneur à crédit", un roman sur la décennie noir, la condition des femmes et l'exil ; Benaouda Lebdai pour par de "Écritures féminines algériennes en quête de liberté". Nous vous attendrons nombreux.

Retour en photos.sur le passage de Kamel Bencheikh sur Radio Azul International au Canada pour parler de son dernier liv...
16/06/2025

Retour en photos.sur le passage de Kamel Bencheikh sur Radio Azul International au Canada pour parler de son dernier livre "L'islamisme ou la crucifixion de l'Occident -Anatomie d'un renoncement", préfacé par Stéphane Rozès.

À l’occasion de la sortie de son essai L’islamisme ou la crucifixion de l’Occident. Anatomie d’un renoncement, Kamel Ben...
15/06/2025

À l’occasion de la sortie de son essai L’islamisme ou la crucifixion de l’Occident. Anatomie d’un renoncement, Kamel Bencheikh, écrivain, poète et militant universaliste franco-algérien, nous explique les grands axes de sa pensée. Pour lui, l’Occident « n’est pas un territoire mais une idée » et sa relation à l’islamisme « ne relève pas du malentendu culturel ou civilisationnnel » car, selon lui, l’islamisme est « un projet global » dont l’objectif final est l’extinction définitives des lumières de la raison pour les remplacer par le dogme. Face à ce péril, Kamel Bencheikh considère qu’il existe un seul rempart : la laïcité. Or, prévient-il, celle-ci fluctue sans cesse au grès des rapports de force entre les défenseurs de la république laïque et les islamistes, leurs sponsors, leurs alliés et leurs relais officiels et officieux. C’est pourquoi il plaide pour une vigilance républicaine permanente et une résistance à toutes les formes de compromission, y compris les plus subtiles, avec cette idéologie des ténèbres.

À l’occasion de la sortie de son essai L’islamisme ou la crucifixion de l’Occident. Anatomie d’un renoncement, Kamel Bencheikh, écrivain, poète et militant universaliste franco-algérien, nous explique les grands axes de sa pensée. Pour lui, l’Occident « n’est pas un territoire mais...

« HONNEUR À CRÉDIT » : UN  ROMAN CONTRE LE CONFORT DE L'OUBLI Par Omar OUALI (L'Est Républicain) Ces derniers temps, on ...
15/06/2025

« HONNEUR À CRÉDIT » : UN ROMAN CONTRE LE CONFORT DE L'OUBLI

Par Omar OUALI (L'Est Républicain)

Ces derniers temps, on ne trouve pas, chez nos libraires, grand-chose à se mettre sous les yeux ; je parle d’œuvres de qualité, capables de faire mousser nos émotions comme le ferait une fraiche Heineken, à l’heure de l’apéro.

Mais il arrive aussi qu’on tombe, divine surprise, sur des pépites. J’en ai trouvé une, la semaine dernière, chez mon ami Ali Bey, à la librairie du Tiers-monde. Le titre est plutôt sobre, et pas sexy du tout. Quant au contenu, laissez-moi vous dire que ce n’est pas de la daube !

"Honneur à crédit », qu’il s’intitule. Il est publié aux éditions Frantz Fanon, sous la plume flamboyante et incisive de Myassa Messaoudi, une universitaire plus connue par ses contributions régulières dans la presse algérienne où elle porte son regard aiguisé sur les fêlures et les césures dont les démons agitent le pays.

Ce roman nous permet donc de découvrir une autre facette d’écriture, sur un registre fictionnel, de Myassa Messaoudi, une féministe assumée doublée d’une républicaine jusqu’au bout de l’âme. Elle réside en France et son parcours personnel semble un peu faire écho à celui de son héroïne, Lamia.

Dans « Honneur à crédit », l’autrice a réuni tous les ingrédients du genre qui donne à l’œuvre sa consistance, sa succulence. Je l’ai lue et relue comme on déguste un breuvage exquis, par petites gorgées pour faire durer la saveur, « le plaisir du texte » selon la formule à double détente de Roland Barthes.

Une histoire bien fagotée, des personnages, avec une grande épaisseur psychologique et sociologie, notamment LAMIA qui est le moteur et la locomotive du récit, des phrases ciselées, des mots sculptés et une syntaxe narrative fluide et eurythmique.

L’histoire d’abord. Et c’est la grande histoire avec un « H »majuscule qui est convoquée par Myassa Messaoudi. Elle nous replonge sans ménagement dans le cauchemar islamo-terroriste des années 90. Plus précisément, un de ces drames les plus épouvantables signé du GIA et sur lequel elle s’appuie pour composer sa fiction traversée par un souffle dramatique.

Pour ceux qui s’en rappellent, et qui ne s’en rappelle pas ! Nous sommes samedi 30 septembre 1993. A 15 : 30 minutes. Dans la localité de Ain Addden. A Sidi Bélabés. Onze enseignantes. Oui, onze enseignantes : .(Kheira, Sahmada, Imane, Fatma…), rentrant chez elle à bord d’un bus, après avoir fini leur journée de cours, tombent dans un faux barrage terroristes.

Elles sont extraites du véhicule, ligotées, puis passées l’une après l’autre au fil des couteaux du groupe terrorise dirigé par la sanguinaire Dib El Djiâne, le « loup affamé », de sinistre mémoire.

Quand on lit le passage du roman qui relate cette embuscade , comble de l’abomination, on ne lit pas, mais on entend les râles, les prières, les supplications de ces héroïques enseignantes qui ont payé de leur vie pour avoir osé dire « non » à l’injonction du GIA de cesser de prodiguer les lumières du savoir à leur élèves.

Miracle : au moment de monter dans le bus, Lamia a une envie pressante et décide se soulager en se rendant dare dare aux toilettes de l’école. Au retour, c’est trop t**d le transport est déjà parti sans elle, car il ne fait bon pas bon de trainer sur les routes de campagne où rodent les fantômes terroristes.

Lamia est convaincue par son directeur de passer la nuit avec sa femme et ses enfants, lui rappelant, dans une intuition prémonitoire l’adage « Kul Atla fiha khir » .Il ne croit pas si bien dire Monsieur El Moudir.

« Vous avez-eu de la chance, Mademoiselle. Vos collègues… Que Dieu ait leur âme .Elles ont toutes été assassinés par les terroristes, dans un faux barrage », l’informe l’officier de gendarmerie débarquant, quelques instants après à l’école pour annoncer le drame. (Page 28).

« Puis saisissant enfin les propos du gendarme, tout s’éteignit dans sa tête. Elle (Lamia) perdit connaissance et s‘écroula devant la porte » (page 90).

Le lendemain, elle rentre chez elle dans un taxi collectif. Re faux barrage. Mais les terroristes laissent passer le véhicule. La tête enserrée dans un foulard qui ne laisse dépasser aucune mèche, Lamia est néanmoins fusillée, à travers la vitre, d’un œil lubrique par un des « tangos » en manque.

D’avoir survécu, malgré elle, à ses collègues, engendre chez Lamia comme un profond sentiment de culpabilité qui assombrit ses jours. Mais , faisant un effort sur elle-même, elle s’introspecte en profondeur pour faire de ce mea culpa un rebond psychologique. Un moteur dans sa nouvelle existence, car le martyre de ces collègues va marquer une rupture, un tournant radical dans sa vie qui sera dédiée à la défense de leur mémoire.

Première décision : quitter l’Algérie, un pays en proie aux démons de l’islamo-terrorisme et pour qui la femme, en dehors d’être pour eux offrande sexuelle appétissante, n’est pas en odeur de sainteté dans leur univers mental .
Ce n’est pas le cas de Lamia, sortante de l’université d’Oran où elle se coltine des grands textes, tout en se forgeant des convictions féministes. Destination Paris, « ville de anges et des démons où elle s’inscrit à la Sorbonne en post graduation pour approfondir une recherche commencée à l’université Essenia. Ah les belles années de fac !. Elle en garde une douce nostalgie.

« Avec un pays chaotique derrière moi et des assassins en Abaya, à mes trousses, se dit Lamia, comme si elle s’adressait à quelqu’un d’autre, je n’ai en tant que femme que l’obligation de réussir, de résister .Je vais soutenir ce fichu doctorat je me le dois à moi-même et à toutes mes collègues assassinées. Il faut que je réussisse quitte à me tuer au travail. Je dois prouver à toutes les femmes de mon pays qu’elles peuvent se débrouiller seules. Qu’il exite un autre destin que celui, de survivre et encaisser » (page 196)

La réussite, comme dans une prophétie auto réalisatrice, Lamia, après quelques boulots par-ci par-là, histoire de survivre, elle la croise sur son chemin. C’est au siège d’une télévision du Golf à Paris « Koul El Arab » qui lui offre « la perspective de démarrer une carrière digne de ce nom parmi les gens des lettres et des mots à l’endroit desquels elle nourrissait une considération platonique »

Le directeur de cette télévision un Antoine Khouri, un libano-chrétien ne t**de pas à comprendre que Lamia n’est pas une petite main, recrutée pour faire un travail de saisie en arabe. C’est une femme de tête ambitieuse et volontaire dont il fait son éminence grise qui l’éclaire de ses analyses pointues sur les enjeux stratégiques qui agitent la planète.

En fait, dans l’histoire, Antoine Khouri ne sera qu’un adjuvant, un facilitateur qui permettra à Lamia de faire la fameuse rencontre de sa vie, celle qui ne se présente qu’une seule fois. C’est au siège de l’Unesco à Paris. La bonne personne s’appelle Shekha Hala Al Salmani « premières femme ambassadeur arabe » des pays du Golf qui l’engage pour l’aider à perfectionner son français.

L’ambassadrice, comme le directeur de Koul El Arabe avant , se rendent vite compte qu’avec Lamia, elle a affaire à une tête bien faite animée par un flamme et une volonté de prendre une revanche sur son destin et celui de ses collègues assassinées. Et porte en bandoulière un anti islamisme assumé.

« Lamia, j’ai une bonne nouvelle pour toi, . Je ne vais pas pouvoir présenter mon discours annuel à l’Assemblée générale de l’ONU, la semaine prochaine, car je suis au même temps invitée à la Conférence internationale sur le Proche Orient à Paris, j’ai décidé finalement d’y aller.c’est plus urgent » , annonce Sheikha Hala lors d’une séance de travail.

A l’Assemblée générale de l’ONU, il sera question de terrorisme et des droits des femmes , « c’est aussi important et c’est toi qui va t’en charger » , annonce Mme l‘ambassadrice à Lamia tétanisée de devoir « Parler à La Tribune des Nations unies devant les représentants de tous les pays du monde (…) affronter un auditoire aussi prestigieux et commenté »

Et voilà Lamia, d’un petit Bourg de Sidi Bélabés où elle échappe au rituel de l’égorgement à la tribune de l’ONU. La consécration, l’apothéose ! Son discours résonne comme une oraison funèbre post- mortem dédiée à ses collègues assassinées.

« Au nom des douze enseignantes mortes en exerçant leur devoir et en honorant leur fonction et dont je porte le poids de la mémoire douloureuses. Au nom de toute les femmes assassinées par ces intégristes, en Afghanistan, en Iran,en Afrique et partout où l’islamisme sévit, je nous crie : Aidez-nous. Aidez-vous !Car tout fascisme est d’essence contagieuse , expansionniste » , retentissent les mots de Lamia dans une salle traversés par un silence religieux. Buvant le paroles de qui termine son discours par une standing ovation, suivie d’une minute de silence…Fin du récit.

Dans « Honneur à crédit », Myassa Messaoudi, questionne aussi des problématiques adjacentes, comme l’intégration des algériens des banelieues en proie au repli identitaire, et à l’entre soi communautaire face à une France qui en fait les boucs émissaires faciles de sa crise systémique.

Elle évoque aussi le cas de ces compétences algériennes qui ont fui le pays dans les années 90 et se retrouvent contrains d’accepter malgré eux des salaires infamants et sans rapport avec leurs qualifications.

Mais la trame de fond reste l’islamisme, le terrorisme, le poids des traditions qui assignent à la femme un destin de « mineure à perpet’ »

Et d’ailleurs ce roman ne peut pas mieux tomber qu’en ces temps de révisionnisme qui inverse les rôles, en faisant des tueurs de femmes d’hier des pauvres « victimes du système »(sic) .

Honneur à crédit, un roman contre l’oublie. Remember !

Kamel Bencheikh  est invité pour parler de son dernier livre, "L'islamisme ou la crucifixion de l'Occident", au café lit...
13/06/2025

Kamel Bencheikh est invité pour parler de son dernier livre, "L'islamisme ou la crucifixion de l'Occident", au café littéraire de Montréal. Merci à Ali Kaidi, professeur de philosophie, pour l'invitation. Soyez les bienvenu(e)s.

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