30/11/2025
Chérif Haïdara :
Bodouin VS Baudouin.
Tu as forcĂ© le clash avec ton grand frĂšre, celui que tu fantasmais en secret, jusquâĂ sortir un Distrack.
Il a pris son temps. Dans ton dos, il a cuisiné un monstre, un vrai Disstrack, propre, chirurgical, drÎle, implacable.
Toi, paniquĂ©, tu as balancĂ© une rĂ©ponse en 24h qui a flop. Des punchlines recyclĂ©es, des injures consolantes⊠Ton public a fait semblant, par loyautĂ© et a dit que câĂ©tait lourd. Mais avec le temps, plus personne nâosait remettre ta rĂ©ponse, parce quâil nây avait rien Ă remettre, elle ne pesait rien.
Le son « Bodouin » a commencé à tourner partout en Afrik et ailleurs. Maquis, taxis, places publiques, boßtes⊠Partout. Les gens chantaient le refrain.
Tu as pĂ©tĂ© un cĂąble : « Le premier qui mâappelle BodouinâŠÂ» Tu as menacĂ©, tu as criĂ©, tu as jouĂ© le dur. Mais le cĆur ne commande pas Ă la rue. Le surnom a collĂ© plus fort.
Alors tu as disparu pour faire ton deuil.
Quand tu es revenu, tu as cru retourner la situation, tu as mis un masque en cuir noir, style roi médiéval, et tu as annoncé Baudouin 4, en mode « je prends le nom et je le transcende ».
Oubliant que tu tâenfonces, et surtout oubliant lâhistoire derriĂšre les deux concepts.
En dioula, « Bodouin » câest pas juste un surnom marrant. Câest la dĂ©rivĂ©e de « bo », « excrĂ©ment», une Ă©norme m***e puante qui fait tourner la tĂȘte tellement ça sent. đ©
Et «Baudouin », oui, câĂ©tait un roi⊠mais ce quâon retient de lui, ce nâest ni sa couronne ni ses victoires. Câest sa fin. Une fin lente, triste, obscĂšne, quâon ne souhaite pas Ă son pire ennemi.
On lâappelle parfois Baudouin le LĂ©preux, et ce surnom nâest pas une mĂ©taphore. CâĂ©tait un roi qui souffrait de la lĂšpre, une maladie infectieuse chronique.
La maladie a tellement bouffĂ© son nez Ă moitiĂ©... Ses lĂšvres Ă©taient en lambeaux, avec des plaies ouvertes qui sentaient, une peau qui tombait en morceaux. Il puait une odeur de chair pourrie si forte que mĂȘme ses proches dĂ©tournaient la tĂȘte.
Il a fini par porter un masque, pas par mode, mais pour que les gens arrĂȘtent de vomir en le regardant, pour quâon puisse encore respirer Ă cĂŽtĂ© de lui sans sâĂ©vanouir.
Le masque cachait donc cette honte, ce mal si profond, cette odeur de pourriture intĂ©rieure que mĂȘme le vent nâarrivait plus Ă chasser.
Toi tu quittes « Bodouin » (la m***e puante dioula) pour tâappeler « Baudouin » (le roi lĂ©preux qui cachait sa face dĂ©composĂ©e sous un masque).
Le dĂ©nominateur commun entre les deux, câest le mal, lâodeur, la tristesse.
Câest comme si tu quittais ta cellule de prison pour lâisolement. Tu restes toujours en prisonnier. Tu changes de cage, pas de condition.
Moi, je pensais que le masque câĂ©tait juste pour le style, pour la vibe, un petit clin dâĆil mystĂ©rieux⊠Mais quand tu connais vraiment lâhistoire de Baudouin 4, ça te frappe en pleine gu**le.
Le mec est mort aveugle, paralysĂ©, la lĂšpre lui avait bouffĂ© le visage au point quâon ne le reconnaissait mĂȘme plus. Une des fins les plus tragiques quâun roi ait jamais connue. Une agonie lente, silencieuse, digne⊠et terrifiante.
Du coup, quand quelquâun qui connaĂźt vraiment son histoire te voit porter un masque en son honneur, il ne voit plus un roi. Il voit un gars qui cache un truc. Une douleur, une honte, une infection, une odeur quâon veut plus sentirâŠ
Et câest lĂ , tu comprends pourquoi le Distrack Bodouin tape vraiment fort.
Didi B nâa pas juste balancĂ© un pseudo bidon pour clasher, non!
Il a mis le doigt pile sur la vraie plaie, celle quâon cache derriĂšre les filtres, les masques, les stories et les sourires forcĂ©s. La vraie vulnĂ©rabilitĂ©, pas la version photoshopĂ©e quâon sert au public.
So, fouillez bien avant de vous attribuer des pseudos svp.
Bodouin Manding, et Bodouin le lépreux, le choix vous revient. Mais ça reste un CSC. Comedy'show