21/11/2025
Interview
📸 Nikos Aliagas
Les mains de Pierre Soulages, 2018
Est-il nécessaire de le présenter ? Tout le monde le connaît. Et pourtant… Journaliste et célèbre présentateur télé, Nikos Aliagas est également un photographe qui expose en France et dans le monde. Sa photographie aux forts contrastes noir et blanc aborde les notions de mémoire et de temporalité et questionne les profondeurs de l’âme. En parallèle des shows télévisés qu’il anime, Nikos explore depuis plusieurs décennies la photographie en quête de sens, d’humanité et d’équilibre. Il nous raconte…
RP : Dans votre photographie, l’exil, les traces du temps et les racines sont des thématiques qui vous sont chères, et les mains reviennent régulièrement comme des “sujets‑objets”. Que représentent‑elles pour vous ?
Nikos Aliagas : Déjà, je suis un fils de tailleur et je pense que ça vient de là (et parce que je ne suis pas du tout manuel). Il y a une dialectique, un échange avec les mains qui m’émeut. Toute ma vie, j’ai observé les mains. Je voyais celles de mon père, la nuit, qui travaillait sous la lampe. Les mains, les doigts devenaient des personnages qui repassent, qui cousent, qui coupent. Comme si les mains avaient leur propre langage. La main dit aussi ce que ton masque social cache. Elle a sa propre névrose, sa propre hygiène. On voit tout dans les mains, parfois même les traces de nos ancêtres. J’ai exactement les mêmes mains que mon père. Lorsqu’il est mort, ma mère m’a donné sa chevalière, qui m’allait comme si c’était la mienne. Photographier les mains, c’est également photographier la main universelle. C’est le premier instrument, dit Aristote. Tendre la main et prendre la main, c’est le premier et le dernier geste. Les mains de Claudia Cardinale disent tout d’elle. Et celles de Soulages sont bouleversantes…
La suite de cette interview est à retrouver dans le magazine.