15/10/2025
La ville de Béziers franchit une nouvelle étape dans sa politique de sécurité.
La police municipale vient de créer une brigade anti-stupéfiants, chargée d’agir directement sur le terrain face aux trafics locaux.
Une démarche audacieuse, encadrée juridiquement par l’article 73 du Code de procédure pénale, qui constitue la base légale de son action.
Un fondement juridique clair : l’article 73 du CPP
Le lancement de cette brigade ne relève pas d’un simple coup de communication. Il repose sur un texte précis :
Article 73 du Code de procédure pénale :
« Dans les cas de crime ou de délit flagrant puni d'une peine d'emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche. »
Cet article, souvent invoqué dans le cadre de la flagrance, confère à tout citoyen — y compris un agent de police municipale — le droit d’intervenir lorsqu’un délit est commis sous ses yeux.
Les policiers municipaux, comme les civils bien qu’ils ne soient pas officiers de police judiciaire, peuvent donc appréhender un individu en flagrant délit de trafic, de consommation ou de détention de stupéfiants, puis remettre la procédure à la Police nationale.
C’est ce fondement juridique qui légitime l’action directe de la brigade anti-stup de Béziers : elle n’usurpe pas les fonctions de la Police nationale, mais agit dans le cadre du droit, en intervenant uniquement lors de flagrants délits.
Une coopération encadrée entre la municipale et la nationale
Le dispositif repose sur un schéma clair :
1. La brigade municipale repère et intervient sur un flagrant délit.
2. L’individu interpellé est remis à la Police nationale, compétente pour l’enquête judiciaire.
3. La procédure est établie en concertation, dans le respect du Code de procédure pénale.
Ainsi, la municipalité ne cherche pas à se substituer à l’État, mais à renforcer la présence policière et la réactivité face aux trafics locaux, souvent visibles mais peu traités faute de moyens.
Des tensions institutionnelles malgré la légalité
Si la démarche est juridiquement défendable, elle dérange certains fonctionnaires de la Police nationale.
Des voix syndicales estiment que la création d’une brigade anti-stup municipale brouille les lignes entre les missions de l’État et celles des collectivités.
Du côté de la mairie, on répond que le cadre de l’article 73 est justement prévu pour permettre ce type d’action citoyenne et municipale. Un outil légal au service de la tranquillité publique.
Le maire de Béziers souligne que la brigade « ne fait que ce que la loi permet », et qu’« il serait paradoxal de critiquer une initiative qui applique scrupuleusement le Code de procédure pénale ».
Un modèle local qui pourrait inspirer d’autres communes
Cette expérimentation biterroise attire déjà l’attention d’autres municipalités.
Face à la lenteur des procédures nationales, plusieurs maires envisagent de s’appuyer eux aussi sur l’article 73 du CPP pour créer des unités locales capables d’agir immédiatement en cas de délit flagrant.
À Béziers, les premiers résultats sont encourageants : interpellations rapides, meilleure coordination avec la Police nationale et présence renforcée sur le terrain.
Une évolution que certains voient comme le signe d’une nouvelle ère du pouvoir de police municipale.