08/09/2025
Septembre, le doux basculement
À la faveur des matins plus frais, septembre pose sur nos paysages une lumière claire et limpide, comme une main amie sur notre épaule, avant la reprise du chemin commun. Le temps des vacances se referme doucement, mais nos terres du Val de Loire et de la forêt ne perdent rien de leur ample respiration. Elles entrent dans un autre rythme, plus grave et plus fécond, où la nature, la mémoire et le travail renouent leur alliance séculaire.
Dans les vergers, sous le velours des premières brumes, la cueillette s’organise : pommes croquantes, poires lourdes, grappes qui blondissent, noisettes qui roulent, tout un chapelet de couleurs chaudes annonce la vendange et la fête des saveurs retrouvées. Ici, septembre marque un seuil, un rite de passage qui ramène aux gestes essentiels, aux solidarités concrètes, aux joies partagées de la table et de l'ouvrage.
Le mois s’ouvre avec la rentrée des classes, ce cortège de cartables et de promesses, mais il garde l’esprit des fêtes de plein air qui ont rythmé l’été. Comme l’Arbre de mai dressé naguère au centre des bourgs, septembre dresse son mât invisible : celui de la communauté qui se rassemble, s’organise, se transmet, pour que la saison qui vient soit bonne et généreuse.
En forêt, les sous-bois prennent une intensité nouvelle : l’or pâle des fougères répond au brun châtain des futaies, et le brame du cerf, à la lisière du soir, fait vibrer l’air comme un chant ancien. On marche alors plus lentement, par respect pour ce théâtre naturel où chaque pas semble un aveu de gratitude, et l’on retrouve le sens de la mesure, cette vertu trop rare que septembre, mois de seuil, remet d’instinct à l’honneur.
Les légendes accompagnent les promeneurs, du côté des étangs et des landes, où l’on raconte, à voix basse, les récits transmis par les anciens parce que nos territoires se reconnaissent à ce fil invisible d’histoires qui relie les vivants à la saison, et la saison aux vivants.
Ici, le patrimoine n’est pas une vitrine clinquante, mais une pratique, une manière d’habiter le temps, d'apprécier les grandeurs passées comme celles à venir, de goûter les fruits de la terre et ceux de l'esprit.
Septembre, cette charnière où l’on profite des derniers beaux jours, mois où l'on engrange tout ce qui peut l'être avant les premiers frimas. Dans l’atelier, au champ, à la cave, au fournil, le geste se fait précis. C’est le moment des bilans lucides et des élans neufs, celui où, après la chaleur de l’été, on se redresse, avec vigueur, dans un élan renouvelé, vers le travail, le partage, l'hospitalité. Les tables se colorent d’ocre et de rubis, les soupes mijotent déjà dans les cuisines, les confitures condensent la lumière des vergers : autant de provisions pour l’esprit et le corps, autant de preuves discrètes que notre terroir sait convertir la saison en culture, les nourritures terrestres en fraternité partagée.
Et si l’on cherche une devise pour ce mois charnière, peut-être suffirait-il de trois mots : simplicité, continuité, générosité.
Alors, ouvrons le mois comme on ouvre une grange : largement. Faisons place aux récoltes, aux retrouvailles, aux projets qui ont la patience des vendanges et la vigueur des forêts. Laissons septembre accomplir son office : apaiser, rassembler, transmettre. Et que nos pages, comme nos paysages, transmettent le goût des doux plaisirs et la lumière des jours clairs.
Et que chacun reprenne sa place dans la grande âme vivante de notre territoire.
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