09/10/2025
🪓 Mahmoud Tighermine : le dernier guillotiné du Puy-de-Dôme 🪓
Il n’a pas marqué les livres d’histoire, et pourtant son nom figure sur une page sombre de notre département : Mahmoud Tighermine est le dernier homme à avoir été exécuté dans le Puy-de-Dôme. C’était le 15 mars 1950, à Riom. Un nom oublié, dans une époque troublée, où misère sociale, tensions raciales et peine capitale se côtoyaient sans retenue.
Originaire de l’Algérie coloniale, Mahmoud Tighermine était un simple ouvrier manœuvre, venu louer sa force de travail sur les chantiers auvergnats. Le 24 décembre 1948, un double meurtre secoue la commune de Saint-Sauves : un couple de garde-barrières, Jeanine et Jean-Marie Lassagne, est retrouvé assassiné près du passage à niveau de La Cluze. C’est leur propre fille, Irène, âgée de 7 ans, qui découvre le drame. Un geste héroïque de sa part – celui de baisser la barrière manuellement – lui vaudra une citation officielle de la SNCF.
Très vite, les soupçons se portent sur trois ouvriers algériens. Le profil de Mahmoud Tighermine se détache, notamment en raison d’une altercation passée avec la victime. Arrêté le 14 janvier 1949, il avoue le double homicide… avant de se rétracter lors de la reconstitution. Malgré les zones d’ombre, l’affaire est jugée. Le procès a lieu en octobre 1949, devant la cour d’assises de Riom.
Son avocat, Me Bonieux, plaide le doute : déclarations contradictoires, absence de témoin direct, et aucune preuve formelle de préméditation. Il insiste aussi sur un point rarement évoqué à l’époque : la décapitation, en totale contradiction avec les rites funéraires musulmans, qui exigent l’intégrité du corps.
Mais face à un passé judiciaire trouble – une condamnation à mort par contumace pour trahison, une évasion, un passage devant le tribunal militaire d’Alger – la balance penche lourdement contre lui. Le 30 octobre 1949, le verdict tombe : la peine de mort. Tighermine s’effondre en entendant la sentence.
Le 15 mars 1950, à l’aube, il est guillotiné dans la cour de la prison de Riom. Une exécution à huis clos, comme le voulait la loi depuis 1939. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait.
Un autre condamné à mort dans le Puy-de-Dôme, Hadj Benfissa, sera gracié en 1963 par le général De Gaulle. Il échappera à l’échafaud.
Le dernier guillotiné en France, Hamida Djandoubi, sera exécuté en 1977 à Marseille. Là encore, un homme issu de l’immigration. Comme le souligne l’historien Nicolas Picard, cette surreprésentation n’est pas un hasard. Elle révèle un climat de plus en plus dur, de plus en plus raciste, dans une France qui, pourtant, allait lentement sortir de la misère d’après-guerre.
La peine de mort sera abolie en 1981 grâce au combat de Robert Badinter. Ce jeudi 9 octobre 2025, il entre au Panthéon. Un hommage rendu à celui qui a définitivement fermé le chapitre de la guillotine en France. Et avec lui, celui de figures oubliées comme Mahmoud Tighermine, dont le destin tragique reflète une époque où justice et inégalités faisaient parfois mauvais ménage.
👉 Et n’oubliez pas : plus on partage, plus ça se propage !
👉 Et si ce n’est pas déjà fait, abonnez-vous pour ne rien manquer !