13/04/2025
Mon Lionel,
Nous avons fondé Vega Prod ensemble il y a près de dix ans. Je n’étais plus ton associé depuis quelques années, mais tu continuais encore à me présenter comme tel, simplement car nous étions toujours, et à jamais, amis.
Une semaine après ton décès, j’ai enfin pu ce soir affronter mon piano, jouer quelques notes. Mais j’ai dû assez rapidement abandonner la partie : comment chanter encore la vie, la joie, l’amitié, le printemps, alors que tu n’es désormais plus là ?
Toi avec qui j’ai tant ri, tant fêté, tant rêvé, toi qui donnait l’envie de défier le monde entier, toi qui savait toujours rebondir… tu n’es plus là. Comment s’habituer - est-ce seulement possible de s’habituer - à cette épouvantable réalité ? Tu avais enfin acquis cette reconnaissance que tu avais si éperdument cherchée depuis que nous nous étions connus, nous avions alors une dizaine d’années. Tu avais réussi à te rendre essentiel à tant de gens - ils étaient présents en nombre jeudi dernier, mais nombreux étaient encore ceux qui n’ont pas pu venir - mais cela ne t’avait jamais éloigné de moi et nous continuions à converser ensemble en toute simplicité et franchise.
Si tu avais obtenu cette unanime reconnaissance, c’est que tu étais de ceux qui s’étaient rendus maître de leur art. Tu ne lésinais jamais sur les moyens de rassurer les gens qui te confiaient leurs œuvres. Tu avais compris qu’il s’agissait là d’un bien précieux qu’il fallait accompagner et faire briller. Et toi, oui, tu savais faire briller et briller.
Il va pourtant bien falloir continuer, je sais que tu l’aurais voulu. Pour tes filles adorables, pour ta femme courageuse, pour tes proches éperdus, pour tes amis inconsolables, pour le cinéma. Oui, le monde va bien devoir continuer de tourner, mais il a perdu l’un de ses soleils et moi, l’un de mes amis les plus chers. Une blessure à vif, violente, irrémédiable. Je ne t’oublierai jamais mon Lionel.