31/08/2024
UN NOUVEL EPISODE , NON DEUX !..Des fêt**ds de "Nouvelles Liquides"
DEUX MILLE VINS ,LE BON CRU !.
Il y a un siècle, toutes les terres cultivables sur la commune étaient occupées par des oliviers mais surtout par de la vigne. Il en résultait une piquette appréciée localement, un vin qui titrait autour de 8 / 9 degrés mais qui aujourd’hui ferait se dresser les cheveux sur la tête de n’importe quel oenologue! Si bien que quand la Provence se mit à faire du bon vin, la production vivrière fut abandonnée dans les années soixante dix au profit de domaines et châteaux qui allaient changer la réputation du vignoble.
Et voilà, que cinquante ans plus t**d, en “deux mille vins”, un dénommé Basile Le Débonnaire , achète quinze hectares de terre pour relancer le vignoble local ! La nouvelle fit grand bruit au village, Lafiguière voulu lui décerner la médaille du mérite agricole par anticipation, la comtesse lui octroya une place dans sa cave alors que la vigne n’était pas encore plantée et le village se pressa à chaque passage du tracteur et de sa remorque, pour applaudir les pieds de vignes encore dans leur cocon, en marquant son respect par un garde à vous ou en se découvrant pour ceux qui avaient un chapeau ! On vit même le curé asperger le convoi d’eau bénite,des femmes chanter des cantiques et Boitout , le chef des municipaux, envoyer sur la remorque une amulette qu’il portait autour du cou, confectionnée par sa grand-mère, pour que son mariage soit heureux !
Certains poussèrent le zèle jusqu’à monter la garde de nuit pour éviter que les sangliers ne viennent saccager les jeunes plants et Le Debonnaire dû se fendre de quelques bonbonnes pour les veilleurs de nuit ! Puis, après réflexion, il installa une clôture électrique.
Le maire, l'inscrit d’office sur sa future liste pour l'élection municipale.
Mais il faut au moins quatre ans avant la première récolte et l’enthousiasme du début retomba petit à petit et on ne parla plus des vignes de Le Débonnaire.
La deuxième année après J C (le Jour de Culture), au cours d’un apéro ordinaire au bar du Cercle , à la fin de l’hiver, Douze, l’employé communal, déclara dans un des rares moments de silence “ Ca fait une semaine que la cheminée de Le Débonnaire ne fume plus “
Sur le coup, personne n’y prêta attention, et puis, petit à petit l’information remonta dans les têtes. Et comme il n’y avait pas meilleur sujet , l’apéro se l'accapara et les vignes firent le buzz !
On supputa, on analysa, on échaffauda, que s'était-il passé pour que Le Débonnaire disparaisse ?
Le maire annonça une enquête sur le champ et convoqua immédiatement la gendarmette sur son portable. Le téléphone sonna juste derrière le premier magistrat , car l'adjudant-chef Nonante était en train de faire avouer à une bière qu’elle avait des complices et qu'il fallait qu’ils se fassent connaître !
Le lendemain, Lafiguière, la gendarmette, Boitout , Douze et le Philosophe "perquisitionnent" la fermette, une tâche plutôt aisée puisque la porte était ouverte, ils font le tour du cuvage et des hangars pour terminer dans la cuisine où… un message trônait sur la table
“Je ne ferai pas de discours, vous ici m’avez accueilli comme un roi, mais je ne me sens pas capable de répondre à vos attentes, aussi je vous laisse tous mes biens -ferme et vignes- Tout est payé mon notaire vous le confirmera ! Désormais la commune en est la propriétaire . Je vous aime !” signé Basile Le Débonnaire
P S Je vous laisse sur cette table les dix dernières bouteilles de ma petite cave, faites-en bon usage !
Le petit groupe dénicha les verres nécessaires à la dégustation, le maire prononça un discours où il compara Le Débonnaire à Rimbaud et son bâteau ivre, il proposa que l’on associe son nom à un chemin vicinal et nomma Jean Boitout, le chef des communaux, administrateur du Domaine.
L’homme qui venait d’être désigné pour cette tâche, resta un long moment silencieux, ses joues s'humidifient, ses mains tremblent, mais devant tant d’honneurs son corps se mit au garde à vous et il balbutia quelques mots où il était question de rendre à la commune ce que la commune lui donnait et qu’en bon soldat il veillerait à faire le meilleur du meilleur
On applaudit, les dix bouteilles de Côte de Provence capitulèrent sans conditions.
Plus t**d, bien plus t**d,dans une soirée qui se prêtait à la confidence, Rozé le postier balança, malgré le secret professionnel, que Le Débonnaire avait fait suivre son courrier en Italie, plus précisément en Toscane, chez une comtesse multimillionnaire, quelque part dans un vignoble du Montalcino !
LES RÈGLES DE L’ABSTINENCE
Cette année-là, au mois de février, le Philosophe avait décidé de faire abstinence ! Question de faire le point après une vie de patachon ! Il avait choisi le mois le plus court et le futur ascète décida d’aménager à sa convenance les lois de son mois de jeûne. Il ne commença pas le premier février, parce que ça tombait un dimanche;
Le lendemain c’était la chandeleur et convié chez Boitout, il ne put refuser les crêpes flambées à la gnôle centenaire
Les deux jours suivants il se rappela qu’il avait à peine commencé une bombonette de cinq litres de Bandol et qu’il serait triste de la laisser perdre: Il la dégringola !
Le jeudi midi rien, pas une goutte et la soirée s’annonçait dans la même lignée. Le Philosophe tournait en rond dans sa maison, en se demandant “que fait-on quand on ne boit pas l’apéro ?” En désespoir de cause, il était prêt à regarder la télé , quand on frappa lourdement à sa porte! Il alla tranquillement ouvrir mais il ne vit personne. Il allait refermer en pensant à une plaisanterie de gamins, quand il vit sur le sol un double magnum sans bouchon ,posé à côté de l’entrée.
La “bête” était accompagnée d’une enveloppe et le Philosophe lu le message -Saint Julien Château Langoa Barton 2015, second cru classé. Ouvert il y a une heure, bonne dégustation.Tes amis -
Ils veulent me tester les faux-frères pensa t-il en amenant son trophée sur sa table,en pleine lumière. Les sagouins, mais moi l’abstinent je resterai de marbre. Il ou elle a ouvert la bouteille pour que je puisse pas reculer et il s’en suivit un long monologue sur la secte des disciples de Bacchus, qui ne voulait pas voir un des siens quitter le troupeau !
Courageusement il prit le double magnum et s’avança vers l’évier. Une dernière fois il regarda l’étiquette, estima le flacon à 300 euros et se dit qu’avant de le vider, il allait hummer un fond de verre, respirer le nez de ce Bordeaux avant de commettre l’irréparable !
Le vin tournait, tournait dans le grand verre à dégustation. Cinq minutes durant, l’homme radiographa le produit, l’étudia, en devina la composition, les arômes… Il ne pouvait pas détruire un travail si bien fait ! Il trempa ses lèvres et confirma son diagnostic, il en allait de son honneur, de sa probité ! Il se versa un joli verre, se retourna vers l’ascète et abstinant qu’il avait été ce midi et lui fit un bras d’honneur. Lentement, comme un homme qui vient d’échapper aux sables brûlants du désert, il se drapa de sa dignité et fit couler entièrement le verre au fond de sa gorge. L’acte de bravoure...acté, il embrassa le double magnum à la manière du ba**er de la mort chez les mafieux et celui-ci su que sa fin était proche...En effet, il ne survécut pas à la nuit !
Après ça, le Philosophe arrêta son “abstinence” et n’enquêta pas sur ceux qu’il appela les terroristes vinicoles.