LE COEUR ET LA VOIX DE MADAGASCAR - TVMADA - RADIOMADA

LE COEUR ET LA VOIX DE MADAGASCAR - TVMADA - RADIOMADA Télévision et Radio Malgache 24/24H - 7/7J, Emissions Culturelles, Musicales, Economiques, Sociales, Touristiques et d'Informations.

  : 20/11/2025 - 8h00 - We**am Antananarivo  . Température : 20° - Coucher du Soleil : 18h08.  Hôtel & Restaurant       ...
20/11/2025

: 20/11/2025 - 8h00 - We**am Antananarivo . Température : 20° - Coucher du Soleil : 18h08. Hôtel & Restaurant

https://www.villamahefa.com

Escapade à     : Plages   immaculées & couchers de soleil superbes. Un coin de paradis à découvrir absolument à  .      ...
16/11/2025

Escapade à : Plages immaculées & couchers de soleil superbes. Un coin de paradis à découvrir absolument à .

https://www.villamahefa.com

15/11/2025

: Aéroport de - . Il est situé à environ 5 km au nord du centre-ville de , sur la Côte-Est de .

https://www.villamahefa.com

  : 15/11/2025 - 9h30 - We**am Antananarivo  . Température : 21° - Coucher du Soleil : 18h05.  Hôtel & Restaurant       ...
15/11/2025

: 15/11/2025 - 9h30 - We**am Antananarivo . Température : 21° - Coucher du Soleil : 18h05. Hôtel & Restaurant
https://www.villamahefa.com

ANALYSE DE LA CRISE POLITIQUE ET LA RUPTURE INSTITUTIONNELLE À MADAGASCAR - OCTOBRE 2025I. LA RUPTURE CONSTITUTIONNELLE ...
16/10/2025

ANALYSE DE LA CRISE POLITIQUE ET LA RUPTURE INSTITUTIONNELLE À MADAGASCAR - OCTOBRE 2025

I. LA RUPTURE CONSTITUTIONNELLE ET L'ÉMERGENCE D'UN RÉGIME DE FAIT

La situation politique à Madagascar au début du mois d'octobre 2025 s'est rapidement transformée d'une crise de gouvernance socio-économique en une rupture constitutionnelle majeure.

En l'espace de quatre jours seulement, le pays a basculé dans un régime de transition militaire, déclenché par la fuite du Président Andry Rajoelina, l'intervention contradictoire des institutions civiles, et l'affirmation subséquente du pouvoir par l'armée.

A. SYNTHÈSE DES ÉVÉNEMENTS ET DÉCLARATION D'UN CHANGEMENT ANTICONSTITUTIONNEL

Le départ du Président Rajoelina le 12 octobre a créé un vide de pouvoir immédiat, donnant lieu à une course institutionnelle entre l'Assemblée Nationale (AN) et la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). L'AN a voté la destitution du Président le 13 octobre, tandis que la HCC déclarait la vacance du poste le 14 octobre. Cependant, ces actions civiles ont été rapidement éclipsées par l'intervention des forces armées.

Le 15 octobre, le colonel Michaël Randrianirina a annoncé la prise de pouvoir par les militaires et l'établissement d'un Conseil de Défense Nationale de Transition (CDNT).

Cette nouvelle autorité a procédé à la suspension stratégique de plusieurs institutions clés, incluant la Constitution de 2010, la HCC, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et le Sénat, tout en annonçant une Transition d'une durée maximale de vingt-quatre mois.

Cette démarche contredit explicitement le cadre légal malgache, notamment l'Article 53 de la Constitution qui exige des élections dans un délai de trente à soixante jours après la constatation de vacance.

Elle défie également ouvertement la position de l'Union Africaine (UA), qui a réitéré son principe de « tolérance zéro » à l'égard de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement.

L'installation du CDNT confirme ainsi l'établissement d'un régime de facto, immédiatement illégitime aux yeux de la communauté internationale.

B. ANALYSE D'IMPACT ET RISQUES IMMÉDIATS

Le rejet catégorique de l'UA envers les changements anticonstitutionnels expose Madagascar à des risques substantiels d'isolement diplomatique et économique. Le pays pourrait être frappé par des sanctions, incluant le gel des aides et la suspension de son adhésion à l'Union Africaine.

De plus, l'architecture sélective de la Transition militaire introduit une instabilité politique interne. Le maintien de l'Assemblée Nationale et la montée en puissance de Siteny Randrianasoloniaiko, figure de l'opposition récemment élu à sa présidence , créent un foyer de légitimité civile potentiellement opposé au CDNT militaire.

La situation est résumée par la chronologie serrée suivante :

12 Octobre : Départ d'Andry Rajoelina, exfiltré par la France ; Décret de remise de peines.

==> Vacance de facto.

13 Octobre : Destitution de Rajoelina par l'Assemblée Nationale (127/133 voix) ; L'UA rejette les changements anticonstitutionnels.

==> Destitution proclamée par l'AN.

14 Octobre : La HCC constate l'« abandon passif du pouvoir » et déclare la vacance (Décision n°10-HCC/D3).

==> Vacance constitutionnelle constatée.

15 Octobre : Prise de pouvoir militaire par le Colonel Randrianirina ; Institution du CDNT ; Suspension de la Constitution et de la HCC, CENI, Sénat.

==> Régime de transition militaire (de facto).

II. CONTEXTE DE LA CRISE : DES REVENDICATIONS SOCIALES À LA MUTINERIE MILITAIRE

La crise politique de 2025 n'est pas le fruit d'une simple rivalité d'élites, mais la culmination d'une profonde érosion du soutien populaire due à l'incapacité de l'État à assurer les services de base.

A. L'ÉROSION DU SOUTIEN POPULAIRE ET SOCIAL

Les mouvements sociaux qui ont précédé l'effondrement institutionnel ont débuté le 25 septembre 2025, se prolongeant jusqu'au 14 octobre.

Les manifestations ont été initialement motivées par des problèmes structurels concrets : les coupures fréquentes d'eau et d'électricité, des échecs de gouvernance qui ont rendu la vie quotidienne insupportable pour de larges pans de la population.

Rapidement, les revendications se sont élargies, ciblant la corruption rampante, exigeant la responsabilité gouvernementale et une transparence accrue. La contestation a pris une ampleur et une violence importantes, se traduisant par des pertes en vies humaines.

Selon les informations disponibles, 28 personnes auraient été tuées et 400 blessées durant cette période, bien que ces chiffres restent contestés par les autorités locales. La violence et l'ampleur du mouvement indiquent que le régime Rajoelina avait perdu la confiance de la rue.

B. LE RÔLE DÉCLENCHEUR DES FORCES ARMÉES

Face à la contestation, la réponse du Président Rajoelina fut une tentative d'apaisement par le remaniement, dissolvant le gouvernement de Christian Ntsay après seulement quatre jours de manifestations. Cette mesure s'est avérée inefficace.

Le point de bascule est survenu le 11 octobre, lorsque des éléments de l'armée ont commencé à rejoindre les manifestants, prenant le contrôle de la place centrale de la capitale. L'ensemble de l'armée a fini par se mutiner.

Ce phénomène est particulièrement révélateur : la mutinerie militaire n'a pas été provoquée par un conflit d'autorité au sommet, mais par l'alignement des forces armées sur les griefs socio-économiques des citoyens.

L'armée a agi comme le dernier recours populaire face à la faillite de l'État dans la gestion des services publics et la lutte contre la corruption. Cette mutinerie généralisée a rendu la situation intenable et a directement mené à la fuite du Président Rajoelina le 12 octobre, alléguant craindre pour sa vie.

III. LA MANŒUVRE POLITIQUE ET L'EXFILTRATION STRATÉGIQUE (12 OCTOBRE)

Le 12 octobre fut marqué par le départ précipité du chef de l'État et un dernier acte politique aux répercussions potentielles importantes.

A. L'EXFILTRATION PRÉSIDENTIELLE ET LE RÔLE DE LA FRANCE

Le départ d'Andry Rajoelina a été effectué « en catimini », signalant l'urgence et la discrétion de l'opération. L'analyse des faits révèle que cette exfiltration a bénéficié d'une assistance extérieure notable, menée par un avion militaire français.

Les détails indiquent qu'un hélicoptère a transporté le président sur l'île Sainte-Marie, d'où il aurait embarqué à bord d'un avion militaire en direction de La Réunion, avant de poursuivre son voyage vers Maurice ou Dubaï.

Il est mentionné que le Président français Emmanuel Macron aurait autorisé cette opération. Le recours à un moyen militaire français pour exfiltrer l'ancien chef d'État d'un pays en crise, non seulement dans un contexte sécuritaire, mais aussi en plein vide constitutionnel, est un acte souverain qui pourrait compliquer les relations futures entre Paris et le nouveau régime malgache.

Cette intervention place la France comme un acteur ayant facilité l'évasion du président déchu, ce qui pourrait engendrer des frictions diplomatiques avec l'Union Africaine.

B. L'ACTE FINAL : LE DÉCRET DE REMISE DE PEINES CIBLÉE

Avant de quitter le territoire, Rajoelina a publié un décret présidentiel le 12 octobre, octroyant une remise exceptionnelle de peines à huit personnes condamnées pour divers délits.

Ces bénéficiaires incluaient des figures politiques, journalistiques ou économiques notoirement connues, emprisonnées pour infractions relevant du droit pénal, notamment des affaires de corruption, de complot ou de diffamation.

Cet acte de clémence, réalisé au moment précis de sa fuite, est interprété comme une manœuvre stratégique de dernière minute, visant potentiellement à protéger des alliés clés ou à influencer l'opinion publique avant son absence forcée.

Cet usage ciblé de la prérogative présidentielle pour des infractions graves, telles que la corruption (qui est normalement exclue des mesures générales de grâce selon le droit malgache ), renforce l'ironie de la situation, puisque la corruption était l'une des principales causes de sa chute.

IV. LE DÉCHIREMENT CONSTITUTIONNEL : DESTITUTION PARLEMENTAIRE VS. VACANCE JUDICIAIRE (13-14 OCTOBRE)

Le 13 et le 14 octobre furent marqués par les tentatives des institutions civiles de remplir le vide de pouvoir, aboutissant à des actions légales contradictoires qui ont finalement servi de justification à l'intervention militaire.

A. L'ACTION LÉGISLATIVE : LA DESTITUTION (13 OCTOBRE)

Le processus de destitution a été initié à l'Assemblée Nationale (AN) suite à la saisine de la Haute Cour par Siteny Randrianasoloniaiko, vice-président de l’AN, le 12 octobre. Le 13 octobre, l'AN a voté la destitution du Président Rajoelina. La motion a été adoptée par 127 voix sur 133 députés présents. Ce résultat, qui dépasse largement la majorité des deux tiers requise, témoigne de la rupture totale du soutien politique dont bénéficiait Rajoelina.

Cette session s'est déroulée en l'absence notable du président sortant, Justin Tokely, et de plusieurs membres de son équipe, signalant une fracture institutionnelle marquée.

Il est également rapporté que Rajoelina avait tenté de dissoudre l'Assemblée Nationale par décret, juste avant ou le jour de sa fuite. L'AN a refusé de se conformer à ce décret, répliquant par le vote de destitution , une résistance institutionnelle qui a créé une situation de double rupture de légitimité.

B. L'INTERVENTION DE LA HCC : LA CONSTATATION DE VACANCE (14 OCTOBRE)

Le 14 octobre, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a publié la Décision n°10-HCC/D3. La HCC a contourné le vote de destitution de l'AN pour constater la vacance du poste de Président.

Le motif juridique invoqué par la HCC est que le Président Rajoelina « n’est pas à même de remplir les missions qui lui sont confiées » puisqu’il « ne se trouve et ne saurait se trouver sur le territoire de la République ». Elle a ainsi conclu qu’il « tombe sous le coup d’un abandon passif du pouvoir ».

Plus crucial encore, la HCC a pris la décision inhabituelle d'« inviter » le colonel Michaël Randrianirina à exercer la fonction de chef de l’État par intérim.

C. L'ENCADREMENT CONSTITUTIONNEL OUBLIÉ (ARTICLE 53)

La HCC, en invitant un militaire à l'intérim, a rappelé simultanément les contraintes de l'Article 53 de la Constitution. Ce texte dispose qu’une élection présidentielle doit se tenir “dans un délai de trente à soixante jours après la constatation de vacance” et que le Chef d’État par intérim n'a pas le droit de dissoudre les institutions et organes prévus par la Loi fondamentale.

En légitimant l'entrée d'une figure militaire sur la scène politique par son « invitation », tout en lui imposant un délai électoral très court et l'interdiction de réformer les institutions, la HCC a involontairement créé une situation intenable.

L'armée n'avait manifestement aucune intention de se conformer à un délai de 30 à 60 jours, utilisant l'invitation de la HCC comme un simple tremplin vers le pouvoir, justifiant le coup d'État du lendemain par la nécessité de gérer le « vide institutionnel » créé par ces actions contradictoires.

V. LA RÉACTION INTERNATIONALE : TOLÉRANCE ZÉRO ET ENVOI SPÉCIAL (13 OCTOBRE)

La réaction de l'Union Africaine (UA) a été rapide et déterminée, établissant dès le début de la crise le cadre d'évaluation internationale du nouveau régime.

A. LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DE PAIX ET DE SÉCURITÉ (CPS)

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine a tenu sa 1305e réunion le 13 octobre 2025, publiant le communiqué PSC/PR/COMM.1305 (2025). Le message central était sans équivoque : le CPS « réitère le principe de tolérance zéro de l’UA à l’égard des changements anticonstitutionnels de gouvernement » et « rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel de gouvernement dans le pays ».

Le CPS a exprimé sa vive préoccupation face à la situation, notamment les violences, la destruction de biens et les pertes en vies humaines survenues lors des manifestations. Il a condamné sans appel toutes les formes de violence et a exhorté les manifestants à privilégier les voies légales pour le règlement de leurs griefs. Surtout, le communiqué a insisté auprès des unités des forces armées malgaches pour qu'elles « reviennent à leur mandat ».

B. MESURES D'URGENCE DE L'UA

Afin de tenter une résolution politique, l'UA a demandé l’envoi urgent d’un envoyé spécial et d’une mission de haut niveau sur place. Ce communiqué, émis 48 heures avant que l'armée ne prenne formellement le pouvoir, a servi d'avertissement clair aux forces armées. Le fait que l'armée ait ignoré cet appel et ait pris le contrôle du pays le 15 octobre démontre un rejet de l'autorité régionale, garantissant un isolement diplomatique immédiat au nouveau régime.

VI. LA MILITARISATION DU POUVOIR : LE COUP D'ÉTAT DE FACTO (15 OCTOBRE)

Le 15 octobre 2025 marque la fin de la légalité constitutionnelle et l'installation d'une transition militaire structurée.

A. L'INSTALLATION DU CDNT ET LA SUSPENSION DU CADRE LÉGAL

La prise de pouvoir militaire s'est déroulée à Ambohitsorohitra. Le colonel Randrianirina a justifié cette action non pas comme un coup d'État, mais comme une « prise de responsabilité » nécessaire face à un « vide institutionnel devenu insoutenable », citant l'absence de responsables politiques depuis quatre jours.

L'instrument de ce nouveau régime est la Charte instituant le Conseil de défense nationale de Transition (CDNT). Parmi les premières décisions figure la suspension immédiate de la Constitution de 2010 et de plusieurs contre-pouvoirs essentiels : la Haute Cour constitutionnelle (HCC), le Sénat, la Haute Cour de justice (HCJ), la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et le Haut Conseil pour la défense et de la démocratie et de l’État de droit (HCDDED).

Cette suspension des organes de contrôle, y compris la HCC qui l'avait pourtant invité à prendre l'intérim, prouve que l'armée n'avait aucune intention de se conformer aux contraintes constitutionnelles. L'invitation de la HCC a été instrumentalisée comme un moyen de transition vers un pouvoir total, sans respect de l'Article 53.

B. L'ARCHITECTURE DE LA TRANSITION (CDNT)

Le CDNT a annoncé que la Transition durera « vingt-quatre mois tout au plus », un délai qui prolonge significativement la crise démocratique, mais qui est jugé nécessaire par l'armée pour garantir une stabilisation durable. Cette période est censée déboucher sur un référendum constitutionnel et des élections générales, impliquant la mise en place d'un gouvernement provisoire et d'une « Haute Cour pour la Rénovation ».

La direction du pays est assurée de façon collégiale par un Conseil composé d’officiers de l’armée, de la police et de la gendarmerie. Le CDNT sera également composé de six personnes représentant les six provinces malgaches, et de « deux représentants des partis politiques issus du conflit de 2002, pour garantir la réconciliation et la responsabilité historique partagée ». L'intégration des figures de 2002 (qui fait référence aux rivalités historiques entre les camps de Rajoelina et de Marc Ravalomanana ) est une tentative de gérer les lignes de fracture politiques profondes, tout en risquant de donner une plateforme à des acteurs historiques de l'instabilité.

C. L'EXCEPTION DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Le CDNT a choisi de maintenir « Seule l’Assemblée nationale [dans] sa forme actuelle ». Ce maintien est stratégique : en neutralisant les organes judiciaires et électoraux, l'armée conserve une façade de légitimité civile. De plus, l'AN est l'institution qui a formellement destitué Rajoelina, légitimant ainsi son retrait du pouvoir.

Le tableau ci-dessous détaille la stratégie de suspension sélective des militaires :

État des Institutions sous le Conseil de Défense Nationale de Transition (CDNT)

HAUTE COUR CONSTITUTIONNELLe (HCC) - Suspendue
Neutralise l'organe de contrôle légal et le délai constitutionnel de 30-60 jours.

SÉNAT - Suspendu
Élimine la chambre haute et tout risque de véto législatif.

COMMISSION ÉLECTORALE NATIONALE INDÉPENDANTE (CENI) - Suspendue
Permet au régime de transition de fixer le calendrier électoral et le cadre légal (référendum).

HAUTE COUR DE JUSTICE (HCJ), HCDDED - Suspendues
Met fin à toute possibilité de poursuite des anciens dirigeants.

ASSEMBLÉE NATIONALE (AN) - Maintenue
Conserve une façade de légitimité civile et parlementaire.

VII. LA NOUVELLE POLARISATION CIVILE : SITENY RANDRIANASOLONIAIKO À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Le maintien de l'Assemblée Nationale (AN) et l'élection de son nouveau président civil constituent un facteur clé dans la dynamique de pouvoir face au CDNT.

A. LE CHANGEMENT DE LEADERSHIP À L'ASSEMBLÉE

Dans la foulée de la crise, l'Assemblée Nationale a procédé au renouvellement de son bureau permanent, dans une ambiance décrite comme « solennelle et électrique ». Siteny Randrianasoloniaiko, député élu du district de Toliara I et chef de file de l’opposition, a été élu Président de l’Assemblée nationale.

L'élection d'un leader de l'opposition à la tête de la seule institution civile maintenue confère à l'AN un statut de contre-pouvoir potentiel essentiel. Randrianasoloniaiko, qui avait déjà été l'initiateur de la saisine de la HCC pour la destitution de Rajoelina, se positionne désormais comme la figure civile la plus influente face au pouvoir militaire collégial.

B. IMPLICATIONS DU MAINTIEN DE L'AN

Le maintien de l'AN, alors que toutes les autres institutions de contrôle sont suspendues, est l'élément le plus précaire de la nouvelle architecture de pouvoir. L'AN demeure le seul lieu de débat public formel et peut servir d'outil de légitimation pour le CDNT (en ayant destitué Rajoelina) ou, inversement, de foyer de contestation. La présence d'un chef de l'opposition à sa tête crée un risque de friction politique majeur sur les prérogatives du CDNT.

Le CDNT, dans sa tentative de réconciliation et de partage des responsabilités, a défini une structure collégiale complexe :

Analyse de la Structure du Conseil de Défense Nationale de Transition (CDNT)

OFFICIERS (Armée, Police, Gendarmerie)
Collégialité de la Présidence de la République
Assure la centralisation du pouvoir exécutif et sécuritaire. Risque de militarisation excessive de la politique.

6 REPRÉSENTANTS PROVINCIAUX - REPRÉSENTATION TERRITORIALE
Tentative de donner une légitimité régionale. Risque de fracture politique entre le centre (Antananarivo) et les périphéries.

2 REPRÉSENTANTS (CONFLIT 2002) - GARANTIE DE LA RÉCONCILIATION / RESPONSABILITÉ HISTORIQUE
Risque que ces figures utilisent la Transition comme une plateforme pour des règlements de compte politiques ou des agendas personnels, aggravant l'instabilité.

VIII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES

La crise d'octobre 2025 à Madagascar s'est achevée par la matérialisation d'un conflit triangulaire de légitimité (Parlement, Justice, Armée), résolu par la victoire d'un pouvoir militaire qui a délibérément choisi la voie anticonstitutionnelle. Le Conseil de Défense Nationale de Transition (CDNT) s'est installé en suspendant stratégiquement les organes de contrôle démocratique (HCC, CENI) pour s'octroyer le temps nécessaire (24 mois) à la refonte politique.

A. SYNTHÈSE DE LA RUPTURE

Le régime issu du 15 octobre est un changement anticonstitutionnel, caractérisé par un rejet explicite des délais électoraux stricts (30-60 jours) imposés par la légalité malgache. Le Colonel Randrianirina a utilisé la constatation de vacance par la HCC comme un simple point de départ, ignorant les contraintes associées. La fuite d'Andry Rajoelina, facilitée par une puissance étrangère, a précipité l'instabilité et a donné le prétexte d'un « vide institutionnel » à l'armée pour justifier sa prise de pouvoir.

B. PROJECTIONS ET DÉFIS DU CDNT

Le régime du CDNT fait face à des défis considérables. Sur le plan international, la menace de sanctions de l'Union Africaine est immédiate, obligeant le CDNT à trouver rapidement un moyen de conférer une crédibilité minimale à sa feuille de route. Sur le plan domestique, le maintien d'une Assemblée Nationale dirigée par l'opposition (Siteny Randrianasoloniaiko) représente un risque permanent de friction politique, capable de miner l'autorité du Conseil collégial. Enfin, la pérennité du régime dépendra de sa capacité à adresser les causes profondes de la chute de Rajoelina, à savoir la lutte contre la corruption et l'amélioration des services publics (eau, électricité).

C. RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES

Maintien de la Pression Régionale :

Il est impératif que l'Union Africaine, par l'intermédiaire de son Envoyé Spécial, maintienne une position ferme. L'UA doit exiger une révision substantielle du calendrier de Transition, ramenant les élections à des délais plus courts et crédibles, sous peine de sanctions progressives.

Dialogue avec l'Assemblée Nationale :

L'Assemblée Nationale, unique institution civile maintenue, doit être utilisée comme canal de dialogue et de pression par les acteurs internationaux pour garantir la participation de la société civile et de l'opposition à l'élaboration de la feuille de route du CDNT.

Transparence Géopolitique :

La France devrait être incitée à fournir des déclarations publiques transparentes sur les conditions exactes de l'exfiltration de l'ancien Président Rajoelina afin de clarifier son rôle et de restaurer la confiance diplomatique régionale.

Conditionnalité des Aides :

Tout programme d'aide ou de soutien futur doit être strictement conditionné à l'engagement du CDNT à mettre en œuvre des réformes structurelles claires concernant la gouvernance, la lutte contre la corruption, et l'amélioration immédiate des services publics essentiels qui ont déclenché la crise.

Ce samedi 11 octobre 2025 restera gravé dans l’histoire politique malgache. Depuis le début des manifestations portées p...
11/10/2025

Ce samedi 11 octobre 2025 restera gravé dans l’histoire politique malgache.

Depuis le début des manifestations portées par la jeunesse et le collectif Gen Z, la contestation contre le président Andry Rajoelina a pris une tournure dramatique car la ligne de fracture a été tracée une nouvelle fois dans le sang, non plus entre le peuple et le pouvoir, mais au sein même de l'appareil sécuritaire.

Le soutien officiel du CAPSAT (Corps d’administration des personnels et des services de l’armée de terre) aux revendications populaires a marqué un tournant décisif.

En effet, depuis le 25 septembre 2025, Madagascar connaît une crise politique et sociale majeure. Ce qui avait démarré comme un mouvement de protestation contre les coupures répétées d’eau et d’électricité dans la capitale Antananarivo et plus largement dans l’île s’est transformé en une contestation ouverte du régime du Président Andry Rajoelina, avec des revendications profondes de réformes institutionnelles, la démission du président, la dissolution du Sénat ou de la commission électorale, etc.

Jusqu’à présent, les autorités avaient multiplié les tentatives de désamorçage le limogeage ou le remplacement du gouvernement Ntsay (fin septembre), la nomination d’un militaire comme Premier ministre (Fortunat Ruphin Zafisambo depuis le 6 octobre) mais cela n’a pas suffi à apaiser la colère populaire.

LE CAPSAT AUX CÔTÉS DU PEUPLE : UNE JOURNÉE SOUS HAUTE TENSION

L'événement marquant de la journée a été l'annonce solennelle des militaires du CAPSAT, qui ont déclaré soutenir la jeunesse et les revendications populaires.

Ce soutien s'est matérialisé par un départ en convoi sécurisé par des blindés, escortant des milliers de jeunes manifestants vers le centre névralgique de la contestation : la Place du 13 Mai d'Antananarivo, un lieu symbolique de démocratie et de lutte, interdite aux rassemblements depuis plusieurs années.

Cependant, le convoi a rapidement rencontré une résistance farouche. Au niveau du camp de la gendarmerie, un blindé de la gendarmerie a ouvert le feu sur le convoi du CAPSAT et de la population.

Ce tir a eu des conséquences dramatiques, faisant un mort du côté des militaires et plusieurs blessés parmi les civils et les soldats.

En réaction à cette violence, la colère populaire a explosé : un blindé de la gendarmerie a été incendié du côté de Mahamasina, marquant le franchissement d'un cap dans l'escalade des tensions.

Le Rubicon est franchi. Les forces malgaches viennent de tirer les unes sur les autres.

BARRAGES, AFFRONTEMENTS ET LIBÉRATION DE LA PLACE DU 13 MAI

La tension a culminé au niveau du ministère de la Santé, où la gendarmerie a tenté d’empêcher l’accès à Analakely. Des renforts venus d’Imerintsiatosika ont permis de débloquer la route vers 17h15.

Une marée humaine a alors envahi la place du 13 Mai, forçant les forces pro-Rajoelina à se replier.

C'est une scène d'une puissance historique. Une marée humaine, des dizaines de milliers de personnes, déferle et envahit la Place du 13 Mai. Les forces de l'ordre fidèles au régime rebroussent chemin, n'osant pas tirer sur une telle densité de population désormais escortée de blindés amis.

La liesse populaire s’est exprimée avec la présence de figures politiques comme Rolland Ratsiraka, Siteny Thierry Randrianasoloniaiko, Gascar Fenosoa Mandrindrarivony, Anthelme Ramparany, des députés et des conseillers municipaux d'Antananarivo "Tsy manaiky lembenana : Alban Rakotoarisoa, Raharimalala Clémence, Lily Rafaralahy".

Le général de gendarmerie Lylison, compagnon de lutte d'Andry Rajoelina en 2009, a prononcé un discours, appelant au calme et insistant sur la protection des biens et des Malgaches, un message visant à prévenir tout débordement.

APPELS À L’UNITÉ ET CONTRE LA GUERRE FRATRICIDE

Face au risque de guerre civile, les chefs militaires ont publié une déclaration commune appelant à l’apaisement, au respect de la loi et à éviter les affrontements entre militaires et gendarmes, eux-mêmes paniqués par le risque d'implosion.

Le Premier ministre Fortunat Ruphin Zafisambo a également pris la parole en soirée pour tenter de calmer les esprits.

PANIQUE AU PALAIS ET COMMUNICATION D’URGENCE

Pendant ce temps, à Ambohitsorohitra, le palais présidentiel, c'est la stupeur. Des rumeurs d’exil du président Andry Rajoelina circulent sur les réseaux sociaux.

La présidence réagit en fin d’après-midi par un communiqué : « Le Président de la République est à Madagascar et continue d’assumer pleinement ses fonctions ».

Pourtant, seulement trois jours plus tôt, le 8 octobre 2025, le Président Andry Rajoelina avait organisé un grand dialogue national au Palais d’Iavoloha, réunissant les forces vives du pays.

L’objectif : écouter les préoccupations du peuple et chercher des solutions durables. Les échanges ont été francs et ouverts, abordant des thèmes cruciaux comme l’accès à l’eau et à l’électricité, l’avenir de la jeunesse, l’éducation, l’environnement économique, et la lutte contre la corruption.

Le président a insisté sur une approche non conflictuelle, privilégiant l’écoute et la transparence.

Il a aussi affirmé son intention de ne pas faire un 3e mandat, ce qui était aussi une crainte pour tous les Malgaches et la classe politique.

TENTATIVES DE SAUVETAGE DU RÉGIME

Le régime, sous pression maximale, tente de limiter les dégâts. Le risque d'un affrontement armé entre militaires et gendarmes, et d'une descente dans la guerre civile, est plus que jamais palpable.

L'unité et le respect de la discipline demandés par le commandement de l'armée semblent être la dernière ligne de défense contre le chaos.

QUELLES SOLUTIONS POUR DÉNOUER CETTE CRISE ?

En somme, la journée du 11 octobre marque une rupture nette dans le conflit : une unité militaire jusque-là loyale au régime change de camp et permet aux manifestants d’entrer dans le cœur de la capitale. Cela rend la situation beaucoup plus explosive et imprévisible.

Les options pour sortir de l'impasse politique sont limitées, mais chaque scénario comporte des risques majeurs :

• Status-quo ? Le maintien du régime actuel, malgré la défection d'une partie de l'armée et la reprise de la Place du 13 Mai, semble intenable. Il conduirait probablement à une escalade des violences et des tensions.

• Gouvernement d'union nationale ? Cette option permettrait d'intégrer l'opposition et d'apaiser le dialogue. Cependant, elle pourrait être rejetée par les manifestants qui exigent le départ pur et simple du Président.

• Démission de Andry Rajoelina et du nouveau gouvernement ? C'est la principale revendication des manifestants. Une telle démission pourrait ouvrir la voie à une transition négociée, mais laisserait un vide de pouvoir immédiat, source d'instabilité.

• Directoire militaire pour rétablir l'ordre et préparer de nouvelles élections présidentielles ? Ce scénario, potentiellement appuyé par le CAPSAT, pourrait offrir une période de transition pour des réformes et l'organisation d'un scrutin présidentiel crédible.

Toutefois, il s'agirait d'un coup de force militaire, potentiellement non reconnu par la communauté internationale et risquant d'enfoncer le pays dans un cycle de coups d'État.

L'appel au dialogue du Premier ministre et l'intervention du FFKM offrent une mince fenêtre de négociation. Mais, face à l'ampleur de la mobilisation et à la division des forces armées, le sort du régime se joue désormais à l'heure près.

LA GRANDE ÎLE EST AU BORD DU BASCULEMENT

Madagascar est à la croisée des chemins. Le monde observe. Le pays retient son souffle.

Le dilemme de la nuit : Chaos ou Directoire ?

Le choix entre chaos et dialogue dépendra de la capacité des acteurs politiques et militaires à privilégier l’intérêt national sur les ambitions personnelles.

Le peuple malgache, uni sur la place du 13 Mai, a montré qu’il ne veut plus subir, mais construire. C’est de cette même place qu’en 1972, qu’en 1991, qu’en 2009, le changement de régime est parti !

Chaque génération de Malgaches doit se battre pour sa liberté.

À l'heure où ces lignes sont écrites, Antananarivo retient son souffle. La Place du 13 Mai est au peuple, mais le pouvoir tient toujours et le risque d’un affrontement fratricide reste réel chez les Forces Armées.

Le pays n'a jamais été aussi proche de basculer dans la guerre civile, à moins qu'un scénario de rupture ne s'impose. La b***e est dans le camp des généraux et du Président Andry Rajoelina.

Démissionner, négocier un Gouvernement d'union nationale, ou assister à l'instauration d'un Directoire militaire pour "rétablir l'ordre" et préparer des élections ?

Le statu quo a cessé d'être une option. Cette nuit du 11 octobre sera cruciale !

MR

Adresse

Eysines

Notifications

Soyez le premier à savoir et laissez-nous vous envoyer un courriel lorsque LE COEUR ET LA VOIX DE MADAGASCAR - TVMADA - RADIOMADA publie des nouvelles et des promotions. Votre adresse e-mail ne sera pas utilisée à d'autres fins, et vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Contacter L'entreprise

Envoyer un message à LE COEUR ET LA VOIX DE MADAGASCAR - TVMADA - RADIOMADA:

Partager