
11/08/2025
L’acétamipride, symbole de l’impuissance d’un pays à se gouverner
Il fut un temps où l’État, fort de sa légitimité démocratique, décidait, tranchait, assumait. Aujourd’hui, ce même État donne l’impression d’avoir démissionné de ses fonctions régaliennes, incapable de gouverner autrement que par renoncement. Et dans cette grande pièce tragique, un acteur chimique aussi discret que révélateur fait office de symbole : l’acétamipride.
Insecticide néonicotinoïde autorisé sous dérogation spéciale, l’acétamipride cristallise les contradictions d’un système politique devenu théâtre d’ombres. Alors que certains pesticides sont bannis à la hâte sous la pression des lobbies environnementalistes ou des juridictions européennes, d’autres — tout aussi controversés — continuent à circuler grâce à des passe-droits bureaucratiques. Le citoyen n’y comprend plus rien, les agriculteurs encore moins. La science, elle, est convoquée à géométrie variable, selon qu’elle sert ou dérange l’idéologie dominante.
Mais le fond du problème n’est pas ce pesticide en lui-même. L’acétamipride n’est que le symptôme. Le vrai poison, c’est l’impuissance politique.
Aujourd’hui, le président de la République ne préside plus rien. Le gouvernement, au lieu de gouverner, administre mollement, entravé par un millefeuille de contre-pouvoirs devenus hors de contrôle. Le Conseil constitutionnel ne protège plus la Constitution, il la réinterprète au gré d’un progressisme militant. La magistrature, elle, donne de plus en plus l’impression d’avoir été capturée par une idéologie de gauche, confondant justice sociale et partialité partisane. Quant à la Cour des comptes, elle s’apparente désormais à une cour des copains, distribuant bons et mauvais points sans conséquences concrètes.
Pendant ce temps, le pays recule. Les décisions cruciales ne sont plus prises à l’Élysée ni à Matignon, mais dans des cabinets d’experts, des ONG influentes, des commissions technocratiques ou des juridictions européennes qui n’ont de comptes à rendre à personne. L’intérêt général est sacrifié sur l’autel du consensus mou, du juridisme sans fin et de l’autocensure politique.
Le cas de l’acétamipride aurait pu être tranché rapidement par une décision claire, motivée, assumée. Il n’en est rien. Comme tant d'autres sujets — immigration, énergie, sécurité, école — il est repoussé dans les limbes du « en même temps », du « oui, mais », du « pas tout de suite ». Et le peuple, dans tout cela ? Spectateur désabusé d’un pouvoir qui s’épuise à ne rien faire, otage d’un système où gouverner signifie désormais obéir aux injonctions des minorités les plus bruyantes.
Si l’acétamipride etait un poison pour la nature, l’indécision permanente elle est un poison pour la démocratie. Un pays qui ne sait plus trancher, c’est un pays qui vacille. Et quand la volonté politique s’efface devant les corporatismes, les réseaux, les juges et les idéologues, il ne reste qu’un État creux, dépossédé de lui-même.
Il est temps de se poser la question qui fâche : la France est-elle encore gouvernée ? Ou simplement gérée, comme une entreprise à la dérive, où plus personne ne sait qui commande ? ́