21/12/2024
Bilan Transludis 2024 :
- 8e année d'existence ♟️,
- plus de 550 000 mots traduits 💻,
- pour plus de 60 jeux et extensions 🎲,
- pour 17 éditeurs différents 💡.
En 2024, difficile de parler de traduction sans parler de l'IA et des ravages qu'elle commence à infliger au secteur de la traduction. Des pans entiers de cette discipline ont déjà cédé, dans la finance, le juridique, l'administratif, etc. ; si le domaine du jeu de société est (relativement !) épargné pour le moment, on se doit de rester vigilant face à ce "progrès" qui n'en est pas un. Il y a une constante : l'IA n'est JAMAIS employée à des fins de qualité ; elle l'est systématiquement à des fins de rentabilité. On accepte la médiocrité pour produire plus, car cela coûte moins cher, ou rapporte davantage.
Oui, l'IA fait le café : elle rend un texte a priori incompréhensible en propos intelligible... et c'est tout. Une traduction correcte, dans le domaine du jeu de société comme ailleurs, n'est pas qu'une simple transposition de l'anglais au français. Elle implique de la recherche, du style, des tournures spécifiques, des conventions d'écriture, et un certain "sens" du jeu qu'une machine est bien incapable d'avoir. Un bon traducteur de jeu de société, c'est avant tout un joueur qui pratique régulièrement. C'est un artisan de la langue française, qui lutte contre une industrie robotisée qui cherche à le remplacer.
Or l'IA ne pratique pas : elle recrache ce qu'elle a vu ailleurs. Elle ne se glisse pas dans la peau du joueur et ne cherche pas à reformuler, à adopter des tournures de phrases propres au français, à corriger les éventuelles erreurs du texte-source (qui sont fréquentes). Elle ne "comprend" pas le jeu et n'est pas capable de l'expliquer. Elle n'est pas capable de glisser un trait d'humour, de proposer un exemple pertinent, de formuler la même règle de deux manières différentes pour s'assurer qu'elle soit bien comprise.
Alors oui, pour certains, cela suffit. On ne parle pas de traduire du Shakespeare non plus, et "tant qu'on comprend", ça va bien. Tout dépend en réalité du niveau d'exigence du public. Tant qu'il restera des joueurs attachés au sens du texte et à la justesse d'une traduction soignée, il restera des éditeurs pour prendre le temps de confier cette mission à des professionnels dévoués, plutôt qu'à des machines sans âme.
Je tiens à remercier Actarus Editions , Awaken Realms, Creative Games Studio, Don't Panic Games, From the Woods, Gale Force Nine, Gigamic, IELLO, L'Équipe Ludique, La Boite de jeu, Mandoo games, Matagot & Friends, Mighty Boards, Monolith, Schmidt Spiele GmbH, Super Meeple et Two Manta pour la confiance qu'ils m'ont accordée ou renouvelée cette année.
Excellente année à tous !