L'Aurore du Bourbonnais

L'Aurore du Bourbonnais L’Aurore du Bourbonnais Il privilégiera le niveau local et l’échelon européen. Hebdomadaire local depuis 1944, nous surestimons pas pour autant nos forces.

Sur douze pages et sous des rubriques bien identifiées nous voulons enrichir le paysage médiatique de l’Allier en tant que journal de réflexion. L’Aurore du Bourbonnais restera un lieu de publication pour des annonces légales. Elle ne cherchera pas à s’établir comme concurrent des grands quotidiens et hebdomadaires locaux qui rendent un services d’information indispensable pour les habitants de l’

Allier et leurs villes et villages. Elle rivalisera encore moins avec les grands hebdomadaires nationaux dont les mérites sont indiscutables pour le débat sur les grands enjeux nationaux, mais qui connaissent aussi la tendance fâcheuse de confondre Paris avec la France entière, l’Élysée avec le nombril du monde. Si L’Aurore du Bourbonnais paraît dorénavanti avec quatre pages de plus, une typographie plus lisible et des photos illustrant le propos d’un texte c’est pour amener les lecteurs et lectrices sur le chemin de la réflexion et du débat. L’analyse, la mise en perspective et le commentaire seront à leur disposition le samedi dimanche pour éclairer le quotidien de l’information. Le point de départ de l’Aurore restera inchangé. La pensée chrétienne bien cultivée restera pour ce journal un terreau riche et fertile.

DE MEILLEURES ÉCOLES POUR MOINS D’ÉLÈVESÉditorial n°4020La population de notre département décroît. Entre 1990 et 2024 n...
05/12/2025

DE MEILLEURES ÉCOLES POUR MOINS D’ÉLÈVES

Éditorial n°4020

La population de notre département décroît. Entre 1990 et 2024 nous avons perdu vingt-cinq mille habitants ou 7 % de la population pour nous situer aujourd’hui avec 334 000 habitants à la 68e place parmi les départements. En même temps, la France est passée de 56,6 millions habitants à 68,3 millions, soit une augmentation de 14 %.

À en croire une dernière enquête de l’INSEE, ce déclin relatif du Bourbonnais risque de s’accentuer dans les années à venir si nous ne réussissons pas à attirer de nouvelles populations. Dans une publication du 6 novembre les statisticiens de la nation ont comparé les effectifs scolaires du premier et second degré et du supérieur en 2024-2025. Avec 5 000 étudiants, le département s’en sort encore assez bien en se plaçant au 58e rang des départements métropolitains. C’est probablement le fait du dynamisme de Vichy et du tricéphalisme avec nos trois villes principales ayant chacune une offre attractive dans les études supérieures. Il serait intéressant à l’avenir de bien se coordonner pour exploiter encore plus cet avantage relatif, notamment vis- à-vis de l’Université d’Auvergne. Des jeunes qui font leurs études chez nous seront sans doute mieux disposés à y rester et fonder une famille.

La situation est cependant moins rose au regard des premier et second degrés. Avec 25 000 élèves dans les écoles primaires et 23000 dans les collèges et lycées l’Allier se situe à la 71e place nationale donc moins bien que dans le classement général de la population. En cinq ans, nous avons perdu 1,8 % des effectifs dans le premier degré et 0,6 % dans le second alors que la baisse à l’échelle nationale est respectivement de 1,2% et 0,1%.

On n’entre pas ici dans le débat sur le devenir de nos écoles communales et collèges ruraux. Avoir moins d’élèves entraîne nécessairement une réflexion sur les postes d’enseignants, mais une offre scolaire réduite abaisse encore plus l’attractivité d’un village et d’un canton. Ce qui paraît toutefois aussi important, c’est la question de la qualité de l’enseignement et surtout de son volet littéraire, mathématique et scientifique. En effet les familles regardent attentivement la qualité de l’enseignement dispensée dans un territoire avant de s’y installer. C’est pourquoi il est important de toujours chercher à améliorer l’attractivité de nos écoles pour faire face au vieillissement de la population.

Stefan Lunte

LES TRÉSORS ASSOCIATIFSÉditorial n°4018Des associations et fondations dont les objectifs sont hautement louables se trou...
21/11/2025

LES TRÉSORS ASSOCIATIFS

Éditorial n°4018

Des associations et fondations dont les objectifs sont hautement louables se trouvent parfois dans des situations financières presque trop confortables grâce aux subventions publiques et à la générosité des donateurs. Trois exemples récents de rapports de la Cour de Comptes le montrent.

Pendant l’été la Cour des Comptes a publié un rapport sur les Restaurants du Cœur. Il était plutôt satisfaisant même si le document final signale une montée en puissance des subventions d’État et de l’Europe qui représentaient près de 40% des recettes en 2024. En augmentation de 63 % en 2024, elles ont atteint un total de 104 millions d’euros pour faire face aux aléas financiers et sociaux alors que l’association disposait des réserves de précaution. Car, en 2024, l’association disposait de 223 millions d’euros de fonds propres pour un endettement inférieur à 40 millions.

Une situation similaire a été révélée pour la Fédération française des Banques alimentaire qui a fait également l’objet d’un contrôle par la Cour des comptes l’été dernier. Les subventions publiques ont été multipliées par trois entre 2019 et 2023 – de 6,60 M€ à 22,50 M € – pour répondre à l’urgence post- Covid, mais les maîtres de requête de la Cour ont constaté un rythme de consommation faible de ces financements. Les fonds propres reportés en attente d’utilisation ont en toute logique augmenté sur la même période de 4 à 23 millions d’euros.

Le dernier exemple concerne l’association 30 Millions d’Amis qui est active dans le domaine de la protection des animaux. Le rapport de la Cour des comptes paru en octobre met en exergue une activité modeste par rapport à une assise financière considérable. Fin 2023, l’association avait 86 M € de ressources mobilisables pour lancer des projets, soit l’équivalent de 4,5 années de charges d’exploitation. La Cour était donc formelle : «Il est impératif que la fondation mette fin à la thésaurisation excessive de ses ressources.»

Les associations – quelle que soit leur taille – n’ont pas vocation à devenir riches mais toujours plus efficaces dans la réalisation de leur objet social.

Stefan Lunte

L’INDÉPENDANCE DE L’EUROPEÉditorial n°4015La sécurité et le régime démocratique de l’Eu- rope sont menacés, des risques ...
31/10/2025

L’INDÉPENDANCE DE L’EUROPE

Éditorial n°4015

La sécurité et le régime démocratique de l’Eu- rope sont menacés, des risques immenses pèsent sur son économie et son industrie, la Russie viole son territoire... pour toutes ces raisons l’Europe vit un moment historique de défense de son indé- pendance. Telle est l’analyse de la Commission européenne qui a présenté la semaine dernière son programme de travail pour 2026 qui se veut à la hauteur de ces enjeux. Les voix ne manqueront pas pour le disqualifier comme étant loin en des- sous des exigences du moment. D’autres y verront une nouvelle preuve de l’ingérence de l’Europe dans les affaires des nations qui la composent.

Reconnaissons pour autant un effort de clarifi- cation et de transparence de la part de l’organe exécutif de l’Union européenne. Une communi- cation de moins de dix pages avec cinq annexes. La première présente les trente-huit nouvelles initiatives législatives pour 2026, la deuxième les vingt procédures d’évaluation de lois existantes et la troisième les cent onze projets de lois en cours. Les deux dernières font état de lois ou pro- jets de loi que la Commission retirera ou abolira.

Quant à son contenu, le nouveau programme de travail de la Commission européenne reflète le passage de l’agenda environnemental et clima- tique du Pacte vert de la première présidence von der Leyen à l’ère du Pacte industriel propre, favo- rable aux entreprises, de la seconde, où le renfor- cement de la compétitivité est l’objectif principal. Le projet de simplifier le règlement général sur la protection des données (RGPD) va certainement dans ce sens, de même que le projet de consti- tuer un régime réglementaire unique pour des entreprises opérant dans le marché commun ou encore la création d’une Union de l’épargne et de l’investissement. Assez consensuelle devrait être aussi une initiative européenne pour mieux se défendre contre les drones et le renforcement envisagé d’Europol et de Frontex.

Les critiques contre la Commission européenne et contre sa présidente se sont multipliées au cours de ces derniers mois mais reconnaissons aussi ses efforts pour agir en transparence et sa volonté de se montrer à la hauteur de ce qui est en jeu : la défense de l’indépendance de l’en- semble des peuples européens.

Stefan Lunte

LA SANTÉ MENTALE DE NOS JEUNESÉditorial n°4012Dans ces heures et jours difficiles pour notre pays il n’est pas permis de...
10/10/2025

LA SANTÉ MENTALE DE NOS JEUNES

Éditorial n°4012

Dans ces heures et jours difficiles pour notre pays il n’est pas permis de se détourner ou de relâ- cher le devoir citoyen. Pour ce journal, ce devoir consiste à rapporter des informations sérieuses et structurantes aux lecteurs du Bourbonnais et d’ailleurs. Ainsi, cette semaine, l’attention sera portée sur la santé mentale de nos jeunes. L’Ins- titut Montaigne vient d’y consacrer un rapport inquiétant.

Une enquête menée auprès de plus de cinq mille jeunes Français de 15 à 29 ans a révélé qu’un quart des jeunes Européens seraient atteints de dépression. 25 % ! Un sur quatre ! Pire encore : près d’un jeune sur trois affirme avoir déjà eu des pensées suicidaires ou envisagé de se faire du mal. Comment est-ce possible ? Comment comprendre que seulement un sur dix n’est pas stressé par ses études et un sur quatre par son travail ?

Une piste à suivre serait que les jeunes du monde rural connaissent moins de tristesse et de déses- poir que ceux du monde urbain où l’isolement et la précarité sont plus répandus. Puis, 76 % des jeunes déclarent avoir été sensibilisés à la santé mentale, mais cette sensibilisation passe avant tout par des réseaux sociaux et les proches. Les canaux institutionnels restent minoritaires. 20 % seulement ont été sensibilisés par des initiatives de l’établissement scolaire ou universitaire, 11 % par leur médecin, 8% par une association, et pourtant ce seraient ces acteurs qui sont les mieux placés pour apporter une information fiable, encadrée et de qualité.

D’une manière assez innovante, l’enquête a inclus une partie prospective en demandant aux jeunes de juger les mesures les plus efficaces pour amé- liorer leur santé mentale. Ainsi, 36 % demandent de faciliter l’accès aux soins psychologiques et la prévention. C’est un sujet de la santé publique. C’est aussi – sur un autre registre – l’accompa- gnement spirituel que pourrait proposer l’Église. 34 % demandent plus de possibilités d’accès au sport, à la culture et à des activités conviviales. C’est un sujet pour nos associations et collecti- vités. 29 % souhaitent qu’on agisse sur les causes profondes qui sont le harcèlement, l’isolement et la précarité. C’est un sujet... pour nous tous.

Stefan Lunte

GARÇONS ET FILLESÉDITORIAL N°4010Le Martens Center, un centre d’étude proche du PPE basé à Bruxelles, vient de publier u...
26/09/2025

GARÇONS ET FILLES

ÉDITORIAL N°4010

Le Martens Center, un centre d’étude proche du PPE basé à Bruxelles, vient de publier une analyse des résultats de l’enquête longitudinale Glocalities qui explore dans huit pays européens l’écart croissant dans les orientations politiques entre les sexes ainsi que l’évolution des valeurs chez les jeunes citoyens européens. En se focalisant sur deux axes de valeurs clés – espoir versus désespoir et liberté versus contrôle – l’étude a mis en évidence des différences dans le comportement politique entre générations et sexes. Les quatre principales conclusions sont les suivantes :

• Il y a un fort écart de valeurs entre les sexes. Un fossé grandissant existe entre les jeunes hommes et les jeunes femmes en Europe. Les jeunes femmes adhèrent de plus en plus aux valeurs libérales et anti-patriarcales, tandis que les attitudes des jeunes hommes évoluent vers des valeurs traditionnelles et des idéologies conservatrices. L’idée conventionnelle d’une jeunesse uniformément progressiste s’avère aujourd’hui erronée.

• Ensuite, les jeunes générations – et en particulier les hommes de 18 à 29 ans – expriment de plus en plus de pessimisme et de frustration sociale. Cette désillusion conduit à une polarisation de la société et à la montée des mouvements populistes de droite.

• La désindustrialisation de l’Europe a eu un impact négatif disproportionné sur les jeunes hommes, réduisant les opportunités d’emploi dans les secteurs de production. Les systèmes éducatifs n’ont pas su l’anticiper et le sentiment d’être laissé-pour-compte s’est exacerbé.

• Enfin, l’éloignement des jeunes hommes des valeurs libérales a créé un terreau fertile pour une rhétorique populiste de droite, qui propose des récits et visions alternatifs de la société.

Les partis qui se positionnent au centre de l’échiquier politique ne pourront plus ignorer ce clivage dans la jeunesse sous peine d’éloigner encore plus vite les jeunes de la politique traditionnelle et de favoriser la montée continue des mouvements extrémistes.

Stefan Lunte

NON AU PÉCHÉ DE PESSIMISMEÉditorial n°4009Il y a cinquante ans en 1975, jour pour jour ce samedi 20 septembre Alexis Leg...
19/09/2025

NON AU PÉCHÉ DE PESSIMISME

Éditorial n°4009

Il y a cinquante ans en 1975, jour pour jour ce samedi 20 septembre Alexis Leger est décédé dans sa maison sur la presqu’île de Giens située sur la commune d’Hyères. Il était l’un des plus grands diplomates français du XXe siècle. En 1925, il entre au service d’Aristide Briand comme directeur de cabinet et contribue depuis beaucoup aux efforts de réconciliation avec l’Allemagne et à l’unification du continent européen. Au début de la guerre, il part en exil aux États-Unis.

Alexis Leger était aussi poète. Sous le nom de Saint-John P***e il publia des recueils comme Anabase, Exil, Vents et Amers et reçoit en 1960 le prix Nobel de littérature. Homme de lettres, il nourrissait des amitiés avec des poètes et écrivains comme Paul Jammes, André Gide, le Bourbonnais Valery Larbaud ou encore des hommes politiques comme le secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld.
En 1935, il répond ceci à une enquête littéraire sur l’optimisme en politique : « Des raisons d’optimisme ? Elles sont avant tout d’ordre vital : la vie rend mille à qui lui donne cent ; elle enlève mille à qui lui refuse cent. Malheur aux incertains et aux parcimonieux ! On périt par défaut bien plus que par excès. La vie est toute action ; l’inertie est la mort. Le dernier terme de la dégradation du radium, c’est le plomb. Ainsi, pour les sociétés comme pour les individus, le goût de l’énergie, source première d’optimisme, est un instinct foncier de rectitude organique. Le pessimisme n’est pas seulement une faute contre-nature, c’est une erreur de jugement autant qu’une désertion. C’est le péché de l’esprit, le seul irrémissible. Aucune raison d’en faire un péché français.»

La situation actuelle du pays incite beaucoup de monde dans la politique, dans les médias ou accoudés au zinc à commettre le péché de l’esprit. Alexis Leger alias Saint-John P***e nous exhorte à suivre « l’instinct foncier de rectitude organique» et de ne pas perdre notre optimisme. Il est vital.

Stefan Lunte

POUR LE RETOUR DU LIVRE D’ANNE DE FRANCECe week-end ont lieu les Journées européennes du Patrimoine. Cette année le patr...
12/09/2025

POUR LE RETOUR DU LIVRE D’ANNE DE FRANCE

Ce week-end ont lieu les Journées européennes du Patrimoine. Cette année le patrimoine architectural est à l’honneur et le Bourbonnais en est particulièrement riche. Mais il existe aussi le patrimoine littéraire et tous les Bourbonnais peuvent se réjouir d’une retrouvaille majeure qui s’est produite au cours de l’été. Début septembre le Quotidien de l’Art donnait l’information en primeur, qui a été ensuite reprise par les confrères de RCF Allier et de La Montagne.

Le manuscrit original contenant Les Enseignements d’Anne de France à sa fille Suzanne a été retrouvé. Par arrêté du 25 août la ministre de la Culture a refusé son exportation tout en le classant trésor national. Écrit au tout début du seizième siècle par une mère inquiète du sort de sa fille dans un monde de jaloux et de prédateurs, il s’agit du premier livre d’éducation de la Renaissance en France. Avec la fin du duché le manuscrit est sorti des bibliothèques des Ducs de Bourbon pour rejoindre Paris d’où il disparaît à la révolution avant de réapparaître à Saint-Pétersbourg. Il en revient dans les années 1930 mais ensuite sa piste se brouille et le livre passe sous les radars de l’administration et des chercheurs dans une collection privée. Avec sa redécouverte et la déclaration de Trésor National, l’État dispose dorénavant de deux ans et demi pour l’acquérir.

En rêvant un peu, on s’imagine bien que ce trésor écrit en Bourbonnais par la dernière duchesse de Bourbon puisse venir enrichir les collections du futur musée de Souvigny sous l’égide du tout nouvel établissement public de coopération culturelle « Grand Site clunisien de Souvigny ». Mis sur pied en mai dernier cet EPCC a toutes les qualités requises pour rénover et réaménager le site prieural à la hauteur de son rang. En effet Souvigny est déjà reconnue comme cœur spirituel du Bourbonnais mais sa vocation est également celle d’un joyau du patrimoine européen. Quelle meilleure demeure proposer à ce trésor retrouvé ? Anne de France y a été inhumée en décembre 1522. Que ce serait beau que l’original de son livre retourne auprès d’elle en Bourbonnais.

Stefan Lunte

QUATRE MILLECe journal paraît aujourd’hui sous le n°4000. Dans la Bible, quatre mille est le nombre de la foule que Jésu...
18/07/2025

QUATRE MILLE

Ce journal paraît aujourd’hui sous le n°4000. Dans la Bible, quatre mille est le nombre de la foule que Jésus nourrit en multipliant le pain au bord du lac de Génésareth. Quatre est le nombre symbole de la terre pour indiquer les quatre saisons ou les quatre points cardinaux et mille signifie la plénitude divine comme dans le verset 89,4 du psaume « À tes yeux mille ans sont comme hier ». Le nombre quatre mille dans le miracle des pains symbolise que la grâce de Dieu est universelle.

Pour un journal comme L’Aurore du Bourbonnais cela a également du sens. En quatre-vingt ans de parution sans interruption, ce journal s’est métamorphosé à de multiples reprises. De la feuille hectographique créée par de jeunes résistants catholiques sous l’occupation allemande, au sérieux journal diocésain grand format pendant la grande période incluant le deuxième concile du Vatican de 1962 à 1965, au modeste journal d’annonces légales jusqu’à l’ouverture européenne depuis 15 ans, les changements de formes, de rubriques et de thèmes ont été multiples. Sans oublier les très nombreuses personnes qui l’ont fait vivre par leur travail ou leur lecture.

Ce qui n’a pas changé, par contre, est le fait que ce journal – comme la plupart des journaux d’ailleurs – est accessible à tous. À condition de lire le français, d’accepter de le recevoir uniquement en édition papier et de s’acquitter d’une modeste somme pour le recevoir, tout le monde peut y avoir accès quel que soit son lieu d’habitation. Il est d’ailleurs envoyé chaque semaine à des abonnés dans plusieurs pays européens. L’information qu’il dispense n’est pas réservée à un petit cercle secret. Très modestement, il a contribué à travers ses quatre mille parutions à la diffusion d’informations et aux débats d’idées dans l’espace public du Bourbonnais et d’ailleurs. Avec une option préférentielle pour les trois sujets que sont le Bourbonnais, l’Église et l’Europe, nous nous sommes inscrits depuis quinze ans dans cette tradition et, pour une fois, nous ne cachons pas une certaine fierté.

Stefan Lunte

LE MURMUREÉditorial n°3999Le grand poète Christian Bobin est mort en novembre 2022. On lui doit par exemple le roman Le ...
11/07/2025

LE MURMURE

Éditorial n°3999

Le grand poète Christian Bobin est mort en novembre 2022. On lui doit par exemple le roman Le Très-Bas autour de la figure de saint François d’Assise. On en a parlé il y a fort longtemps et avec enthousiasme dans cette colonne. Début 2024, son dernier livre est paru à titre posthume. Il l’avait écrit pendant les deux mois précédant sa mort. Sur près de soixante morceaux, il évoque ses liens avec sa mère, la maladie, l’hôpital, la mort qui l’attend et également l’amour pour sa deuxième femme qui est décrit avec tant d’intime beauté qu’on se refuse d’en dire plus dans ces quelques lignes.

Chaque morceau du recueil est un médaillon d’orfèvrerie de la langue française qui révèle la sagesse de celui qui a conscience que le temps lui est compté. Le poète célèbre la vie, les aventures et les choses petites, moyennes ou grandes, avec d’autant plus de justesse qu’il sait que sa dernière heure approche. La musique a une place de choix avec une admiration sans retenue pour le pianiste russe Grigory Solokov. Il le voit comme « une muraille contre la mort » et explique : « Il y a deux sortes de mort. La première saisit le corps... Et puis, il y a l’autre mort, celle qui advient en coupe-gorge dans les ruelles mal fréquentées du monde. La mort dans la vie. Les conventions. Les fleurs en plastique de l’intelligence raisonneuse. C’est de cette mort-là que Sokolov, par sa puissance, nous garde. »

Le poète disparu a aussi des mots d’une extrême justesse dans cette période caniculaire : « L’été n’est pas une saison tendre, sauf quand chaque soir – comme cela arrive aux mourants – il nous donne le meilleur de lui-même que cachait son intolérance bleue : un ciel remplit d’étoiles dont chacune est un ba**er à nos âmes fatiguées. La grande douceur de se parler les soirs d’été sous les guirlandes d’un restaurant en proche faillite, au bord d’un lac. »

Un grand merci posthume à Christian Bobin pour son œuvre et tout particulièrement pour ce dernier livre. Il s’appelle Le Murmure.

Stefan Lunte

L’ÉTAT MEMBRE ATYPIQUEÉditorial n°399552 % des Européens ont confiance dans l’Union européenne et dans la Commission eur...
13/06/2025

L’ÉTAT MEMBRE ATYPIQUE

Éditorial n°3995

52 % des Européens ont confiance dans l’Union européenne et dans la Commission européenne, son organe exécutif. C’est le message principal de la livraison du mois de juin du Standard Eurobaromètre, l’enquête menée deux fois par an par la Commission européenne. Il s’agit du meilleur score depuis 2007 d’autant plus que ce résultat contraste avec le peu de confiance que les quelque 26000 personnes interrogées accordent à leurs parlements et gouvernements nationaux avec respectivement 37 % et 38 %.

En France, la suspicion est nettement plus importante à la fois pour l’UE et les institutions nationales. Seulement 42 % des Français questionnés font confiance à l’UE, 24 % à leur Parlement et 23 % à leur gouvernement. Le peuple français, qui est réputé être le plus politisé en Europe, est actuellement aussi le plus pessimiste parmi les grands États membres. Pour quelles raisons ?

Quatre sujets sortent en tête comme étant les plus urgents et pour lesquels les gouvernants n’arrivent pas à apporter de réponses satisfaisantes aux yeux des Français. Largement en tête, avec 33 %, se trouvent l’inflation et le coût de vie. La situation économique générale et la dette publique sont mentionnées par 20 % des Français, alors que la criminalité se trouve en quatrième position (17 % des réponses). La comparaison avec les autres pays européens est encore plus saisissante. Par exemple, à l’échelle européenne, l’inflation et la criminalité sont mentionnées deux fois moins souvent que dans l’Hexagone.

La France a aujourd’hui l’air d’un État membre à part dans l’Union européenne, d’un État atypique qui actuellement ne réussit plus à mobiliser les forces intellectuelles et morales nécessaires pour se réformer et se relever. Des nouvelles échéances électorales arrivent, certes, mais elles risquent de faire enfler le décalage par des programmes dangereux et irréalistes. Elles peuvent aussi, à l’inverse, apporter une alternance réelle car réaliste. C’est à cet espoir qu’il faut s’accrocher maintenant pour que la France puisse retrouver son rang historique parmi les peuples européens.

Stefan Lunte

LES COMPTES SOCIAUX DE LA NATION EN DANGERÉditorial n°3994Il est difficile de comprendre les causes et origines du phéno...
06/06/2025

LES COMPTES SOCIAUX DE LA NATION EN DANGER

Éditorial n°3994

Il est difficile de comprendre les causes et origines du phénomène de refoulement collectif à trois temps à l’œuvre en France dès qu’il s’agit des comptes de la nation. Le mécanisme qui doit avoir ses origines déjà dans l’Ancien Régime se déroule toujours à peu près de la même manière : Au premier mouvement, on entend un message d’alerte, un avertissement sérieux, un rapport accablant. Au deuxième mouvement, on suppose que c’est grave mais face aux chiffres improbables qui n’ont plus aucun rapport avec les montants auxquels on est confronté au quotidien, on décide de ne pas se laisser submerger par la perplexité ou l’inquiétude. Dans le mouvement final on retourne à ses occupations antérieures en se demandant quel était ce bruit lointain dont on ne se rappelle déjà plus la nature exacte.

La dernière fois qu’on a pu observer ce phénomène de refoulement c’était le 26 mai dernier avec la publication du rapport « Sécurité Sociale 2025 » de la Cour des comptes. Les sages de la Rue Cambon n’ont pas mâché leurs mots en décrivant la situation catastrophique des comptes sociaux qu’ils jugent « hors contrôle ». Ainsi, « en 2024, le déficit des régimes obligatoires de base de la sécurité sociale, prévu à 10,5 Md€ en loi de financement initiale, s’est élevé finalement à 15,3 Md€. Par rapport à 2023, le déficit s’est creusé de 4,4 Md€. Une aggravation continue est attendue, à 22,1 Md€ en 2025 et à 24,1 Md€ en 2028. »

C’est surtout le déficit de la branche maladie qui continue d’augmenter à cause d’une dynamique dépensière non contrôlée notamment dans les postes indemnités journalières, honoraires des infirmiers, des masseurs-kinésithérapeutes et des médecins spécialistes.

Habitée par son sens du devoir institutionnel, la Cour des comptes développe un certain nombre de pistes pour éviter la catastrophe : mieux réguler l’intérim paramédical, réorganiser les fonctions supports à l’hôpital, repousser la fraude aux retraites versées à l’étranger, meilleure gestion des indus etc., tout en soulignant la nécessité de renforcer qualité et efficacité de la sécurité sociale. Cependant, de moins en moins nombreux sont ceux qui croient en la possibilité de réformer ce trésor national, alors on préfère ne pas y penser.

Stefan Lunte

LE MOMENT DE L’EUROPEÉDITORIAL N°3992Le 14 mai dernier, le gouverneur de la Banque de France est intervenu devant la com...
23/05/2025

LE MOMENT DE L’EUROPE

ÉDITORIAL N°3992

Le 14 mai dernier, le gouverneur de la Banque de France est intervenu devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur « le moment de l’Europe ». La pensée de François Villeroy de Galhau, devenu un sage après de longues années au service de la France et de l’Europe est fortement imprégnée par la doctrine sociale de l’Église.

Dans son propos liminaire, il a évoqué le défi européen de transformer nos atouts économiques et financiers en une souveraineté commerciale et monétaire. Le taux d’inflation et les taux directeurs de la Banque centrale européenne sont aujourd’hui proches des 2 %, ce qui nous est très favorable comparé aux 4,25 % des taux américains et des britanniques.

Il a ensuite appelé à dépasser la tétanie créée par la deuxième présidence Trump pour saisir «le moment de l’Europe.» À la Commission européenne de fixer dès maintenant une date mobilisatrice, comme l’avait fait dans le passé Jacques Delors, au sujet du marché unique et de l’euro. Un rendez-vous pour atteindre un marché unique plus intégré, notamment pour les services et l’énergie, pour mieux investir dans les domaines les plus prometteurs, comme l’intelligence artificielle, pour innover plus vite et simplifier les procédures et délais de notre système bureaucratique aujourd’hui étouffant.

Pour M. Villeroy de Galhau, le moment « Europe » est donc venu et selon lui le nouveau gouvernement allemand pourrait aider à le saisir. Il a raison. L’essentiel est de mobiliser une volonté politique alors que les extrêmes politiques vivent une panne intellectuelle face aux échecs et impasses dans lesquels s’engouffrent actuellement messieurs Poutine et Trump. C’est cela qui permettra aux économies européennes d’orienter en leur faveur l’immense épargne privée de notre continent. En 2024, le stock d’épargnes des ménages atteignait 32 500 milliards d’euros pour la zone euro dont 6 300 milliards pour la France. Cette épargne va aujourd’hui sur des placements les moins risqués et les moins rentables ou elle part aux États-Unis. Orienter notre épargne vers des destinations qui servent le bien commun européen : c’est ça le moment européen pour un banquier central chrétien.

Stefan Lunte

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