23/09/2025
Il y a des Justes qui existent, et sauvent ce qui nous reste d'Humanité !
Reconnaître, en 2025, un Etat palestinien, déclaré en 1988 (oui : mille neuf-cent quatre-vingt-huit), c'est bien. Reconnaître l'humain et respecter sa vie dans sa liberté et sa dignité, en agissant pour empêcher sa disparition, c'est essentiel.
Alaa al-Qatraoui, poétesse gazaouie, a perdu ses quatre enfants dans les bombardements génocidaires qui continuent sur Gaza. Avec sa blessure indélébile, elle continue à vivre libre et digne, malgré l'horreur continue.
Voilà ce qu'a écrit Alaa al-Qatraoui à la fin de sa lettre à Matthieu Yon, le 24 juin 2025 :
"Mon Orchidia [prénom de la fille d'Alaa al-Qatraoui] grandit et fleurit chaque jour. Les missiles de l’occupation ne peuvent pas la tuer, et les véhicules de Gédéon ne peuvent pas l’arracher de force à sa terre. Elle s’est transformée en battement dans mon cœur, en ondes dans mon âme, et en particules éternelles qui circulent dans l’air, l’eau et la terre.
Ils échoueront toujours à nous tuer.
Car notre foi que nous vivons sur notre terre et dans notre patrie, la Palestine, nous accorde la vie éternelle."
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Plaidoyer pour la venue en France de la poétesse gazaouie
ALAA AL-QATRAOUI
Chères amies, chers amis,
Vous vous souvenez, je l’espère, de la lettre que Mathieu Yon avait adressée à la poétesse palestinienne gazaouie Alaa al-Qatraoui, et que j’avais publiée sur cette page le 28 mai dernier. Grâce à mes amis Yassin Adnan et Mohamed Khmassi, cette lettre a été traduite en arabe et envoyée à Alaa qui n’a pas tardé à répondre à Mathieu, inaugurant ainsi une relation épistolaire magnifique appelée à être livrée au public le moment venu. A partir de là, Mathieu a réussi à mobiliser toutes les forces vives de sa commune de résidence, à savoir Dieulefit (Drôme), dans l’objectif de permettre à Alaa de quitter l’enfer de Gaza et d’être accueillie dignement en France.
Ce combat continue, de différentes manières :
- Demande introduite auprès du Collège de France pour qu’il facilite la venue de la poétesse en l’intégrant dans son programme PAUSE (Programme national d'accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil).
- Traduction en cours par Nada Ghosn du dernier recueil de poèmes d’Alaa al-Qatraoui, publié en arabe à Beyrouth sous le titre « Mon papillon immortel » (couverture du livre : photo ci-jointe).
- Conférence de presse prévue le mercredi 24 septembre 2025 à 11h, devant le monument à la mémoire d’Aristide Briand (35, quai d’Orsay, Paris), en présence des écrivains, professeurs, libraires, artistes, éditeurs, soignants, ayant participé au dossier PAUSE de la poétesse.
Je vous invite vivement à lire ces extraits de la lettre que Mathieu Yon vient de publier dans le journal « La Croix » pour annoncer cette action :
« Je me suis lié d'amitié avec une poétesse de Gaza, et ce lien me consume. Je souffre pour elle chaque fois que l'horreur progresse là-bas, et je tente de lui redonner espoir sans lui mentir. Comme c'est difficile, de ne pas lui mentir. Et je souffre ici, des jugements envers les Gazaouis, comme si nous les enfermions à notre tour dans nos représentations pour en faire soit des héros, soit des terroristes, mais jamais des individus ordinaires qui veulent simplement vivre. Pourquoi est-ce si difficile d'imaginer que les Gazaouis veulent vivre ?
Hier, j'ai demandé à Alaa si elle entendait encore les oiseaux chanter juste avant l'aube. Elle m'a répondu qu'elle ne les entendait plus depuis longtemps. Et j'ai compris que la guerre détruisait tout, qu'elle exerçait sa tyrannie sur chaque son, chaque forme de vie, chaque particule de matière. Alaa est une immense poétesse, elle sait guérir les blessures du langage. Mais jusqu'à quel point ? Elle s'est relevée de la mort de ses quatre enfants tués lors d’un bombardement de l'armée israélienne en décembre 2023. Elle s'est relevée de tant de douleurs, mais jusqu'à quand ? Je voudrais lui permettre de respirer un peu, inventer une porte qu'elle puisse ouvrir pour fuir quelques instants l'horreur.
Avec des amis et l'association culturelle La Bizz'Art Nomade, nous avons déposé un dossier Pause au Collège de France, afin de l'accueillir dans la Drôme pour un projet artistique. Ensemble, nous y avons mis toute notre énergie. Mais l'accueil des Gazaouis est “gelé”, inlassablement gelé par les autorités françaises. Et je n'entends aucune personnalité politique, de droite comme de gauche, protester contre cette injustice. La France veut reconnaître la Palestine, mais elle refuse de sauver des vies palestiniennes. Ce n'est pas ironique, c'est cruel.
Alors avec Alaa, il nous reste des mots, des poèmes. C'est notre pays tapissé de feuilles mortes, d'oiseaux invisibles et sauvages, d'images vives et tranchantes. Nous nous retrouvons régulièrement dans ce pays inconnu, sans frontière ni géographie, sans guerre ni domination, où les flammes des bougies sont comme des larmes inversées montant vers le ciel. »