Genre et Conflits Armés

Genre et Conflits Armés C'est la version en langue française de la page in War.

Cette page présente des articles sur tous les aspects du genre et conflits armés, sociaux, culturels, ou sanitaires (dont le coronavirus) d'un point de vue engagé et féministe.

L’apartheid va au-delà de la discrimination et de la persécution. Il s’agit d’un régime institutionnalisé d’oppression e...
21/11/2025

L’apartheid va au-delà de la discrimination et de la persécution. Il s’agit d’un régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématiques. L’apartheid racial était la domination d’une race sur une autre et un système de suprématie blanche. Il est grand temps de reconnaître que l’apartheid sexuel existe, qu’il s’agit de la domination d’un sexe sur l’autre et d’un système de suprématie masculine.

Un régime d’apartheid sexuel contrôle TOUTES les femmes et les filles dès la puberté, voire plus jeunes, par une violence incessante dans le but de contrôler la société. Le hijab est la pierre angulaire de ces régimes. En Iran, par exemple, l’article 638 du code pénal islamique criminalise le port « inapproprié » du voile et le punit d’une peine pouvant aller jusqu’à deux mois d’emprisonnement ou 74 coups de fouet. 32 organismes publics se voient allouer un budget gouvernemental pour faire respecter le port obligatoire du hijab. Comme si cela ne suffisait pas, à la suite des manifestations qui ont suivi le meurtre de Mahsa Jina Amini en 2022, un groupe de travail conjoint, appelé « Hijab-baan » (les surveillants du hijab), a été créé. (Voir Sadr, S. (2024) Vivre comme des êtres humains de seconde classe : l’apartheid sexuel en République islamique d’Iran). En Afrique du Sud, les bantoustans (territoires séparés pour les Noir·es, censés « préserver la culture africaine ) ont joué un rôle clé dans le régime d’apartheid racial. De la même manière, le hijab est essentiel pour « préserver la modestie des femmes » et l’apartheid sexuel. Le hijab est le bantoustan de chaque femme et de chaque fille, qu’elle porte sur son dos depuis l’âge de la puberté jusqu’au jour de sa mort ou de son assassinat ».

La 69e session de la Vivre comme des êtres humains de seconde classe : l’apartheid sexuel en République islamique d’Iran Commission de la condition de la femme se tient au siège des Nat…

EFFROYABLEPlus de 600 nourrissons ont été accueillis en unité médico-judiciaire (UMJ) en 2024 pour des faits de violence...
21/11/2025

EFFROYABLE

Plus de 600 nourrissons ont été accueillis en unité médico-judiciaire (UMJ) en 2024 pour des faits de violences sexuelles, selon des données publiées jeudi 20 novembre par la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof).

D’après cette dernière, qui cite des données du ministère de la santé, « 614 enfants de 0 à 2 ans ont été accueillis pour des faits de violences sexuelles, soit 2 % de l’ensemble des victimes » reçues dans ces unités.

Au total, 73 992 victimes de violences sexuelles et sexistes ont été reçues dans une de ces unités hospitalières au cours de l’an dernier (hors l’hôpital parisien de l’Hôtel-Dieu), soit près de 9 000 de plus qu’en 2023, selon ce rapport annuel portant sur les violences faites aux femmes en France.
Quelque 160 000 mineurs victimes de violences sexuelles chaque année en France

La question des violences sexuelles commises sur les bébés et les très jeunes enfants a ressurgi dans l’actualité depuis ces derniers mois. En juillet, une assistante maternelle d’une école maternelle de Vic-la-Gardiole (Hérault) a été mise en examen et écrouée dans le cadre d’une enquête pour viols et agressions sexuelles sur neuf enfants âgés de 3 à 4 ans.

En août, une infirmière et son ex-compagnon ont été mis en examen dans le cadre d’une enquête pour agressions sexuelles sur des nourrissons à l’hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
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Selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), quelque 160 000 mineurs sont victimes de violences sexuelles chaque année en France. Pour 22 % des victimes, soit près d’un quart des situations, les premiers viols ou agressions sexuelles ont commencé entre la naissance et l’âge de 5 ans, selon la Ciivise.

Selon la Mission interministérielle pour la protection des femmes, qui cite des données du ministère de la santé, « 614 enfants de 0 à 2 ans ont été accueillis pour des faits de violences sexuelles, soit 2 % de l’ensemble des victimes » reçues en unité médico-judiciaire.

ARTICLE TRES IMPORTANT ET RARISSIME!!!!C’est là que Bourdieu et Said se rejoignent. Bourdieu nous a montré comment les é...
19/11/2025

ARTICLE TRES IMPORTANT ET RARISSIME!!!!
C’est là que Bourdieu et Said se rejoignent. Bourdieu nous a montré comment les élites définissent ce qui constitue un savoir légitime. Said a révélé comment l’empire produit de faux savoirs afin de régner. Mais ce qu’aucun des deux n’aurait pu prévoir, c’est cette troisième forme : celle où le savoir dissimulé sous un jargon anti-impérialiste devient un outil pour délégitimer la résistance. C’est l’orientalisme inversé : le régime est présenté comme authentique, et ceux qui s’y opposent sont dépeints comme des marionnettes de l’Occident, ou pire, comme des traîtres à leur propre culture.

« Il existe une forme de violence qui ne porte pas d’uniforme, n’élève pas la voix et n’a pas besoin de faire couler le sang pour être efficace. Elle s’exprime dans des livres à grand tirage, siège…

18/11/2025
Au détour d’une récente interview, Maria Lvova-Belova, la commissaire russe aux droits de l’enfant auprès du Président ...
18/11/2025

Au détour d’une récente interview, Maria Lvova-Belova, la commissaire russe aux droits de l’enfant auprès du Président de la Fédération de Russie, reconnaissait avoir « pris » et « rééduqué » un adolescent ukrainien. Elle évoquait alors environ 20 000 cas semblables.

Parallèlement, le dernier rapport du Laboratoire de recherche humanitaire de l’université de Yale [1], publié le 16 septembre 2025, démontre de nouveau le caractère généralisé, quasi-industriel, ourdi et planifié de la russification forcée opérée par les autorités d’occupation russes dans les territoires ukrainiens temporairement occupés et détaille avec précision le sort des mineurs ukrainiens isolés, déportés, emprisonnés dans un réseau de camps de « rééducation idéologique » et de militarisation. Il révèle toute l’ampleur du crime commis par le régime impérialiste mafieux de Poutine contre les enfants ukrainiens.

D’après une récente enquête réalisée par le quotidien Kyiv Independent [2], les quelques 1,6 million d’enfants qui résident dans les territoires occupés par la Russie sont soumis à un endoctrinement quotidien dès l’école où ils sont obligés d’étudier [3] selon les normes russes, forcés de rejoindre des organisations de jeunesse conçues pour glorifier l’armée. Ces futurs janissaires sont appelés à grossir les rangs des Ukrainiens enrôlés de force, depuis 2014, dans l’armée russe.

Selon Kateryna Rashevska, avocate ukrainienne travaillant à l’échelle internationale pour défendre les droits des enfants ukrainiens touchés par la guerre, l’article 50 de la quatrième Convention de Genève exige d’une puissance occupante qu’elle maintienne l’éducation des enfants en relation avec les autorités locales, qu’elle confie la scolarité, dans la mesure du possible, aux personnes de sa propre nationalité, de sa langue et de sa propre religion et interdit d’inscrire les enfants dans des organisations subordonnées à l’occupant.

Au détour d’une récente interview, Maria Lvova-Belova, la commissaire russe aux droits de l’enfant auprès du Président de la Fédération de Russie, reconnaissait avoir « pris » et « rééduqué » un a…

18/11/2025

Pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, nous manifesterons en solidarité, comme nous l’avons déjà fait le 11 octobre, avecet pour les femmes du monde entier : celles qui sont victimes des violences machistes, des conflits armés, des famin...

VIVE JEANNETTE!La communiste modérée Jeannette Jara et son rival d’extrême droite, José Antonio Kast, s’affronteront au ...
17/11/2025

VIVE JEANNETTE!

La communiste modérée Jeannette Jara et son rival d’extrême droite, José Antonio Kast, s’affronteront au second tour de la présidentielle chilienne, après un scrutin du premier tour, dimanche 16 novembre, dominé par les inquiétudes liées à la criminalité.

La candidate de la coalition de centre gauche au pouvoir recueille 26,71 % des suffrages, contre 24,12 % pour son rival ultraconservateur, selon des résultats officiels portant sur près de 83 % des bulletins dépouillés. Ils s’affronteront le 14 décembre.

Avant le premier tour, les sondages avaient toutefois prédit la défaite de Jeannette Jara au second tour en cas de qualification face à un candidat de droite ou d’extrême droite, en raison du report des voix.

Ces résultats « sont une très mauvaise nouvelle pour Jeannette Jara », commente, pour l’Agence France-Presse, Rodrigo Arellano, analyste à l’Université du développement du Chili. « Toutes les projections de son équipe tablaient sur plus de 30 % », explique-t-il, soulignant, en outre, que « l’ensemble des candidats de l’opposition la devancent de près du double ».

Pour la première fois depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet, en 1990, la droite radicale pourrait revenir au pouvoir.

« Ne laissez pas la peur endurcir vos cœurs », a affirmé Jeannette Jara, dimanche dans la soirée, exhortant les électeurs à ne pas succomber à l’extrême droite lors du second tour, en décembre. José Antonio Kast a, lui, promis, dimanche soir, de « reconstruire » le pays après quatre années de gouvernance de centre gauche.

Plus de 15,6 millions d’électeurs étaient appelés à départager huit candidats lors de ce premier tour, marqué par de longues files d’attente pour ce scrutin obligatoire. L’extrême droite était aussi représentée par Johannes Kaiser, du Parti national libertarien, souvent perçu comme la version chilienne du président argentin, Javier Milei.
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Bien que le pays, riche en cuivre et en lithium, reste l’un des plus sûrs du continent, la criminalité y a sensiblement augmenté depuis ces dernières années. Le taux d’homicides a bondi de 2,5 à 6 pour 100 000 habitants en une décennie, et les enlèvements ont atteint 868 cas en 2024, en hausse de 76 % par rapport à 2021, selon les autorités.

Cette violence inédite a éclipsé les aspirations de changement qui avaient porté au pouvoir, en 2022, le président de gauche Gabriel Boric, lequel avait fait la promesse, finalement avortée, d’une nouvelle Constitution, afin de remplacer celle qui avait été mise en place par Augusto Pinochet.

L’inquiétude de la population tient notamment à l’arrivée de formes de criminalité organisée « jusque-là inconnues dans le pays, comme les assassinats commandités », note Gonzalo Müller, directeur du Centre d’études politiques du Chili.

Parallèlement, le pays a connu une hausse de l’immigration : le nombre de migrants a doublé en sept ans, pour atteindre 8,8 % de la population. Une majorité de Chiliens associe la montée de la criminalité à l’immigration irrégulière.
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Promesse d’expulsions massives

La campagne a ainsi été dominée par les discours sécuritaires, auxquels Jeannette Jara elle-même s’est ralliée. Agée de 51 ans et membre du Parti communiste depuis l’adolescence, l’ancienne ministre du travail a assuré n’avoir « aucun complexe en matière de sécurité ». Elle défend un contrôle migratoire renforcé, tout en promettant aux Chiliens « la sécurité d’arriver à boucler les fins de mois », dans un contexte de hausse du coût de la vie.

Son principal rival, José Antonio Kast, 59 ans, fils d’un ancien soldat ayant servi dans l’armée d’Hitler et émigré au Chili après la seconde guerre mondiale, brigue pour la troisième fois la présidence. Il a fait des 337 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays, en majorité des Vénézuéliens, le cœur de son discours, exploitant un climat d’inquiétude lié à l’arrivée de groupes criminels étrangers, comme Tren de Aragua, impliqué dans des enlèvements et des extorsions.

L’ultraconservateur promet des expulsions massives, la construction d’un mur à la frontière, une hausse de la puissance de feu de la police et le déploiement de l’armée dans les zones critiques.

En troisième position à ce stade du dépouillement, Johannes Kaiser, 49 ans, également d’origine allemande, tenait le discours le plus radical des huit candidats contre les migrants en situation irrégulière, promettant de les expulser, mais également d’envoyer ceux qui ont un casier judiciaire dans la mégaprison du président salvadorien, Nayib Bukele.
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Ces positions ont fragilisé la candidate de la droite traditionnelle Evelyn Matthei, dont un clip de trap (courant musical issu du hip-hop) diffusé en fin de campagne – et largement moqué – n’a pas réussi à inverser la tendance.

Le scrutin est considéré comme un indicateur-clé pour la gauche sud-américaine – battue récemment en Argentine et en Bolivie –, confrontée à des échéances électorales décisives en Colombie et au Brésil en 2026.

La candidate de la coalition de centre gauche au pouvoir est arrivée en tête du premier tour, avec 26,71 % des suffrages, contre 24,12 % pour son rival d’extrême droite. Mais c’est José Antonio Kast qui fait désormais figure de favori pour le second tour, qui aura lieu le 14 décembre.

Au cours d’un voyage au Pérou, Juliette Roguet, alors étudiante en sociologie, a noué une relation amoureuse avec un Pér...
16/11/2025

Au cours d’un voyage au Pérou, Juliette Roguet, alors étudiante en sociologie, a noué une relation amoureuse avec un Péruvien. Elle a ensuite découvert qu’il était un « brichero » (un séducteur professionnel) et que ce type d’histoires n’avait rien d’exceptionnel. Au contraire, que c’était un vrai système, qui obéissait à des codes, des stratégies… en vue de susciter des dons d’argent de la part des touristes occidentales.

Elle a ainsi enquêté sur ces séducteurs professionnels de jeunes voyageuses, et soutenu une thèse de sociologie à ce sujet, dont est issu le livre J***r de l’exotisme, paru le 6 novembre (La Découverte, 235 pages, 22 euros).

Ecrit à partir d’une vingtaine d’entretiens avec des Européennes de 20 à 40 ans, avec des dizaines de bricheros, et au travers de deux ans d’immersion à Lima, Cuzco ou Arequipa, l’ouvrage analyse ce qui se joue dans ces relations entre des touristes et des locaux. Quand les amants ne jouent pas à armes égales, et que les jeux de pouvoir entre hommes et femmes sont renversés.
Des hommes qui tentent de séduire des femmes touristes… Cela semble vieux comme le voyage. Pourquoi est-ce un sujet d’enquête, et pourquoi au Pérou ?

Au Pérou, il existe dans les villes touristiques des groupes d’hommes dont le but est de séduire des voyageuses en vue d’obtenir diverses contreparties. Je suis partie de cette pratique codifiée et répandue au Pérou du bricherismo, pour montrer comment, derrière une relation amoureuse ou sexuelle, se jouent des rapports de genre, de classe, de race.

Si mon terrain d’étude est le Pérou, ce sont des dynamiques qu’on observe ailleurs dans le monde, en Equateur, en Thaïlande, à Zanzibar, à Cuba… Là où il y a des touristes et une population locale avec un fort différentiel de niveaux de vie.
Pouvez-vous nous raconter comment fonctionnent ces bricheros ?

Les bricheros sont apparus au Pérou dans les années 1980, alors que le pays était en proie à un très lourd conflit armé, mais qu’il commençait aussi à s’ouvrir au tourisme. A l’époque, l’objectif de ces jeunes hommes était de séduire des femmes pour émigrer.
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Quand le tourisme s’est massifié, lors des années 1990-2000, le bricherismo a évolué. Désormais, il s’agit de séduire des femmes pour bénéficier de contreparties, mais en restant sur place : relations sexuelles, repas au restaurant, nuits à l’hôtel, cadeaux, virements d’argent… Les relations qui débouchent sur une émigration existent toujours, mais sont rares.

La plupart de ces bricheros ont par ailleurs d’autres occupations : ils vendent des bijoux en macramé dans la rue, sont guides touristiques. Ils vivent dans les hostels pour « backpackers », là où ils peuvent rencontrer des touristes.
Quelles sont les stratégies de ces bricheros pour séduire ces touristes occidentales, et pourquoi cela marche-t-il ?

Pour séduire celles qu’ils appellent les gringas, les bricheros ont des techniques de dr**ue très codifiées, qui se basent sur la mise en valeur du néo-indianisme. Ils vont surjouer l’exotisme indien, la spiritualité inca, car cela correspond aux attentes des touristes qui viennent au Pérou. Ils vont raconter les mythes andins, parler de la Pachamama, de l’ayahuasca, car ils savent que ces jeunes femmes qui voyagent au Pérou sont souvent attirées par ce côté ésotérique. Ils ont aussi des discours adaptés à chaque nationalité, ce sont de fins observateurs. Ensuite, ils vont enrober cela d’un discours romantique, sur la rencontre, deux destinées faites l’une pour l’autre, etc.

Tout cela se déroule dans un contexte où les femmes blanches, au Pérou, sont extrêmement valorisées. Aussi, celles qui voyagent là-bas ont l’impression d’être, dans les yeux des hommes, des déesses. Dans les bras d’un brichero, beaucoup m’ont dit qu’elles ne se sont jamais senties aussi valorisées, belles, désirables. Elles se sentent donc puissantes… Et cela est aussi accentué par leur pouvoir d’achat, décuplé par rapport à la population locale.

Cette situation de domination, combinée à celle du voyage, produit un effet libérateur. Loin du regard de leurs amis, de leurs familles, ces jeunes femmes peuvent se lâcher. Elles m’ont toutes raconté qu’elles avaient eu des expériences sexuelles libératrices avec leur brichero – plusieurs m’ont dit avoir éprouvé pour la première fois du plaisir.

Mais ces femmes, plutôt marquées à gauche, CSP+ et diplômées, n’ont pas envie de se trouver classifiées comme des Blanches venant consommer de l’exotisme d’une manière néocoloniale. Alors, pour compenser cet inconfort, sur lequel les bricheros savent très bien appuyer, elles vont donner de l’argent. Elles vont inviter, faire des cadeaux : c’est une manière pour elles de se déculpabiliser de cette position de domination, dont elles n’ont pas l’habitude.
C’est donc une forme de tourisme sexuel, mais jamais dit comme tel…

En effet, l’échange marchand n’est jamais explicité. Aussi, contrairement à d’autres destinations marquées « tourisme sexuel », ces femmes ne partent jamais dans cet objectif au Pérou, et n’associent pas cette destination à un imaginaire érotique.

Mais le dénominateur commun de toutes ces femmes, c’est que, même si elles se sont fait un peu « arnaquer », elles en parlent comme de jolies histoires, qui deviennent un élément de réussite de leur voyage.

Jessica Gourdon

La chercheuse Juliette Roguet a enquêté sur les relations amoureuses qui se nouent entre des voyageuses occidentales et des Péruviens, dans le cadre d’un système très organisé. Son livre, « J***r de l’exotisme », vient de paraître aux éditions La Découverte.

Une foule nombreuse s’était rassemblée dans le gymnase de la ville de Qala-I-Naw, capitale de la province de Badghis, da...
16/11/2025

Une foule nombreuse s’était rassemblée dans le gymnase de la ville de Qala-I-Naw, capitale de la province de Badghis, dans le nord-ouest de l’Afghanistan. Ce n’était pas pour assister à un match de football. Ce jeudi 16 octobre allait avoir lieu l’exécution publique d’Ismaïl, un habitant de la région, sur ordre des talibans.

Il s’agit du 11ᵉ cas d’exécution publique officielle depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021. Pour justifier leurs exactions, ces derniers affirment que les exécutions et flagellations publiques permettent aux autres membres de la société d’en tirer des leçons, et d’ainsi réduire le taux de crimes et délits. Une logique similaire à celle utilisée pour justifier la peine de mort.

Quelques jours avant l’exécution, les talibans ont lancé un appel au public via les réseaux sociaux, des groupes WhatsApp, et par l’intermédiaire de la mosquée centrale de Qala-I-Naw, invitant les habitants à se rendre au stade de sport local. Seule consigne, l’interdiction d’apporter caméras ou téléphones portables. Peu de locaux répondent au macabre appel, la plupart des participants semblent être des partisans des talibans accompagnés de leurs proches.

Selon un communiqué de la Cour suprême des talibans, le principe de qisas [‘œil pour œil’ ou loi du talion, c’est-à-dire le principe de réciprocité qui punit un crime par une peine miroir, NDLR] a été appliquée au cas d’Ismaïl, qui aurait délibérément tué deux habitants du district de Jowand. Le texte affirme qu’une “proposition de pardon et de réconciliation a été présentée à la famille des victimes , mais suite à leurs refus, l’ordre d’appliquer la peine de qisas conformément à la loi islamique a été émis à l’encontre du ou des meurtriers.”

La Cour suprême avait précédemment annoncé en novembre 2022 que toutes les peines de qisas seraient exécutées après la validation de trois tribunaux, sur ordre final de Hibatullah Akhundzada, chef suprême des talibans. Cependant, les juges dans le système taliban n’ont reçu aucune instruction en dehors de leur formation religieuses, soulevant d’importantes inquiétudes quant à la protection des droits des accusés. Par ailleurs, une fois qu’un ordre de qisas est émis par le chef des talibans, il n’y a aucun recours possible.

On ne connaît pas le nombre exact de personnes condamnées à mort par les tribunaux talibans. Le chef suprême ne signe ni n’appose son empreinte digitale sur aucun document: toutes les condamnations à mort sont prononcées oralement, et des officiers exécutent ensuite sa volonté.

Mais la plupart des gens tués par les autorités le sont dans les rues et les prisons, sans procédure légale. Les talibans mettent en scène le modèle d’exécution publiques pour faire croire qu’ils appliquent la loi, conformément aux tribunaux et à la charia. Or, ce n’est absolument pas le cas. De nombreux membres des forces de sécurité ont été arrêtés, tués ou ont disparu suite aux récentes expulsions forcées d’Iran et du Pakistan – et leur sort reste inconnu.

Quand l’arbitraire se pare des habits de la justice

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16/11/2025

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Dix ans après les attentats de 2015, la menace terroriste, toujours vive, s’est transformée : elle émane d’individus de plus en plus jeunes, présents sur le territoire français, sans lien avec des organisations structurées. La propagande djihadiste sur les réseaux sociaux, très facile d’accès, permettrait un « auto-endoctrinement » rapide. Entretien avec Laurène Renaut, spécialiste des cercles djihadistes en ligne.

The Conversation : Dix ans après les attentats de 2015, comment évolue la menace terroriste en France ?

Laurène Renaut : Le procureur national antiterroriste Olivier Christen a souligné que la menace djihadiste reste élevée et qu’elle a même tendance à croître au regard du nombre de procédures pour des contentieux djihadistes ces dernières années. Mais cette menace a muté. Elle est aujourd’hui endogène, moins commandée de l’étranger et plutôt liée à des individus inspirés par la propagande djihadiste, sans contact avec des organisations terroristes. Par ailleurs, il y a une évolution des profils depuis fin 2023 avec un rajeunissement des candidats au djihad armé. En 2023, 15 jeunes de moins de 21 ans étaient impliqués dans des projets d’attentats, 19 en 2024 et 17 en 2025. Ce phénomène de rajeunissement est européen, et pas seulement français. La seconde mutation réside dans une forme d’autoradicalisation de ces jeunes qui ne vont pas forcément avoir besoin de contacts avec les organisations terroristes pour exprimer des velléités de passage à l’acte.

Enfin, ce qui semble se dessiner, ce sont des formes de basculement très rapides, que l’on n’observait pas il y a quelques années. Lorsque j’ai commencé mon travail de thèse, fin 2017, la radicalisation s’inscrivait sur du long terme, avec de nombreuses étapes, un environnement familial, des rencontres, des échanges en ligne. Or là, depuis fin 2023 début 2024, le délai entre le moment où ces jeunes commencent à consommer de la propagande en ligne et le moment où certains décident de participer à des actions violentes tend à se réduire.

Comment arrivez-vous à ces conclusions ?

L. R. : Je m’appuie ici sur les données fournies par le parquet national antiterroriste ainsi que sur des échanges avec des acteurs de terrain et professionnels de la radicalisation. Mon travail, depuis huit ans, consiste à analyser l’évolution des djihadosphères (espaces numériques où y est promu le djihad armé), sur des réseaux comme Facebook, X ou TikTok. En enquêtant sur ces communautés numériques djihadistes, j’essaie de comprendre comment les partisans de l’organisation de l’État Islamique parviennent à communiquer ensemble, malgré la surveillance des plateformes. Comment ils et elles se reconnaissent et interagissent ? Quels moyens ils déploient pour mener le « djihad médiatique » qu’ils considèrent comme essentiel pour défendre leur cause ?
Plus de 15 000 lecteurs nous ont déjà soutenus. Pourquoi pas vous ?

Quels sont les profils des jeunes radicalisés dont on parle ?

L. R. : On sait que la radicalisation, quelle qu’elle soit, est un phénomène multifactoriel. Il n’y pas donc pas de profil type, mais des individus aux parcours variés, des jeunes scolarisés comme en décrochage scolaire, d’autres qui ont des problématiques familiales, traumatiques, identitaires ou de santé mentale. On retrouve néanmoins un dénominateur commun : une connexion aux réseaux sociaux. Et il est possible de faire un lien entre cette hyperconnexion aux réseaux, où circulent les messages djihadistes, et la forme d’autoradicalisation observée. On n’a plus besoin de rencontrer un ami qui va nous orienter vers un prêche ou un recruteur : il est aujourd’hui relativement facile d’accéder à des contenus djihadistes en ligne, voire d’en être submergé.

Peut-on faire un lien entre le rajeunissement et la présence des jeunes sur les réseaux sociaux ?

L. R. : Les organisations terroristes ont toujours eu tendance à cibler des jeunes pour leur énergie, leur combativité, parce qu’ils sont des proies manipulables aussi, en manque de repères, sensibles aux injustices et, bien sûr, aujourd’hui familiers des codes de la culture numérique. On sait aussi que les jeux vidéo sont devenus des portes d’entrée pour les recruteurs. Sur Roblox, par exemple, il est possible de harponner ces jeunes ou de les faire endosser des rôles de combattants en les faisant participer à des reconstitutions de batailles menées par l’État Islamique en zone irako-syrienne.

Ce qu’on appelle l’enfermement algorithmique, c’est-à-dire le fait de ne recevoir qu’un type de contenu sélectionné par l’algorithme, joue-t-il un rôle dans ces évolutions ?

L. R. : Oui certainement. Sur TikTok, c’est assez spectaculaire. Aujourd’hui, si j’y tape quelques mots clés, que je regarde trois minutes d’une vidéo labellisée État islamique et que je réitère ce comportement, en quelques heures on ne me propose plus que du contenu djihadiste.

Les réseaux sociaux sont censés lutter activement contre les contenus de propagande terroriste. Ce n’est donc pas le cas ?

L. R. : Ce que j’observe, c’est que la durée de vie de certains contenus violents sur TikTok reste importante et que des centaines de profils appelants au djihad armé et suivis par de larges communautés parviennent à maintenir une activité en ligne. Les spécialistes de la modération mettent en évidence que les contenus de nature pédocriminelle ou terroriste sont actuellement les mieux nettoyés et bénéficient d’une attention particulière des plateformes, mais celles-ci n’en demeurent pas moins submergées, ce qui explique que de nombreux contenus passent sous les radars. Sans compter que les partisans de l’État Islamique déploient une certaine créativité, et même un savoir-faire, pour faire savoir qu’ils sont « là » sans se faire voir. Quand je tape « ma vengeance » par exemple (titre d’un chant djihadiste qui rend hommage aux terroristes du 13 novembre 2015), il est tout à fait possible, encore aujourd’hui, de retrouver des extraits de ce chant particulièrement violent. S’il est toujours présent en ligne, comme d’autres contenus de propagande, c’est parce que les militants djihadistes trouvent des astuces pour recycler d’anciens contenus et déjouer les stratégies de détection des plateformes (langage codé, brouillage du son et camouflage des images par exemple, afin d’éviter une reconnaissance automatique).

Le contenu de la propagande djihadiste sur les réseaux sociaux a-t-il évolué depuis 2015 ?

L. R. : En 2015, l’organisation de l’État Islamique avait encore une force de frappe importante en termes de propagande numérique. Puis elle est défaite militairement en Syrie et en Irak, en 2017, et on observe une nette baisse de la production de propagande. Mais il y a eu une certaine détermination chez ses partisans à rester en ligne, comme si les espaces numériques étaient des prolongements du champ de bataille militaire. Ont alors émergé des tactiques de camouflage et des incitations à une forme de résistance ou de patience avec une vision de long terme du combat pour « la cause ». L’objectif pour ces cybermilitants était d’être à la fois visibles pour leur réseau et invisible des « surveillants », tapis dans l’ombre mais prêts à agir le moment opportun.

Puis on note un pic d’activité de propagande qui coïncide aux massacres perpétrés par le Hamas, le 7 octobre 2023, en Israël. Il faut préciser que l’organisation de l’État Islamique est ennemie du Hamas qu’elle considère comme un groupe de faux musulmans (ou apostats). Néanmoins, le 7-Octobre a été un moment d’euphorie collective dans les djihadosphères, avec la volonté pour l’État islamique de promouvoir ses militants comme les seuls « vrais moudjahidine » (combattants pour la foi).

Aujourd’hui, dans les djihadosphères, cohabitent des contenus ultraviolents (formats courts) que certains jeunes consomment de manière frénétique et des contenus théoriques qui nécessitent une plus grande accoutumance à l’idéologie djihadiste.

Quels sont les principaux contenus des échanges de djihadistes sur les réseaux que vous étudiez ?

L. R. : On trouve des vidéos violentes, mais de nombreux contenus ne sont pas explicitement ou visuellement violents. Ils visent à enseigner le comportement du « vrai musulman » et à condamner les « faux musulmans » à travers le takfir (acte de langage qui consiste à déclarer mécréant une personne ou un groupe de personnes). Dans sa conception salafiste djihadiste, cette accusation de mécréance équivaut à la fois à une excommunication de l’islam et à un permis de tuer – puisque le sang du mécréant est considéré comme licite.

La grande question, que l’on retrouve de manière obsessionnelle, c’est « Comment être un vrai musulman ? Comment pratiquer le takfir ? Et comment éviter d’en être la cible ? » Pour l’État islamique et ses partisans, il y a les « vrais musulmans » d’un côté et les « faux musulmans » (apostats) ou les non-musulmans (mécréants) de l’autre. Il n’y a pas de zone grise ni de troisième voie. La plupart des débats dans les djihadosphères portent donc sur les frontières de l’islamité (l’identité musulmane) : à quelles actions est-elle conditionnée et qu’est-ce qui entraîne sa suspension ?

« Est-ce que je pratique l’islam comme il le faut ? Si je fais telle prière, si je parle à telle personne (à mes parents ou à mes amis qui ne sont pas musulmans, par exemple), est-ce que je suis encore musulman ? » Telles sont, parmi d’autres, les sources de préoccupation des acteurs de ces djihadosphères, la question identitaire étant centrale chez les jeunes concernés.

Dans cette propagande, il y a un lien très fort entre le fait de se sentir marginalisé et l’appartenance au « vrai islam »…

L. R. : Effectivement, un autre concept majeur, connecté au concept de takfir, c’est celui d’étrangeté (ghurba). Dans la propagande djihadiste, le « vrai musulman » est considéré comme un « étranger » et désigné comme tel.

Ce concept, qui n’est pas présent dans le Coran, renvoie à un hadith (recueil des actes et des déclarations du prophète Muhammad), qui attribue ces paroles au prophète Muhammed : « L’islam a commencé étranger et il redeviendra étranger, heureux soient les étrangers ». Pour l’expliquer brièvement, si l’islam a commencé étranger, c’est qu’il a d’abord été, tout comme ses premiers adeptes, incompris. En effet, ceux qui adhèrent à cette religion à l’époque et qui ont suivi le prophète lors de l’Hégire sont perçus comme des marginaux ou des fous et sont même réprimés.

Mais progressivement le message de Muhammed s’étend, et l’islam devient la norme dans une grande partie du monde ; les musulmans cessant d’y être perçus comme étranges ou anormaux. Selon la tradition prophétique, c’est à ce moment-là, quand la nation musulmane grandit, que les « vrais croyants » se diluent dans une masse de mécréants et de « faux musulmans » corrompus.

Aujourd’hui, l’État Islamique s’appuie sur ce hadith pour dire que si on se sent étranger à cette terre de mécréance, à l’Occident, à sa propre famille, c’est qu’on est certainement sur le chemin du véritable islam. Leurs propagandistes se nourrissent d’une littérature apocalyptique qui met sur le même plan ces « étrangers » et « la secte sauvée » (al-firqah an-najiyah), le groupe de croyants qui combattra les mécréants jusqu’au Jugement dernier et qui, seul parmi les 73 factions de l’islam, gagnera le paradis.

Leur message est clair : aujourd’hui les « vrais musulmans » sont en minorité, marginalisés et mis à l’épreuve mais eux seuls accéderont au paradis. Cette rhétorique de l’étrangeté est centrale dans le discours djihadiste en ligne. Sur TikTok, on lit beaucoup de messages du type : « Si tu te sens seul ou rejeté, si personne ne te comprend, c’est peut-être parce que tu es un étranger », un « vrai musulman » appelé ici à combattre.

Le profil des volontaires au djihad armé se rajeunit en France. Sur les réseaux sociaux comme TikTok, l’accès à la propagande djihadiste est extrêmement facile.

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