13/08/2025
Les Israéliens ont recours à une tactique classique de déni du génocide : celle qui consiste à estomper les atrocités à coups de chiffres. Toute mention de la souffrance des Palestiniens est considérée comme une menace pour l’image et la survie de la nation.
Depuis plus d’un siècle, la Turquie mène une politique de déni du génocide arménien perpétré par l’Empire ottoman entre 1915 et 1918. Les mécanismes qui sous-tendent ce déni sont manifestes dans de nombreux domaines, notamment la diplomatie, les publications universitaires, la communication en direction de l’opinion publique internationale et le contrôle exercé sur le monde universitaire.
L’objectif est d’empêcher l’utilisation du terme « génocide » pour qualifier les actions de la Turquie et de promouvoir un autre récit, qui présente la déportation et le massacre des Arméniens comme des mesures rendues nécessaires par une menace pour la sécurité intérieure, et non comme le résultat d’une politique délibérée d’extermination.
Le déni est au cœur de l’identité nationale de la Turquie moderne. Les gouvernements successifs à Ankara ont présenté les massacres comme une réponse légitime à un soulèvement armé, affirmant que ces événements relevaient d’une guerre civile au cours de laquelle des Arméniens et des Turcs ont perdu la vie, et non d’un génocide.
Obscurcir les faits et semer le doute sur le nombre de victimes est une stratégie couramment utilisée dans toute politique de déni. Les chercheurs s’accordent largement à estimer qu’environ 1,2 million d’Arméniens ont été tués ou sont morts. La version turque affirme toutefois que les chiffres sont nettement inférieurs, environ 350 000, et que beaucoup sont morts de maladie, lors d’affrontements avec des tribus locales ou dans les épreuves du voyage, plutôt que suite à des ordres explicites d’extermination.
Jeter le doute sur la crédibilité des sources arméniennes et occidentales, par exemple à travers les rapports des fonctionnaires consulaires américains, des missionnaires et du clergé, sert à occulter la responsabilité politique des dirigeants ottomans, qui ont entrepris de détruire tout un groupe ethnique.
La négation de l’Holocauste a elle aussi développé ses propres mécanismes après la Seconde Guerre mondiale, même si elle reste un phénomène distinct de la négation du génocide arménien.
En 1980, Robert Faurisson, professeur de littérature à l’université de Lyon, a publié un livre intitulé « Mémoire en défense contre ceux qui persistent à m’accuser de falsifier l’histoire ». Il y affirmait que l’extermination massive par gaz n’avait pas pu avoir lieu au camp d’Auschwitz-Birkenau.
S’appuyant sur des calculs prétendument scientifiques, Faurisson soutenait que les témoignages des survivant.e.s et les documents historiques avaient été fabriqués. Il affirmait que la taille et la capacité des chambres à gaz ne pouvaient pas permettre de tuer autant de victimes en même temps. Il affirmait également que la durée nécessaire pour que le gaz Zyklon B fasse effet était trop longue pour causer la mort des victimes en quelques minutes, contrairement à ce qu’avaient déclaré de nombreux témoins. De plus, Faurisson soutenait que le transport et la crémation de centaines de cadavres en si peu de temps auraient nécessité des ressources dont les n***s ne disposaient tout simplement pas.
Les affirmations de Faurisson ont été complètement réfutées par des historiens, des ingénieurs, des chimistes et d’autres experts. Il est un exemple flagrant de la manière dont le génocide peut être dépouillé de son contexte historique à l’aide de calculs manipulateurs et pseudo-scientifiques. Comme on le sait, les victimes des camps étaient entassées dans les chambres à gaz. Les systèmes de ventilation et de crémation étaient spécialement conçus pour la destination de ces chambres, permettant une utilisation intensive et l’évacuation rapide des corps.
Faurisson a systématiquement ignoré les documents allemands, les photographies aériennes, les plans architecturaux des crématoires, les témoignages des gardiens des camps et, à l’inverse, les nombreux récits des survivant.e ;s et les résultats des fouilles archéologiques. Ses calculs pseudo-scientifiques sont devenus un exemple type de la tactique négationniste : présenter des affirmations vagues, soi-disant scientifiques, tout en posant des questions qui ignorent délibérément le contexte historique de l’événement.
Une tendance tout aussi dangereuse se dessine en Israël concernant les crimes horribles commis dans la bande de Gaza. En juin 2024, le Dr Lee Mordechai, historien à l’Université hébraïque de Jérusalem, a publié un rapport intitulé « Porter témoignage sur la guerre Israël-Gaza », qui a depuis été mis à jour à plusieurs reprises en réponse à l’évolution de la situation, la dernière fois en juillet 2025.
Ce document fournit un compte rendu méthodique et détaillé des actions menées par Israël à Gaza, y compris de celles qui pourraient constituer des crimes de guerre, et même potentiellement un génocide. Il s’appuie sur des témoignages oculaires, des images satellites, des vidéos, des rapports d’organisations internationales et de nombreux témoignages de soldats et de civils israéliens sur le terrain. Il décrit le meurtre de Palestiniens non armés, les attaques répétées contre des camps de réfugié.e.s, le ciblage de personnes cherchant à obtenir des soins médicaux, l’organisation délibérée de la famine et la destruction des infrastructures, notamment des hôpitaux, des réseaux d’approvisionnement en eau, des centrales électriques, des universités et des mosquées. Ce rapport fait également état de dizaines de milliers de morts, pour la plupart des femmes et des enfants, ainsi que d’une famine massive.
Parallèlement à cette documentation, Mordechai analyse des dizaines de déclarations publiques de responsables politiques, de rabbins et d’autres personnalités israéliennes appelant à la destruction de Gaza et de sa population depuis le début de la guerre, comme preuve de l’intention génocidaire.
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a également déclaré à propos de la guerre que des appels explicites à la destruction et à l’agression aveugle des Gazaoui.e.s se font entendre en Israël, créant un environnement propice au génocide. Un tableau similaire se dégage des rapports d’Amnesty International, du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme Volker Türk et d’autres organisations mondiales. Beaucoup ont souligné que le nombre élevé de morts parmi les enfants, les femmes et les personnes âgées palestiniens reflète l’incapacité structurelle d’Israël à respecter les principes de proportionnalité et de discrimination qui sont les fondements du droit international humanitaire.
Dans une tribune publiée au début du mois dans Haaretz, le professeur Michael Spagat, expert mondialement reconnu dans le calcul du nombre de victimes dans les zones de conflit, estime que le nombre de morts à Gaza a dépassé les 100 000. Israël a réduit Gaza à l’état de ruines, l’a rendu impropre à la vie humaine. Il a tué sans discernement des femmes et des enfants innocents, pris pour cible des médecins et des travailleurs humanitaires, et créé les conditions de la famine et de la détresse absolue.
Il s’agit d’un génocide.
La réfutation la plus éloquente de ces accusations a été formulée le mois dernier. Un groupe de chercheurs, parmi lesquels le professeur Dan Orbach, le Dr Yonatan Buxman, le Dr Yagil Hankin et l’avocat Jonathan Braverman, du Centre Begin-Sadat pour les études stratégiques de l’université Bar-Ilan, a publié un rapport de plus de 250 pages intitulé « Démystifier les allégations de génocide : un réexamen de la guerre entre Israël et le Hamas (2023-2025) »
Les auteurs de ce rapport utilisent des méthodes de recherche quantitatives et statistiques et s’appuient sur des documents provenant de sources israéliennes, tant militaires que gouvernementales, tout en comparant le conflit à d’autres engagements militaires, principalement au Moyen-Orient. Remettant en question les données fondamentales sur lesquelles les organismes internationaux fondent leurs accusations selon lesquelles Israël commet un génocide dans la bande de Gaza, ils affirment que ces organisations s’appuient sur des chiffres déformés par le Hamas, ainsi que sur des rapports non vérifiés ou exagérés.
Le démographe Sergio DellaPergola, professeur émérite à l’Université hébraïque, s’est également associé à cette approche négationniste, apparemment motivé par une volonté profondément ancrée de rejeter l’affirmation selon laquelle un génocide est en cours à Gaza par le biais de calculs manipulateurs. Dans une tribune publiée au début du mois dans Haaretz, DellaPergola a critiqué le discours international sur la guerre, affirmant que les estimations évaluant à plus de 100 000 le nombre de morts palestiniens à Gaza sont exagérées et biaisées. Il affirme que ces estimations s’appuient sur des données déformées provenant de sources palestiniennes et internationales, qu’il juge toutes peu fiables.
Spagat a bien résumé les arguments de DellaPergola en soulignant que rejeter les données du ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, est « une stratégie courante chez ceux qui cherchent à minimiser l’ampleur des souffrances de la population civile à Gaza ».
Les marchands de doute
Nir Hasson a passé en r***e les problèmes et les demi-vérités contenus dans le document rédigé par les chercheurs du Centre Begin-Sadat dans un article publié au début du mois. Il classe à juste titre leur rapport dans la catégorie de ceux que l’on appelle les marchands de doute,lesquels emploient une tactique de déni bien connue. Ces personnes ne nient pas nécessairement qu’un événement ait eu lieu, mais elles utilisent des tactiques de déni pour jeter le doute sur les données et avancer des chiffres différents.
De puissants intérêts économiques ont exploité cette méthode de déni, par exemple les fabricants de tabac qui contestent le lien entre le tabagisme et le cancer, ou les compagnies pétrolières qui remettent en cause la réalité du réchauffement climatique. C’est également la tactique utilisée par ceux qui nient le génocide arménien et les négationnistes de l’Holocauste. Pour sa part, Faurisson a mesuré le volume des chambres à gaz et a affirmé qu’il était physiquement impossible qu’elles puissent contenir le nombre de victimes décrit par les témoins oculaires ; par conséquent, selon lui, le génocide ne pouvait être prouvé.
Dans une veine similaire, les chercheurs du Centre Begin-Sadat calculent l’utilisation des munitions par les Forces de défense israéliennes par rapport au nombre de victimes innocentes et concluent que la proportionnalité ne peut être jugée uniquement sur la base des résultats, même si ceux-ci sont dramatiques. En d’autres termes, même si les FDI ont déployé une puissance de feu déraisonnable qui a anéanti des familles entières, y compris des nourrissons et des enfants en bas âge, cela ne signifie pas pour autant que la force utilisée était disproportionnée. En d’autres termes, un nombre élevé de victimes civiles ne prouve pas qu’un crime de guerre a été commis. Ce qui importe, selon la logique des auteurs, c’est la cible militaire elle-même.
Une autre tactique courante de déni consiste à relativiser le nombre de victimes. Les mêmes auteurs affirment qu’il est impossible de déterminer le nombre exact de morts à Gaza. Faurisson, de la même manière, affirmait que des millions de personnes n’avaient pas été assassinées dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau, mais seulement quelques milliers qui étaient mortes de maladie et d’épidémies dans les camps.
Le génocide ne nécessite pas une directive unique et explicite ; il résulte plutôt d’un processus dans lequel la rhétorique, la stratégie, le discours politique, la déshumanisation collective et des schémas d’action répétés convergent vers des actes de destruction massive.
Mais même si l’on réduit le nombre estimé de victimes à Gaza, disons à 30 000 civils palestiniens innocents, un massacre d’une telle ampleur ne devrait-il pas tout de même être passible de poursuites ? L’insistance même à vouloir réduire l’ampleur d’un tel crime à un chiffre précis est, entre autres, une caractéristique classique du négationnisme génocidaire : une tentative de brouiller les atrocités par des calculs arithmétiques.
Le rapport d’Orbach et de ses collègues sur Gaza, à l’instar des travaux des négationnistes avant eux, ne constitue pas une véritable enquête, mais plutôt un enchaînement d’arguments sélectifs destinés à écarter d’emblée toute possibilité de poursuites pénales contre Israël pour génocide. Le cadre est peut-être plus sophistiqué que le négationnisme grossier de Faurisson, mais l’objectif est clair : détourner la responsabilité, brouiller les considérations juridiques et morales, semer le doute et remplacer le débat public d’ordre éthique par un débat technique. Ce faisant, une telle démarche érige un mur entre les atrocités et leur véritable signification, ce qui correspond précisément au danger contre lequel Raphael Lemkin, qui a inventé le terme « génocide » alors qu’il était l’architecte de la Convention des Nations unies sur le génocide, avait mis en garde : précisément, l’effacement des identités et des circonstances de la mort des victimes et leur remplacement par des chiffres, des définitions et des modèles statistiques.
Cette approche contraste fortement non seulement avec la définition initiale du génocide donnée par Lemkin, qui mettait l’accent sur la destruction progressive, institutionnelle et culturelle de groupes ethniques, mais aussi avec les interprétations scientifiques ultérieures qui insistent sur la notion d’« intention cumulative ».
Le génocide ne nécessite pas une directive unique et explicite ; il est plutôt le résultat d’un processus dans lequel la rhétorique, la volonté et le discours politique, la déshumanisation collective et des modes opératoires récurrents convergent vers des actes de destruction massive.
Lorsque des responsables politiques affirment qu’il n’y a pas d’innocent.es à Gaza, lorsqu’un ministre israélien appelle à larguer une bombe atomique sur la bande de Gaza et que d’autres proposent l’expulsion massive d’un million d’habitant.e.s ou suggèrent de séparer les hommes des femmes et des enfants afin de les éliminer, ce discours cumulatif s’inscrit dans un mécanisme qui permet et légitime les actions sur le terrain.
La débâcle de Yad Vashem
Mais le volet le plus triste de cette tendance croissante d’Israël à nier le génocide à Gaza est réservé à Yad Vashem, les autorités chargées de la mémoire des martyrs et des héros de l’Holocauste. Les historiens qui y travaillent et consacrent des années à enquêter sur les événements de l’Holocauste choisissent de se taire et de ne pas écrire sur les horreurs commises à Gaza.
Au vu du flot de déclarations faites au début de la guerre par des personnalités politiques israéliennes appelant à des massacres, un groupe d’universitaires israéliens s’est tourné vers le président de Yad Vashem, Dani Dayan, pour demander à l’institution de publier une condamnation publique de ces déclarations, en particulier de celles qui appelaient au génocide. Mais en janvier 2024, Dayan a répondu au professeur Amos Goldberg, qui était à l’origine de cette initiative : « Les six millions de Juifs qui ont été assassinés pendant la Shoah ont droit à une institution qui s’occupe d’eux et d’eux seuls. Par conséquent, Yad Vashem ne traite pas du génocide en tant que tel, mais uniquement de son rapport avec la Shoah… Notre domaine d’activité est la Shoah, et uniquement la Shoah. »
Les commentaires du président de Yad Vashem sont troublants non seulement en raison de son silence, mais aussi parce que ses propos sont enveloppés d’un voile d’intégrité institutionnelle apparente, tout en tournant le dos avec arrogance au sens de la responsabilité historique qui devrait inspirer la commémoration de l’Holocauste. « Six millions de Juifs ont droit à une institution qui s’occupe uniquement d’eux », écrit Dayan, suggérant l’exclusivité de la mémoire des Juifs assassinés comme une excuse pour la dureté de cœur, pour garder les yeux fermés et rester silencieux face aux crimes de guerre en cours et aux dizaines de milliers de personnes massacrées et affamées. Tout cela s’inscrit dans le terrible crime perpétré par les descendant.e.s d’un autre génocide, la Shoah, entre autres.
Le meurtre de six millions de Juifs n’a-t-il pas également été rendu possible par le fait que de nombreuses personnes à travers le monde se sont déchargées de leur responsabilité ? Le fait que Yad Vashem campe sur ses positions en affirmant que son expertise se limite à l’Holocauste est un aveu de faillite morale, un déni de responsabilité fondé sur la complaisance institutionnelle et le ralliement idéologique à une politique gouvernementale responsable d’horribles crimes de guerre. C’est une trahison flagrante des valeurs de liberté, de justice et du caractère sacré de la vie humaine, que la mémoire de l’Holocauste est censée nous enseigner.
Lorsqu’une institution mémorielle telle que Yad Vashem choisit non seulement de garder le silence, mais aussi de revendiquer ouvertement sa décision, elle ne peut plus être considérée comme une institution de mémoire. Elle devient, volontairement ou non, une institution d’autosatisfaction et de déni. Et lorsque des crimes odieux sont perpétrés à quelques dizaines de kilomètres de là, par les mêmes jeunes qui ont visité l’institution il y a quelques années et qui sont aujourd’hui enrôlés dans l’armée, ce silence n’est pas de la neutralité, c’est de la complicité.
La sociologue turco-américaine Fatma Müge Göçek examine dans son livre « Denial of Violence : Ottoman Past, Turkish Present and Collective Violence Against the Armenians, 1789-2009 » (2015) les racines du déni du génocide arménien en tant que processus psychosocial prolongé et continu. Elle affirme que le déni est une réponse psychosociale collective, qui s’étend sur quatre générations de Turcs, face à un crime inconcevable.
La société turque souffre d’une profonde dissonance morale. Témoin d’innombrables preuves attestant de son propre crime terrible, elle a inventé un récit collectif fondé sur son statut de victime – des guerres, de l’impérialisme occidental, de l’effondrement de l’Empire ottoman. Cette dynamique donne naissance à une identité nationale dont la composante défensive – c’est-à-dire le rejet de toute responsabilité – est devenue aussi déterminante que la mémoire elle-même.
Pendant des générations, la Turquie a construit un récit fondé sur la dissimulation, la justification et le silence qui a non seulement étouffé la voix des « autres » (les Arméniens), mais a également empêché toute évolution morale des Turcs eux-mêmes. Ce déni provient d’une peur profonde de l’effondrement de l’identité nationale si la vérité historique était reconnue, et cette peur se traduit par une hostilité envers quiconque tente d’adopter une approche critique à l’égard du crime.
Au cours des trois dernières générations, Israël a également construit une identité de victime, allant des actes perpétrés pendant l’Holocauste à ceux du Hamas le 7 octobre. Il nie ses propres crimes et vit donc dans une réalité déformée en permanence. Toute tentative de parler des crimes d’Israël contre les Palestiniens est considérée comme une menace non seulement pour l’image de la nation, mais aussi pour sa survie même. Le discours défensif est devenu fondamental pour l’identité nationale d’Israël, et toute critique de ce discours est accueillie par le type de violence institutionnelle et publique dont nous sommes témoins aujourd’hui.
Daniel Blatman
Le professeur Daniel Blatman est historien spécialiste de l’Holocauste et du génocide.
Les Israéliens ont recours à une tactique classique de déni du génocide : celle qui consiste à estomper les atrocités à coups de chiffres. Toute mention de la souffrance des Palestiniens est consid…