16/11/2025
📌 Didi B, Himra, Conakry : quand les projectiles remplacent le respect
Hier en Guinée, pendant sa prestation, Didi B a reçu des projectiles, de l’eau lancée depuis le public au lieu de recevoir ce que tout artiste est censé trouver sur une scène : de l’écoute, de l’énergie, du respect.
Trente-deux semaines plus tôt, dans ce même pays, Himra avait déjà vécu une fin de show gâchée par des projectiles, dans une ambiance tendue qui avait abîmé la fête pour tout le monde.
Ce texte ne vient pas pour opposer Didi B à Himra, ni la Guinée à la Côte d’Ivoire, encore moins pour alimenter une guerre de fans. Il vient pour poser une question simple et dérangeante : à quel moment avons-nous accepté que lancer quelque chose sur un artiste devienne une réaction « normale » quand on est déçu, fâché ou pas d’accord ?
Qu’il s’agisse d’eau, de bouteilles, d’objets ou de n’importe quoi d’autre, le geste reste le même : quelqu’un dans la foule décide que la meilleure façon de s’exprimer, c’est de viser une personne qui est sur scène, dos au danger, concentrée sur sa performance. Ce n’est plus de la passion, ce n’est plus de la critique, ce n’est plus un simple « on n’a pas aimé » : c’est une mise en danger, point.
Et ce qui doit vraiment nous interpeller, ce n’est pas seulement l’acte, mais la répétition.
Deux artistes ivoiriens, à quelques mois d’intervalle, vivent le même type de scène à Conakry.
Aujourd’hui, c’est l’un, hier c’était l’autre. Demain, ce sera qui ?
Un artiste guinéen ailleurs en Afrique ? Un autre invité dans ce même pays ?
À force de banaliser ces gestes, on installe un climat où plus personne ne peut monter sur scène en confiance.
Les fans ont un pouvoir immense : celui de transformer un concert en moment historique, mais aussi celui de le transformer en mauvaise publicité pour tout un public, toute une ville, tout un pays. Quand on gâche un show de Himra ou de Didi B avec des projectiles, ce ne sont pas seulement eux qu’on touche, c’est aussi l’image de la Guinée, l’envie des artistes de revenir, la confiance des promoteurs, et la crédibilité de toute la scène musicale.
Interpellons-nous honnêtement : qu’est-ce qu’on gagne vraiment à ça ?
Quelques vidéos virales, quelques rires, quelques commentaires moqueurs sur les réseaux.
Et qu’est-ce qu’on perd ?
De la sécurité, du respect, des opportunités, des ponts entre nos scènes, et surtout cette fierté de dire : « Chez nous, on sait accueillir les artistes, même quand on n’est pas d’accord avec eux. »
On peut ne pas aimer un son.
On peut être frustré par un re**rd, déçu par un comportement, en colère contre une phrase.
Tout ça peut et doit se dire : siffler, critiquer, débattre, boycotter, oui.
Mais lancer des projectiles, non.
La ligne est là, claire, simple, non négociable, et c’est à nous, fans, de la tracer une bonne fois pour toutes.
Ce message est pour tous les publics, pas seulement celui d’hier ni celui d’il y a 32 semaines.
Si nous voulons que nos artistes circulent librement en Afrique, que Conakry, Abidjan, Dakar, Cotonou, Lomé ou Lagos restent des capitales de spectacles, alors il faut le prouver par nos actes.
La vraie force d’un public ne se mesure pas à ce qu’il lance sur scène, mais à ce qu’il refuse de laisser passer, même quand la tentation de « gâter le show » est grande.