03/06/2025
Rien moins qu’une réécriture de l’Odyssée.
En 21 chants.
(trad. Sven Keromnes)
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[extrait de la Postface]
Revenir à nouveau : sur des lieux inatteignables. Où il y a de l’être, où pourtant rien ne reste. Mais où sommes-nous donc, où devrions-nous rester, sinon en contact, we’ll keep in touch, rester dans la fugacité d’un effleurement, nous souvenir. Des uns des autres. De lieux inatteignables, d’autres ères, de mondes autres, souterrains, îles mouvantes, aires de mots, imaginaires, non-lieux : ou tópoi.
Revenir à nouveau : retour au début, là où, comme
le dit l’écriture, le verbe était. Le verbe ÉTAIT —
dans une autre langue. Et père de toutes choses était : WAR. Un mot, lieu-de-maux, la zone de douleur, un point névralgique à la fin, fin de phrase, fin de vie… points. Cristallisations, condamné, constaté, criblé de trous, choses inertes, espaces vides. Fondu au blanc : ET DES MOTS, HIVERNAUX, SEMBLABLES AUX FLOCONS DE NEIGE.
Revenir à nouveau. Ne pas en venir au point essentiel, ne pas y arriver. Pas point par point sur la même ligne, cette ligne-de-tir-sujet-prédicat-objet, one-liner, constats perspicaces, en plein dans le mille.
Passe par la case DÉPART, marque un autre point, l’autre moitié du point-virgule, d’un deux-points : au départ, pas de retour. À chaque début d’une généalogie il y a deux, une paire de nœuds dans la toile, le web.
Revenir à nouveau : sur une matière, d’environ 3000 ans, web de Pénélope, où, nuit après nuit, on défait ce qui a été fait, le va-et-vient quotidien de la navette à tisser on l’inverse encore une fois, mouvement devient contremouvement, un tissu qui, dans le temps, se distend, pour l’heure demeurent les fils de chaîne, du vertical ; cet unique fil de trame cependant, horizontal, s’en va et s’en vient, à rebours aussi, les deux.