02/03/2022
EXHORTATIONS D’ENTRÉE EN CARÊME 🍞 sur l'Évangile de JÉSUS CHRIST selon Saint LUC: Lc (4,1-13)
« Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain »
Nous y sommes encore ! Nous voici à vivre encore le Temps de Carême pour la énième fois. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau à vivre ? Peut-être que nous avons déjà tout essayé et ce temps de carême se déroulera dans l’anonymat sans que nous y prêtions attention. Cela est possible mais je voudrais croire que pour toi, pour moi, pour tant de chrétiens ce ne sera pas comme cela. Nous chercherons à approfondir de notre mieux pour notre bien la richesse spirituelle de ce temps très important du calendrier liturgique. Après la liturgie très significative du rite des cendres de ce mercredi, la liturgie de la parole du premier dimanche nous replace immédiatement au cœur du grand défi du temps du Carême : la conversion à Dieu dans la lutte quotidienne contre le démon ou les forces du mal. Ces forces sont comme un lion rugissant qui rôde pour faire de nous ses proies
victimaires (1 P 5,8), nous éloignant du coup de l’Amour rédempteur du Père.
L’Évangile de Luc que nous méditons retrace les trois tentations dont Jésus est l’objet tout juste après son baptême. Il faut déjà noter que les tentations qui se présentent à nous le sont dans les moments de grande nécessité, de besoins urgents dont on peut facilement se convaincre de la satisfaction. Le démon reste toujours très malin. C’est pourquoi il tente de séduire Jésus quand après quarante jours de jeûne il eut vraiment faim. Cependant Jésus ne s’est pas laissé distraire malgré le caractère mirobolant croissant des propositions que le tentateur mettait dans la balance.
Il me plaît que nous nous arrêtions sur la première tentation et surtout sur la réponse que Jésus en donne. «Si tu es Fils de Dieu, lui souffle le tentateur, ordonne à cette pierre de devenir du pain». Si nous étions nous placés devant un tel défi, qu’aurions-nous fait ? Chacun saura y répondre. Mais voyons ici ce que Jésus a fait. Le Seigneur répond au démon : «Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain». Oui le « pain ! » Cet aliment tout autant simple qu’indispensable qui fait la raison d’être de nos fatigues quotidiennes. Il est la raison d’être de toute une vie de travail, de sacrifice. Et pourtant il est le plus éphémère, le plus fugace. Il peut satisfaire le besoin physiologique d’un instant et il disparaît. Il peut
satisfaire le besoin spirituel de réalisation personnelle mais n’assure pas le besoin d’éternité. Ce « pain » va du simple aliment dont notre corps a besoin dans l’immédiat jusqu’à la réalisation de grands rêves pour lesquels nous consacrons une vie entière. Le « pain « ! Cet aliment tout autant simple qu’indispensable qui fait la raison d’être de nos fatigues quotidiennes ! Le « pain » donc peut être considéré ici comme une métaphore qui va au-delà du pain du boulanger. Il est aussi le pouvoir, la gloire des royaumes, l’honneur des puissances terrestres et célestes que le démon propose de donner à Jésus. Le « pain » peut être l’assurance des biens dont nous disposons, les personnes autour de nous qui nous aiment, la capacité de notre intelligence, le travail que nous faisons, l’estime que nous avons de nous-mêmes, etc... C’est de tous ces « pains » dont il est question dans la première réponse que Jésus donne au démon.
Mais, à travers la réponse de Jésus nous devons noter ici que notre Seigneur n’enlève rien à la dignité de ces « pains-là ». Au contraire, il nous invite à leur donner leur juste valeur et leur juste place dans notre vie. Parce que comme nous le savons il est facile pour l’homme de tomber dans le piège d’aimer tellement ces « pains-là » jusqu’à oublier celui qui en est l’architecte silencieux et invisible ? (cf. Gaudium et spes, n. 36 du Concile Vatican II). «L’homme ne vit pas seulement de pain ! » et Saint Mathieu d’ajouter, «Mais de toute parole qui
sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). La parole qui sort de la bouche de Dieu, nous pouvons la trouver en synthèse dans la réponse que Jésus donna au docteur de la Loi qui lui demanda quel est le plus grand des commandements ? Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (Mt 22, 37-40). Voilà ce qui fait la plénitude du «pain». Autrement l’homme
échange malheureusement le Créateur avec la créature. Du coup les jours que nous passons à travailler pour gagner le « pain » deviennent finalement comme une ombre qui passe. Elle dure peu et nous nous envolons (cf. Ps 89) vers les chemins inconnus du Seigneur (cf. Ps 1).
Par conséquent, le Temps de Carême devient justement celui où nous pouvons chercher de vivre comme le psalmiste qui, prostré devant Dieu, lui dit : « Apprends-nous, Seigneur, la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse » (Ps 89,12). Alors à tous Bon Temps de Carême, et que notre Saint patron Saint Michel archange nous soutienne dans le combat contre le démon en pénétrant toujours plus la sagesse du cœur de Dieu.
Engagement du mois : Une heure d’adoration eucharistique mensuelle et une heure de visite à un malade ou une personne qui en a besoin dans notre entourage.
P. Medard Aboue, M.I Paroisse de St Camillus, Messine