20/11/2025
Va-t-en-guerre «Accepter de perdre nos enfants» : les propos du chef des armées font bondir au sein de la classe politique
Le plus haut gradé français, le général Fabien Mandon, a tenu mardi 18 novembre au Congrès des maires un discours guerrier et anxiogène face à la menace russe, suscitant la colère de plusieurs personnalités de LFI, du PCF et du RN mais le soutien de sa ministre Catherine Vautrin.
Au détour de son discours au Congrès des maires de France, le chef d’état-major des armées françaises, le général Fabien Mandon, leur a promis mardi 18 novembre du sang et des larmes. Le tableau qu’il a dépeint est sombre, notamment face à la menace russe. «On a tout le savoir, toute la force économique et démographique pour dissuader le régime de Moscou […]. Ce qu’il nous manque, et c’est là où vous avez un rôle majeur, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est», a lancé le plus haut gradé français devant le parterre d’édiles. Ambiance.
«Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque», a-t-il ajouté, avant de conclure : «Il faut en parler dans vos communes.»
Des déclarations qui ne sont pas passées inaperçues, que ce soit du côté de LFI, du PCF ou encore du RN. «Un chef d’état-major des armées ne devrait pas dire ça», a réagi le groupe parlementaire de LFI dans un communiqué. «Ces déclarations interviennent après d’autres prises de position expliquant que la France devait se tenir prête à un possible affrontement avec la Russie d’ici quatre ou cinq ans. En répétant publiquement ces scénarios de guerre et en les dramatisant jusqu’à évoquer la perte d’enfants, le CEMA outrepasse son rôle. De tels propos ne relèvent en aucun cas de sa fonction.»
«C’est NON !»
«Je veux exprimer un désaccord total avec le discours du chef d’état-major des armées. Ce n’est pas à lui d’aller inviter les maires ni qui que ce soit à des préparations guerrières décidées par personne», a renchéri sur X Jean-Luc Mélenchon. Le leader insoumis a également reproché au chef d’état-major des armées français de «prévoir des sacrifices qui seraient la conséquence de nos échecs diplomatiques sur lesquels son avis public n’a pas été demandé».
Même constat pour le patron du Parti communiste français, Fabien Roussel, au positionnement proche de celui de LFI sur le dossier russo-ukrainien. «C’est NON ! 51 000 monuments aux morts dans nos communes ce n’est pas assez ? Oui à la défense nationale mais non aux discours va-t-en-guerre insupportables !» a-t-il tonné sur X.
Tonalité similaire à l’autre bout du champ politique, où le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, a estimé sur LCI que le général Fabien Mandon n’avait pas «la légitimité» pour tenir ces propos et a dénoncé «une faute» de sa part, «ou alors le président de la République lui a demandé de le faire et c’est encore plus énorme».
«Pleinement légitime»
Mais le chef d’état-major a trouvé un soutien chez la ministre des Armées Catherine Vautrin. Dénonçant les réactions des responsables politiques d’opposition, elle a affirmé sur X que «ses propos, sortis de leur contexte à des fins politiciennes, relèvent du langage militaire d’un chef qui, chaque jour, sait que de jeunes soldats risquent leur vie pour la Nation». Le déclarant ainsi pour sa part «pleinement légitime à s’exprimer sur les menaces».
Pour la ministre des Armées, il est même «important que les maires soient sensibilisés au contexte actuel», rappelant chacun à leur «responsabilité» : «éviter tout affrontement mais nous y préparer, et consolider l’esprit de défense, cette force morale collective sans laquelle aucune nation ne pourrait tenir dans l’épreuve».