23/11/2025
HOMMAGE À DADOU PASQUET
Il existe des artistes qui ne traversent pas seulement le temps : ils le façonnent. Dadou Pasquet fait partie de ces voix incontournables qui ont donné à la musique haïtienne ses couleurs, sa force, son identité. Depuis plus de cinquante ans, son nom résonne comme un repère, un souffle, une fidélité à la culture qui l’a vu naître.
Dès ses premiers pas, Dadou Pasquet s’impose comme un enfant du kompa. Chez lui, la guitare n’est pas un instrument : c’est une langue maternelle. Sa sensibilité, son talent instinctif et son élégance naturelle ont fait de lui l’un des artisans les plus respectés de la scène haïtienne.
À une époque où le kompa était un cri, une affirmation, un espace vital, il a su porter cette musique avec humilité et grandeur.
Ses chansons emblématiques — “New York City”, “Ou Pi La”, “Libète”, “Pakapala” — sont devenues des repères affectifs dans la mémoire collective. Elles racontent nos luttes, nos voyages, nos espoirs. Son art transcende les frontières linguistiques : français, anglais, créole… il les entremêle avec une intensité qui lui est propre.
Dadou Pasquet est un créateur libre. Parfois musicien solitaire, parfois chef de groupe, toujours le cœur battant d’une ambiance chaleureuse et authentique. Son style se reconnaît immédiatement :
une guitare claire, des arrangements soignés, une voix posée avec justesse et émotion. Il ne se contente pas de suivre l’évolution musicale : il y imprime sa marque.
Sur scène, il transforme chaque prestation en moment de communion. Il unit la diaspora et la terre natale, l’intime et le festif, la mélancolie et la joie. Son jeu porte en lui les traces de l’exil et les échos de la résistance, la mémoire des anciens et la dignité d’un peuple en marche.
Dans un Haïti souvent meurtri mais toujours debout, Dadou Pasquet apparaît comme un phare.
Il rappelle que la musique n’est pas seulement un refuge, mais aussi une force qui éclaire, qui rassemble et qui guérit.
À travers son parcours, il prouve qu’une voix peut rester libre malgré les défaites du monde, qu’une guitare peut porter plus qu’une mélodie : elle peut porter une vérité.
Nous lui disons merci.
Merci pour la constance, pour l’engagement, pour la lumière.
Merci pour ces décennies où son art a accompagné nos vies, nos voyages, nos combats.
Merci d’avoir gardé vivante la flamme de la musique haïtienne, cette flamme qui éclaire nos racines autant qu’elle guide les générations futures.