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AMOUR OU ATTACHEMENT TOXIQUE ?Quand aimer, c’est commencer à s’oublierSophie, 38 ans, regarde les séances de cinéma sur ...
01/12/2025

AMOUR OU ATTACHEMENT TOXIQUE ?

Quand aimer, c’est commencer à s’oublier

Sophie, 38 ans, regarde les séances de cinéma sur son téléphone. Elle aimerait proposer une sortie à Rodrigue… mais elle sait déjà qu’il déteste ça. Avec son planning imprévisible, ce sera encore impossible. Alors elle renonce. Comme souvent.
Elle préfère être disponible, au cas où il aurait un moment. Elle l’attend. Elle s’inquiète. Elle espère. Elle s’oublie.
Sophie “donne tout”. Et tant p*s si elle souffre : mieux vaut patienter que risquer de perdre.
Mais est-ce encore de l’amour quand on se sent vivre à moitié ?

L’amour doit-il faire mal ?
Dans la littérature, les films et les chansons, la passion dévorante est reine.
Si l’amour n’est pas intense, fusionnel, “fou”… est-il encore de l’amour ?
Nous avons grandi avec des métaphores spectaculaires :
“tomber amoureux”, “mourir d’amour”, “brûler de désir”, “être submergé d’émotion”…
L’amour y ressemble à une tempête qui emporte tout sur son passage. Et l’être aimé devient alors le centre de gravité de notre vie.
Benjamin, 29 ans, vit exactement cela avec Émilie. Quand elle s’absente :
Il dort mal, mange peu, vérifie sans cesse son téléphone, redoute qu’elle s’éloigne, qu’elle l’oublie.
Son humeur dépend de ses messages. Sa vie intérieure aussi.
Ce qu’il ressent est intense.
Mais est-ce de l’amour… ou une forme d’attachement anxieux ?

L’amour est-il une drogue comme les autres ?
Quand on parle de “dépendance”, on pense spontanément aux drogues, à l’alcool, aux jeux, au sport, aux écrans… et désormais à l’amour.
Mais faut-il vraiment mettre l’amour dans la même catégorie qu’une addiction ?
Pas tout à fait.
Cependant, l’amour active effectivement les mêmes circuits cérébraux que certaines substances addictives :
circuit de la récompense, anticipation du plaisir, recherche compulsive, malaise du manque.
On peut donc ressentir une forme de manque émotionnel ou physique en l’absence de l’être aimé.
La dépendance amoureuse n’est pas une question de quantité d’amour…
mais de perte de liberté intérieure.
On commence à vivre en fonction de l’autre :
• ses horaires,
• ses humeurs,
• ses désirs,
• ses silences.
Et l’on finit par n’exister qu’à travers lui.

La chimie de l’amour (version moderne)
L’état amoureux n’est pas qu’un phénomène psychologique : c’est aussi une véritable tempête biologique.
• Dopamine
Hormone du désir, de la motivation et de la récompense.
Elle donne l’euphorie, l’énergie, la focalisation excessive sur l’autre.
• Noradrénaline
Responsable de l’excitation et de l’hypervigilance : cœur qui bat, pensées incessantes, impatience, nervosité.
• Phényléthylamine (PEA)
Substance naturellement produite qui agit comme un stimulant :
diminution du sommeil, perte d’appétit, sentiment de toute-puissance affective.
En bref : l’amour naissant ressemble neurologiquement à un état de “shoot”.
On plane. On idéalise. On veut recommencer.
Puis, avec le temps, d’autres molécules prennent le relais :
• Ocytocine
Hormone du lien, de la tendresse, de la sécurité affective.
• Endorphines
Produites lors des moments intimes, du plaisir et de la détente.
On passe alors de la passion brûlante… à l’attachement profond.
De l’ivresse à la présence.

Accro à l’amour… ou à quelque chose d’autre ?
Benjamin désire Émilie plus que tout. Il ne voit plus personne d’autre.
Il se sent dépendant… mais ne sait pas de quoi exactement :
du sexe ?
de la tendresse ?
de la reconnaissance ?
de la peur d’être quitté ?
Souvent, la dépendance amoureuse n’est pas une addiction à l’autre…
mais une tentative inconsciente de réparer quelque chose en soi.
Ce que l’on appelle “amour excessif” est parfois :
• une terreur de la solitude,
• un besoin irrépressible de réassurance,
• une quête de valeur personnelle à travers le regard de l’autre.

Quand l’amour sert à calmer nos peurs
Rodrigue part une semaine en formation.
Sophie ne dort plus. Elle imagine les pires scénarios. Elle attend ses appels comme une bouée.
L’amour devient alors un calmant émotionnel :
un anxiolytique affectif.
On attend de l’autre :
• qu’il rassure nos blessures anciennes,
• qu’il colmate nos insécurités,
• qu’il nous donne une identité.
Mais aucun amour ne peut porter ce poids indéfiniment.
La relation se déséquilibre.
L’un respire à peine.
L’autre étouffe.

Sommes-nous programmés pour la dépendance ?
Nos premières relations affectives — avec nos parents, nos éducateurs — laissent une empreinte durable.
La psychologie moderne parle de styles d’attachement :
• sécurisant,
• anxieux,
• évitant,
• désorganisé.
Ce que nous avons appris enfants :
• à demander de l’amour,
• à le mériter,
• à le craindre,
• à le refuser…
…nous le rejouons souvent en couple.
La dépendance amoureuse n’est pas un défaut moral.
C’est souvent une fragilité affective non reconnue.

Peut-on aimer sans se perdre ?
Oui. Mais cela s’apprend.
Aimer sans dépendre, c’est :
• rester soi en étant deux,
• désirer sans s’effacer,
• s’attacher sans se dissoudre.
La dépendance commence là où l’autonomie émotionnelle s’arrête.
Un couple ne guérit pas une enfance.
Il révèle ses cicatrices.
Quand l’amour devient souffrance permanente, peur constante ou abandon de soi…
il est temps de demander de l’aide.
Non pas pour aimer moins.
Mais pour aimer mieux.

L’amour n’est pas une maladie
Il engage le corps, le cerveau, l’histoire personnelle, l’inconscient, les émotions.
Il fait parfois trébucher… mais il n’est pas une pathologie.
Il devient dangereux seulement quand on le confond avec :
• la peur de perdre,
• la peur de manquer,
• la peur de ne pas être aimé.
Aimer, ce n’est pas s’accrocher.
C’est rencontrer l’autre… sans se quitter soi-même.

Dr Patrice Cudicio, Mme Jasmine Saunier sexologue, hypnothérapeute, Paris

27/11/2025
B**M : UNE SEXUALITÉ FONDÉE SUR LE JEU, L'ACCORD MUTUEL ET LA CONFIANCEComprendre le désir, le parcours et les transform...
27/11/2025

B**M : UNE SEXUALITÉ FONDÉE SUR LE JEU, L'ACCORD MUTUEL ET LA CONFIANCE

Comprendre le désir, le parcours et les transformations.
Basé sur cinq ans d’enquête ethnographique en Suède (observations, entretiens, participation à des événements), cet article explore comment les personnes pratiquant le B**M (Discipline/Dominance et Soumission/Sadisme et Masochisme) donnent sens à leurs expériences et construisent leur identité. Plutôt que de considérer le B**M comme une pathologie ou un simple « goût sexuel », la recherche adopte une perspective inspirée par le philosophe Gilles Deleuze : le B**M est vu comme un processus de devenir, un chemin où désir, imagination, souvenirs et relations permettent à chacun de se découvrir et de se transformer.
L’étude repose sur 29 entretiens approfondis et montre que le B**M est vécu comme une pratique consentie, ritualisée et communautaire, où la sécurité et le cadre jouent un rôle central.

Un changement de regard : du pathologique au compréhensible
Pendant longtemps, le B**M a été associé à la maladie mentale ou à un passé traumatique. Les recherches contemporaines montrent pourtant clairement que :
• il n’existe pas de lien automatique entre B**M et traumatismes ;
• les pratiquants B**M ne présentent pas plus de troubles psychologiques que la population générale ;
• pour beaucoup, le B**M est une activité relationnelle, ludique ou existentielle, et parfois source de bien-être psychologique.

Comment découvre-t-on le B**M ?
La quasi-totalité des personnes interrogées évoquent un moment fondateur : un fantasme d’enfance, un jeu de rôle, une fiction, un film, un conte, ou un souvenir physique marquant.
Mais il est également possible que le souvenir ne soit qu’une reconstruction permettant de justifier son attirance pour le B**M, ces jeux de soumission et de domination.
Ces premiers élans ne sont pas perçus comme « sexuels » à l’époque, mais ils laissent une trace sensorielle ou émotionnelle :
être attaché, capturé, dominer un personnage…
Plus t**d, à l’adolescence ou à l’âge adulte, ces souvenirs prennent sens.
Internet, les clubs, les associations et les communautés en ligne (comme Darkside.se en Suède) jouent ensuite un rôle crucial : ils permettent d’identifier, de verbaliser et d’explorer ces désirs.

Du doute à l'acceptation : un processus de "devenir"
La construction d’une identité B**M est souvent décrite comme un parcours :
1. Sentir quelque chose de différent (désirs atypiques, curiosité).
2. Ne pas comprendre ou ressentir de la honte.
3. Découvrir qu’on n’est pas seul.
4. Rencontrer d’autres personnes et comprendre les codes du consentement.
5. Se constituer comme "pratiquant" en expérimentant, en apprenant, en se mettant en relation.
6. Construire son identité, ou ne pas en avoir besoin (certains disent : « ce n’est pas ce que je suis, mais ce que je fais »).
Ce processus n’a pas de fin : on évolue, on explore, on change.

La place du désir : un moteur créatif
L’approche deleuzienne du désir met en avant une idée simple :
le désir n’est pas un manque, mais une force qui relie, transforme et crée.
Dans cette perspective :
• le B**M n’est pas une compensation ;
• il n’est pas une réparation d’une blessure passée ;
• il est une manière d’explorer des possibles corporels, relationnels ou émotionnels.
• Il peut représenter un désir intense de fusionner (posséder ou se sentir posséder) à l’autre !
Chaque nouvelle connexion — une rencontre, un objet, une technique, un atelier — compte dans ce cheminement.

Le rôle de la communauté
Pour la plupart des pratiquants :
• la communauté B**M offre sécurité, reconnaissance et apprentissage ;
• elle fonctionne avec des codes stricts : consentement explicite, discussion, négociation, respect des limites ;
• elle permet de se sentir moins seul, moins jugé, parfois même « enfin chez soi ».
Cette dimension collective est essentielle : elle structure, encadre et protège les pratiques.

Le langage, les émotions et la difficulté de dire
Beaucoup expliquent que le B**M génère des sensations difficiles à décrire.
Ils empruntent parfois des métaphores issues d’autres domaines : dépendance, spiritualité, sport de combat, rituel, art, méditation, subspace.
Ce recours aux métaphores ne signifie pas qu’il s’agit d’une addiction ou d’un rite religieux, mais qu’il manque parfois de mots pour dire l’intensité corporelle et émotionnelle vécue.

B**M : orientation, pratique ou style de vie ?
Les pratiquants eux-mêmes débattent de cette question.
• Pour certains, le B**M est une orientation : « j’ai toujours su », « c’est en moi ».
• Pour d’autres, c’est une pratique que l’on fait, non une identité.
• Pour d’autres encore, c’est un style de vie, une manière de concevoir la relation, l’intimité, parfois même la spiritualité.
L’étude montre qu’on ne peut pas réduire le B**M à une seule définition.

Ce qu’il faut retenir
✔ Le B**M n’est pas une pathologie.
✔ Les parcours sont variés, mais souvent marqués par un long chemin d’acceptation.
✔ Le désir s’y exprime comme une force créative, pas comme un manque.
✔ Le consentement et la communication y sont centraux.
✔ La communauté joue un rôle sécurisant et structurant.
✔ Le B**M est un processus, non une étiquette fixe.

Dr Patrice Cudicio, Mme Jasmine Saunier sexologue, hypnothérapeute
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LE CRUSH QUI NE MÈNE À RIEN: L'ATTIRANCE ESTHÉTIQUE EXPLIQUÉEQu’est-ce que l’attirance esthétique ?Comprendre les nuance...
25/11/2025

LE CRUSH QUI NE MÈNE À RIEN: L'ATTIRANCE ESTHÉTIQUE EXPLIQUÉE

Qu’est-ce que l’attirance esthétique ?

Comprendre les nuances de l’attraction
Quand on parle « d’attirance », on pense souvent immédiatement à l’amour ou au désir sexuel. Pourtant, l’être humain ressent de nombreuses formes d’attraction qui n’impliquent ni romance ni sexualité.
Parmi elles, l’attirance esthétique occupe une place particulière : elle permet d’apprécier la beauté d’une personne… sans vouloir aller plus loin.
Dans cet article, découvrons ce qu’est exactement l’attirance esthétique, comment elle se distingue des autres formes d’attraction et pourquoi ce concept est aujourd’hui de plus en plus reconnu.

Qu’est-ce que l’attirance esthétique ?
L’attirance esthétique désigne le fait d’être captivé(e) ou touché(e) par la beauté physique d’une personne sans désirer de contact sexuel, romantique ou physique avec elle.
Autrement dit, vous voyez quelqu’un et vous pensez :
« Wow, elle/il est magnifique »,
mais sans aucune envie de la/le toucher, d’être en couple ou de partager une intimité.
Cette attirance peut concerner :
• le visage ou le corps
• un style vestimentaire
• une coiffure
• des tatouages, piercings ou accessoires
• une manière de bouger ou de se tenir
• un charme visuel difficile à définir
Bref : une pure appréciation de la beauté, exactement comme on admire un tableau, un paysage ou un film.

Les différents types d’attraction
L’attirance esthétique n’est qu’une facette parmi d’autres. Voici les principales formes d’attraction reconnues aujourd’hui :
• Attirance romantique
Désir d’un lien affectif profond, de partager son quotidien, de construire une relation intime.
• Attirance sexuelle
Envie d’avoir des relations sexuelles avec quelqu’un, accompagnée ou non d’une excitation physique.
• Attirance physique
Envie d’être proche ou en contact avec quelqu’un (câlins, proximité, toucher non sexuel).
• Attirance sensuelle
Attirance liée aux sens, souvent au toucher, mais aussi à la voix, à une odeur ou à une présence.
• Attirance intellectuelle
Appréciation des idées, de l’intelligence, des opinions ou de l’humour d’une personne.
• Attraction tertiaire
Expression utilisée dans les communautés aromantiques et asexuelles pour désigner toutes les formes d’attirance qui ne sont ni sexuelles ni romantiques.

Attirance esthétique vs attirance sexuelle
La confusion entre les deux est fréquente. Voici la différence clé :
• Attirance esthétique :
on trouve quelqu’un beau → sans envie sexuelle.
• Attirance sexuelle :
on souhaite avoir une interaction sexuelle → peu importe que la personne corresponde ou non à des critères esthétiques.
Certaines personnes ne ressentent même d’attirance sexuelle qu’après une connexion émotionnelle, et pas nécessairement en fonction de l’apparence.

Attirance esthétique vs attirance physique
L’attirance physique implique une envie de proximité ou de contact (câlin, main dans la main…).
On peut donc :
• être esthétiquement attiré sans aucun désir de toucher
• être physiquement attiré sans que la personne corresponde à nos goûts esthétiques
Les deux formes ne se mélangent pas toujours.

Signes que vous éprouvez une attirance esthétique
Vous pourriez être esthétiquement attiré(e) par quelqu’un si…
1. Leur présence vous enthousiasme
Vous ressentez une énergie positive, une sorte de « waouh intérieur », simplement en les voyant.
2. Vous admirez certains détails
Un sourire, des yeux, une manière de marcher, une coiffure…
Votre attention est absorbée par des caractéristiques visuelles précises.
3. Vous regardez souvent leurs photos ou vidéos
Non pas par désir, mais par plaisir esthétique. Un peu comme on regarde souvent une œuvre qui nous touche.
4. Vous aimez être dans leur champ visuel
Vous cherchez des occasions d’être dans le même espace, pas pour interagir… juste pour les regarder.
5. Ils vous inspirent
Vous avez envie de dessiner leur visage, d’écrire, ou même de changer votre style.
6. Votre corps ne réagit pas sexuellement
Il n’y a pas d’excitation physique. Tout se passe dans la tête, dans l’œil, dans l’admiration.

L’attirance esthétique et l’asexualité
Le concept d’attirance esthétique a été largement développé dans les communautés asexuelles (as), afin de décrire une forme d’attirance sans sexualité.
Certaines personnes utilisent des termes spécifiques :
• panesthétique : attirance esthétique envers tous les genres
• biesthétique : attirance esthétique envers plus d’un genre
Ces mots permettent de préciser ce que l’on ressent, sans confondre esthétique et sexualité.

À retenir
Nous ne ressentons pas tous l’attirance de la même manière. L’être humain peut être touché par l’intelligence, la douceur, la sensualité, l’humour… ou simplement par la beauté visuelle de quelqu’un.
La prochaine fois que vous serez captivé(e) par une personne, demandez-vous :
« Est-ce que je veux quelque chose avec elle/avec lui… ou est-ce que j’aime simplement la regarder ? »
Si c’est la seconde option, alors vous venez d’expérimenter l’attirance esthétique — un phénomène parfaitement naturel, sensible et, au fond, très humain.

Dr Patrice Cudicio, Mme Jasmine Saunier, sexologue, hypnothérapeute

LA SEXUALITÉ FÉMININE: BIEN PLUS QU'UNE HISTOIRE D'ORGASMEPendant longtemps, la sexualité féminine a été décrite avec de...
24/11/2025

LA SEXUALITÉ FÉMININE: BIEN PLUS QU'UNE HISTOIRE D'ORGASME

Pendant longtemps, la sexualité féminine a été décrite avec des modèles construits surtout à partir de l’expérience masculine : désir → excitation → pénétration → orgasme → résolution. Pratique pour les manuels, mais très réducteur pour la réalité des femmes.

Les recherches récentes – et l’expérience de nombreux sexologues et thérapeutes corporels – dessinent aujourd’hui un tableau beaucoup plus riche : la sexualité féminine est multidimensionnelle, elle engage le corps tout entier, les émotions, l’histoire personnelle, la relation au partenaire, et parfois même une forme de spiritualité ou de “transcendance”.
Des modèles dépassés… et de nouvelles façons de voir
Le modèle linéaire de Masters & Johnson, élaboré dans les années 1960, reste encore la base de nombreuses classifications médicales des troubles sexuels (DSM, CIM). Il s’intéresse surtout à la “fonction” : est-ce que le désir, la lubrification, l’orgasme sont présents ou non, à temps, “comme il faut”.

Or, on sait aujourd’hui que la sexualité féminine ne suit pas toujours ce schéma. Le désir peut venir avant, pendant, ou après l’excitation ; il peut être déclenché par l’intimité, la tendresse, un sentiment de sécurité, un contexte émotionnel propice. Des modèles plus récents, comme le modèle circulaire proposé par Rosemary Basson, insistent justement sur cette dimension d’intimité, de motivation et de satisfaction globale, plus que sur la seule “performance”.

Malgré cela, la plupart des critères diagnostiques restent centrés sur la génitalité et la performance orgasmique, en accordant peu de place aux émotions, à la relation, à la construction du plaisir dans le temps.

Plusieurs orgasmes… et plusieurs chemins pour y parvenir
Une étude qualitative récente (2020, Université de Zurich, K. Weitkamp) menée auprès d’experts de la sexualité féminine met en lumière la pluralité des orgasmes et des expériences sexuelles possibles.

Les travaux du neuroscientifique Barry Komisaruk ont montré, grâce à l’imagerie cérébrale (PET-scan, IRM fonctionnelle), que les orgasmes peuvent être déclenchés par plusieurs zones :
• Stimulation clitoridienne
• Stimulation vaginale
• Stimulation cervicale (col de l’utérus)
• Et, chez certaines femmes, par la stimulation des mamelons, de la gorge, de l’anus… ou même par la seule imagerie mentale, sans contact physique.
Chaque type de stimulation active des zones légèrement différentes du cortex somatosensoriel, via différents nerfs (pudendal, pelvien, hypogastrique, vague). Lorsque plusieurs de ces zones sont stimulées en même temps (par exemple cl****is, vagin/col et mamelons), de nombreuses femmes décrivent des orgasmes plus intenses, plus globaux, plus complexes que ceux obtenus par une seule stimulation localisée.

On peut, de façon simple, distinguer deux grandes familles d’orgasmes :
• Les orgasmes “externes”
o Déclenchés principalement par une stimulation mécanique locale (souvent clitoridienne).
o Rapides, souvent perçus comme intenses mais courts, très centrés sur une zone précise.
• Les orgasmes “internes”
o Nécessitent généralement plus de temps, de variété de stimulations, et un état de détente et de réceptivité.
o Peuvent naître de la stimulation du vagin (point G), du col de l’utérus, voire de la combinaison avec les seins et d’autres zones.
o Sont décrits comme plus diffus, plus profonds, avec une énergie qui “se répand dans tout le corps”.
o Ce sont eux qui s’accompagnent parfois d’éjaculation féminine.

Certaines femmes décrivent, lors d’orgasmes cervicaux profonds, de véritables états modifiés de conscience : impression de “dissolution”, de fusion, de connexion à “plus grand que soi”, ce que certaines traditions qualifient d’extase.
Le cerveau, le col de l’utérus… et surtout la manière d’être touchée.

Les neurosciences confirment que le col de l’utérus est une zone très particulière, innervée par plusieurs nerfs dont le nerf vague, qui relie aussi le cœur, le système digestif et participe à la régulation des émotions. Cela pourrait expliquer en partie pourquoi certaines stimulations profondes peuvent modifier l’état de conscience, la perception du corps et l’humeur.
Mais il serait réducteur de croire que c’est “le col de l’utérus, tout seul, qui fait l’extase”. Ce que montrent les témoignages cliniques, c’est que :
• L’extase sexuelle ne naît pas d’un point anatomique magique,
• Mais d’un ensemble de conditions : sécurité, confiance, lenteur, qualité du toucher, respiration, abandon progressif, permission d’exprimer ses émotions (plaisir, tristesse, colère, larmes…).
Autrement dit : le même geste ne produira pas du tout la même chose chez une femme qui se sent en confiance, présente à elle-même, écoutée et respectée… ou chez une femme qui a peur, qui se force, ou qui cherche seulement à “performer”.

Apprendre sa sexualité : un processus tout au long de la vie
Les experts interrogés insistent sur un point souvent sous-estimé : une sexualité épanouie s’apprend.
• Le sexe féminin est en grande partie interne, protégé. Pour en sentir toutes les subtilités, il faut du temps, de la curiosité, de l’exploration.
• Beaucoup de femmes ne connaissent pas bien leur anatomie (cl****is complet, vagin, col, zones érogènes internes) ni leurs propres réactions.
• Sans exploration personnelle, il est difficile de guider un partenaire ou de savoir ce qui est agréable ou non.
Les thérapeutes parlent de “habiter son corps” : se familiariser avec ses sensations, reconnaître ce qui est agréable, ce qui ne l’est pas, distinguer la douleur de l’intensité, repérer ses limites. Cette exploration peut se faire seule (ma********on, auto-massage) et avec un partenaire de confiance, dans une logique de jeu, de curiosité, sans objectif de performance.
Petit à petit, cela :
• construit une “carte” cérébrale de ses organes génitaux,
• renforce les voies du plaisir,
• augmente la confiance en soi sexuelle.
Le rôle central des émotions et du lien
La plupart des femmes interrogées dans ces travaux – et de nombreux cliniciens – décrivent la sexualité féminine comme profondément émotionnelle :
• La qualité de la relation (se sentir respectée, choisie, écoutée)
• La capacité à exprimer ses émotions (y compris les larmes pendant ou après l’amour)
• La sensation de sécurité et de confiance
sont des ingrédients majeurs d’une sexualité vraiment nourrissante.

Une sexualité uniquement mécanique, même avec orgasme, peut laisser un sentiment de vide, voire de tristesse. À l’inverse, une sexualité où l’on se sent pleinement présente, touchée émotionnellement, reliée à l’autre, peut être très satisfaisante… même sans orgasme au sens classique du terme.

Du “pic” à la “vallée” : une autre façon de concevoir le plaisir
Beaucoup d’approches traditionnelles ou tantriques distinguent :
• Une sexualité “de pic” : centrée sur la montée rapide de l’excitation jusqu’à l’orgasme, puis la chute.
• Une sexualité “de vallée” : plus lente, plus étalée, où l’on reste longtemps dans un état d’excitation douce, de plaisir continu, sans forcément chercher un point culminant.
Dans ce “sexe de vallée” :
• le système nerveux reste plutôt en mode détente (parasympathique),
• le plaisir se vit sous forme de vagues, qui montent et redescendent,
• l’état orgasmique peut durer plus longtemps, avec une sensation de plénitude, de paix, de connexion à soi et à l’autre.
Ce type de vécu demanderait :
• du temps (souvent au moins 30–40 minutes de temps sexuel de qualité),
• un partenaire capable de ne pas mettre la pression sur le “résultat”,
• une bonne communication sur les envies, les limites, les rythmes.

Une sexualité qui déborde la chambre à coucher
Vécue de façon pleine et respectée, la sexualité féminine ne se limite pas aux rapports sexuels. Elle influence :
• la vitalité,
• la créativité,
• l’estime de soi,
• la qualité des relations,
• le sentiment général de joie de vivre.

À l’inverse, une sexualité réprimée, honteuse ou douloureuse peut altérer toute la vie : fatigue, perte de désir, difficultés relationnelles, sentiment de dévalorisation.
C’est pourquoi plusieurs auteurs et organismes, dont l’Organisation mondiale de la santé, rappellent que la santé sexuelle fait partie intégrante de la santé globale.
En pratique : vers une vision plus holistique
Les principaux messages qui se dégagent des recherches récentes et des expériences de terrain sont les suivants :
• La sexualité féminine est multiple : il n’existe pas “un bon” type d’orgasme ou “une seule bonne façon” de fonctionner.
• Les modèles purement mécaniques ou linéaires (désir → excitation → orgasme) sont insuffisants pour comprendre et accompagner les femmes.
• Une vision plus holistique, qui intègre corps, émotions, relation, histoire personnelle et parfois spiritualité, est nécessaire, autant pour la recherche que pour la clinique.
• La notion même de “dysfonction sexuelle” doit être maniée avec prudence : une part importante de ce qui est vécu comme trouble pourrait être une réaction à une sexualité triste, normée, centrée sur la performance, plutôt qu’un déficit de la femme.
Cela plaide pour :
• une éducation sexuelle plus riche à l’école, qui parle aussi de plaisir, de consentement, de respect, de diversité des vécus ;
• une formation des médecins et thérapeutes à ces dimensions globales de la sexualité féminine ;
• une invitation, pour chaque femme, à explorer à son rythme sa propre manière de désirer, de sentir et d’aimer, en se libérant des comparaisons et des scripts imposés.
En résumé, la sexualité féminine ne se réduit ni au cl****is, ni au col de l’utérus, ni à l’orgasme. C’est une énergie de vie, un langage du corps et du cœur, qui traverse et colore toute l’existence.

Dr Patrice Cudicio, Mmme Jasmine Saunier sexologue, hypnothérapeute

LA PÉDOPHILIE: CONNAÎTRE, PRÉVENIR, PROTÉGERLa pédophilie désigne une attirance sexuelle persistante pour les enfants pr...
22/11/2025

LA PÉDOPHILIE: CONNAÎTRE, PRÉVENIR, PROTÉGER

La pédophilie désigne une attirance sexuelle persistante pour les enfants prépubères, c’est-à-dire avant l’âge de 11 ans environ. Certaines personnes sont attirées par les filles, d’autres par les garçons, d’autres encore par les deux. Les femmes pédophiles existent mais restent extrêmement rares.
Comprendre la pédophilie ne revient surtout pas à l’excuser. Mais cela permettrait de mieux prévenir les violences et de protéger les enfants.

À ne pas confondre : pédophilie, abus sexuels, adolescents et inceste
Il est important de distinguer plusieurs réalités souvent confondues dans le langage courant :
• La pédophilie
Une attirance sexuelle exclusive ou majoritaire pour les enfants prépubères.
• L’abus sexuel sur mineur
Un acte criminel qui peut être commis :
• par des personnes pédophiles,
• mais aussi par des agresseurs non pédophiles qui utilisent un enfant comme objet de pouvoir, de colère ou d’opportunité.
• Les relations impliquant des adolescents pubères
Elles ne relèvent pas de la pédophilie, même si elles sont interdites par la loi et posent des problèmes psychologiques et éthiques importants.
• L’inceste
L’inceste désigne les violences ou relations sexuelles commises dans le cadre familial : parent–enfant, beau-parent–enfant, fratrie, oncle ou tante, etc.
Il est toujours interdit car l’enfant est en position de dépendance affective et matérielle.
Il est essentiel de rappeler que :
• Tous les auteurs d’inceste ne sont pas pédophiles. Beaucoup sont attirés par des adultes, mais agissent dans un contexte d’emprise, de domination ou de dérèglement relationnel.
• Certains pédophiles sont incestueux, lorsqu’un enfant de la famille correspond à leur attirance.
• L’inceste repose souvent sur l’abus de pouvoir, la proximité et le silence familial, plus que sur une attirance sexuelle spécifique pour les enfants.
Les conséquences psychologiques de l’inceste sont particulièrement profondes et dramatiques, car il détruit des repères affectifs essentiels et empêche souvent la révélation.

Comment le DSM-5 définit-il la pédophilie ?
Le DSM-5 (référence en psychiatrie) parle de trouble pédophilique lorsque :
• l’attirance envers les enfants dure au moins 6 mois ;
• elle provoque une détresse importante, ou la personne est passée à l’acte ;
• la personne a au moins 16 ans et au moins 5 ans de plus que l’enfant.
Le DSM précise également si l’attirance concerne :
• les garçons,
• les filles,
• ou les deux,
et si elle est exclusive ou non exclusive.

Pourquoi certains passent à l’acte… et d’autres jamais ?
Toutes les personnes ayant une attirance pour les enfants ne deviennent pas des agresseurs. Les recherches montrent que plusieurs facteurs augmentent ou réduisent le risque de passage à l’acte.
Facteurs de risque
• Isolement affectif ou social
• Difficulté à établir des relations adultes
• Stress, dépression, addictions
• Pensées justifiant l’acte (« L’enfant est consentant », « Je le protège », etc.)
• Impulsivité, immaturité affective
Facteurs de protection
• Avoir accès à une aide psychologique
• Pouvoir parler de ses difficultés avant d’agir
• Comprendre les impacts réels sur l’enfant
• Un environnement social soutenant
• Des stratégies concrètes pour éviter les situations à risque

Différents profils d’agresseurs d’enfants
Les spécialistes distinguent généralement deux grandes formes :
1. Les agressions sans violence (séduction, manipulation)
L’agresseur utilise la séduction, la manipulation, les cadeaux, ou une fausse relation affective.
Ce type de comportement est fréquent chez :
• les pédophiles « fixés » (attirance exclusive),
• certains pédophiles « régressifs » (qui se tournent vers les enfants en période de crise personnelle).
2. Les agressions violentes
La violence physique, les menaces ou l’intimidation sont utilisées pour obtenir un acte sexuel.
Ces agressions sont souvent motivées par :
• la colère,
• la volonté de domination,
• parfois le sadisme.
Les modèles contemporains tiennent compte :
• du niveau de violence (physique, psychologique),
• des habiletés sociales,
• de l’intention (pouvoir, colère, sexualité),
• des dynamiques familiales en cas d’inceste,
• et de la personnalité globale de l’auteur.

Prévenir le passage à l’acte : ce que la recherche recommande
La prévention est essentielle et repose sur plusieurs leviers efficaces.

1. Accès à une aide spécialisée et confidentielle
Certaines personnes ressentent une attirance pour les enfants sans vouloir leur faire de mal. Elles craignent d’en parler.
Des programmes spécialisés (comme le Prevention Project Dunkelfeld en Allemagne) montrent qu’un accompagnement permet :
• de réduire le risque de passage à l’acte,
• de renforcer l’autocontrôle,
• de comprendre les dangers réels pour l’enfant,
• d’apprendre à gérer ses émotions et ses pulsions.

2. Éviter les situations à risque
Les personnes concernées apprennent à :
• éviter les situations où elles seraient seules avec un enfant,
• identifier les signaux de danger (pensées intrusives, excitation inappropriée),
• se retirer immédiatement d’un contexte ambigu,
• privilégier des activités avec des adultes.

3. Travailler sur les pensées déviantes
Les justifications du type :
• « L’enfant est d’accord »
• « Je l’aime »
• « Je ne fais que l’éduquer »
sont des facteurs majeurs de danger.
Le travail thérapeutique vise à les déconstruire, à renforcer l’empathie, et à développer le sens moral et la responsabilité.

4. Traiter les troubles associés
Dépression, anxiété, trauma, isolement ou addictions peuvent augmenter le risque.
Un suivi psychologique global est donc crucial.

5. Renforcer les liens sociaux et l’estime de soi
Un environnement sain, des amitiés, une vie quotidienne structurée et valorisante réduisent les passages à l’acte, surtout chez les personnes isolées.

Pourquoi la prévention est essentielle
Parce que la majorité des passages à l’acte pourraient être évités si :
• les personnes concernées pouvaient demander de l’aide sans peur,
• les institutions proposaient des programmes adaptés,
• et si la société distinguait mieux entre attirance, comportement et danger réel.
La prévention :
• protège les enfants,
• réduit la récidive,
• accompagne les personnes en souffrance,
• évite des actes irréparables.

Conclusion
La pédophilie est une réalité complexe, qui implique :
• une attirance sexuelle atypique,
• des dimensions psychologiques, familiales et sociales,
• des enjeux éthiques majeurs lorsqu’un enfant est impliqué.
Connaître ne signifie pas minimiser.
Connaître permet d’agir plus tôt, de protéger, de prévenir, et d’éviter que la souffrance ne se transforme en violence.

Dr Patrice Cudicio, Mme Jasmine Saunier, sexologue, hypnothérapeute

Adresse

Paris
75016

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