03/10/2025
Flash-back. Début octobre 1985. Alain Souchon sort son septième 33 tours, "C'est comme vous voulez", sur lequel Laurent Voulzy a composé cinq musiques, Louis Chedid deux et Michel Cœuriot (l’arrangeur du disque) une. Depuis dix ans, il le dit lui-même, Alain Souchon a la baraka. Les succès s’enchainent (« J’ai dix ans », « Bidon », « Allo maman bobo », « Y’a d’la rumba dans l’air », « Le Bagad de Lann-Bihoué », « Rame », « On avance »). Mais il doute que cela puisse durer encore. C’est un peu le thème de la chanson titre. Alors, pour que ça dure encore, Souchon, avec humour, se glisse dans la peau d’un chanteur opportuniste prêt à suivre toutes les modes, toutes les combines pour plaire au public : « Vous m’dites la samba c’est beau / J’vous ferai d’la samba ghetto / Vous me dites la biguine OK / Je ferai l’Antillais… »
Comme l’est la pochette, c’est un album plus sombre qu’à l’accoutumé, plus rock aussi, nappé d’ondes synthétiques, dans un monde inquiétant (USA versus URSS) où la crise, la peur rôdent. « Vous êtes lents » se navre Souchon pour clore ce LP, lents pour faire l’Europe, lents pour construire la paix, l'avenir. Avec « J’veux du cuir » (co-écrite avec David McNeil), Souchon, 40 ans, casse son image de « séducteur fadasse », de « rebelle en cachemire » comme il le dit lui-même. Surtout, il continue d’imposer son style, cette façon « souchonnante » de croquer nos vies, si poétique et moderne qu’il en a fait un langage. S'il faut redécouvrir ces deux merveilles méconnues dont il a signé les paroles et musiques que sont « Portbail » et « Pourquoi tu t’prépares », l’inoxydable tube de l’album s'intitule « Ballade de Jim », une pop song dépressive sur un chagrin d’amour portée par un clip du tonnerre, 3ème du hit-parade en juin 1986.
Avec "C'est comme vous voulez", sorti il y a quarante ans, Alain Souchon bluffait encore son monde. C’est dingue de se dire que ça ne faisait que commencer !